RAT GOTO TAREE «Droit a la dignité égale» KEITH SPICER. h] La radio et Ja télévision fran- ¢aises: a mari usque ad mare. Les Canadiens nveuvent main- tenant syntoniser la radio et la télévision francaises de Halifax a Vancouver. Ein novembre 1976, le Canada comptait 92 postes de télévision et 187 nostes de radio de langue francaise. i] Les modérés sortent de leurs placards: place au bon sens. Les modérés sont, par’ défini- tion, peu loquaces. Mais il leur arrive parfois d’ouvrir la bouche comme c’est le cas actuellement a Victoria, Vancouver, Calgary, Regina, Winnipeg. Toronto, Guelph, Windsor et. croyez-moi, Moncton. J.es hurlements de quelques fanatiques ont ébranlé beaucoup de monde. Il me sem- blerait souhaitable qu’un plus grand nombre de modérés ral- lient les troupes. Le Canada de demain, celui de nos enfants, ne devrait pas étre faconné par ces gens al’esprit étroit et parcimo- nieux qui manifestent générale- ment plus d’endurance que les autres. j] Intérét grandissant pour l’étu- de du francais. Au Canada anglais, des mil- liers de jeunes varents ont décidé d’accorder leur appui au _ développement de nos deux langues mondiales en inscrivant quelque 35,000 enfants a des programmes d’immersion fran- gaise. Au cours des six derniéres années, malgré une baisse de 22% des inscriptions aux cours “de francais dans les écoles secondaires du Canada anglais (c’est la faute a “loptionnite galopante”), les octrois fédéraux alliés 4 la co)laboration des provinces ont entrafné une aug- mentation des inscriptions aux -cours de francais de 26% au niveau primaire. A lYextérieur des grands cen- tres d'immersion comme Mont- réal et Ottawa oi le besoin est . beaucoup plus évident, les cito- yens de plusieurs autres villes (notamment Halifax. Toronto, Guelph, Winnipeg. Regina, Ed- ° monton, Calgary et Vancouver) ont lancé de telles expériences intéressant dans chaque cas des centaines d’éléves. Dans les seules écoles publiques de Calga- ry, l'inseription aux cours d’im- mersion francaise a grimpé de 55 _ enfants, il y a trois ans, a plus de 600 aujourd’hui et des centaines d’autres ont été vlacés sur des listes d’attente. Cette réaction est encourageante et démontre qu'un nombre grandissant de modérés anglophones désirent que leurs enfants bénéficient des . avantages dont ils ont eux-mé- mes été privés.~ compris celui d’apprendre une seconde langue mondiale de facon réaliste. k] On réclame plus de program- mes d’échange de jeunes. Les programmes fédéraux axés sur la jeunesse ont connu un trés vif suecés. Les demandes de participation A ces program- mes, tels ceux des Moniteurs de langue seconde et, des Bourses- cours d’été, ont largement dé- passé le nombre de places dispo- _nibles. _ i) Le programme des moni- _teurs, Fn 1975. et sans grande publicité, i] v eut. 2.800 deman- des pour 422 places. ii) Les bourses-cours d’été. Encore 1a, Jes sommes allouées n’ont pu satisfaire 4 la demande. Ainsi, au Quéhec. 8.000 dossiers ont été recus nour les 1,800 places offertes en 1974; et, dans une moindre proportion, il en a été de méme dans les autres provinces. ; III — Quelques autres réformes d’ordre pratique. a] La Fonction vublique 1. Une excellente facon de ~ démontrer par des faits concrets que la I.oi sur les langues officielles n’est pas un exercice de rhétoriaue serait de doubler ou de tripler Jes octrois actuels (3,1 millions) aux communautés francophones hors Québec. Ces communautés, poussées au bord d'un désespoir teinté de colére par les “‘fauSses vromesses” d’Ottawa, devraient étre per- cues comme une ressource im- portante pour le développement de la‘ “personnalité bilingue” du Canada et comme une preuve tangible de l’égalité linguistique qui est, somme toute, un objectif raisonnable. 2. La révision svstématique des postes hilingues qui s’effec- tue actuellement. doit viser a éliminer la “surenchére catégo- rielle”. Seuls les employés qui ont un réel besoin de l’autre langue officielle devraient €étre envoyés aux, écoles de langues. 3. Bien aw’il v ait, encore place pour. une formation linguistique dans le secteur fédéral (cette situation se prolongera sans doute pendant un _ certain temps), l’accent devrait étre mis sur un enseignement spécialisé, adapté aux hesoins de chaque emploi. Ceci implique qu'il fau- drait cesser d’enseigner le “fran- cais touristiaue” nour enseigner celui qui se parle couramment au bureau de poste ou au centre de main-d’oeuvre. 4. L’ordinateur vourrait aussi jouer un réJe imovortant en fournissant rapidement des vo- cabulaires et des lexiques spécia- lisés qui pourraient aider a rattacher l’enseignement des langues, encore indispensable, aux besoins précis de ceux qui s’en serviront dans leur-travail. 5. Ce serait peut-étre une -bonne idée de décentraliser les écoles de langues de la fonction publique et d’aider les ministeé- res a établir des centres d’ensei- gnement des Jangues adaptés a leurs besoins propres. 6. Il serait hon de supprimer | purement et simpvlement l’oné- reux non-sens que constituent les cours de maintien de l’aequis. Si le poste oceuné exige vérita- blement aw’on sache l'autre” langue, a auoi hon se creuser la -téte pour chercher des moyens d’empécher Jes connaissances acquises de se rouiller? Le milieu de travail devrait. s’en charger. — 7. Une campagne de publicité s’adressant aux fonctionnaires devrait étre mise sur pied. Avec un peu d’humour, elle leur donnerait des renseignements, sur la meilleure facon de partici- per a la réforme linguistique, plut6t aue de simpvlement la subir. Si on leur démontrait les _aspects pratiques de la réforme, les fonctionnaires avvrendraient peut-étre 4 comprendre que le bilinguisme, en dépit de son - “isme” ambigu et menacant, “ oe n’est pas un vice infame mais un atout précieux. b] Les jeunes Pour mieux servir, et l’admi- nistrant, et l’administré, il faut que |’Ftat délaisse vrogressive- ment, au cours des dix 4 quinze prochaines années. le champ de lenseignement des langues aux fonctionnaires. L’école, 4 mon sens, est le meiJleur reméde aux maux qui perdurent*au sein de la fonction publique. A tort, plusieurs personnes ont cru et crojent. toujours que, dans mon dernier rapport an- nuel, j’ai préconisé l’abolition pure et simple de la formation linguistioue aux fonctionnaires et le transfert immédiat aux provinces des sommes récupé- rées pour au’elles soient redistri- buées dans les écoles. Les consé- quences d’un tel geste seraient de retarder Ja mise en oeuvre, nécessaire et urgente, de la réforme linguistique. Pour qu’il -n’y ait aucune équivoque, voici la teneur exacte de mes propos: “(...) nulle politique nationale ne saurait passer pour raisonna- ble (et raisonnée) qui ne tien- drait pas compte. et du devoir fait aux provinces d’instruire leurs citoyens en herbe, et de Yobligation incombant a Ottawa de servir les Canadiens dans la langue de leur choix. Ce qui signifie, en clair. qu’il va falloir, dans le cadre d'une collaboration fédérale-provinciale, déterminer Yimportance relative de ces res- ponsabilités comnlémentaires, les imbriouer et. leur donner un poids budgétaire. afin de pou- voir, dans les plus brefs délais et a un prix aui puisse passer aux yeux de la maiorité des Cana- diens pour un hon placement, réaliser la meiJJeure performan- ce globale possible. A l’évidence, pour donner Ja pleine mesure de sa justice immanente a un ryth- me acceptable par les Canadiens francais, la J.oi sur les langues officielles doit pouvoir s’appuyer sur tout l’arsenal “légitime” dont Vurgence de la situation et le fair-play exigent la mise en . “oeuvre. Fit done aussi sur des cours de langue a l’intention des fonctionnaires. Car nous ne pou- vons'quand méme pas froide- ment annoncer au contribuable francophone que. la Loi s’avé- rant d’application trop difficile par les temps qui-courent, “on” leur serait infiniment reconnais- ant .de bien vouloir repasser dans une vingtaine d’années, parce que alors. les écoles-qui-re- lévent-de-la-compétence - pro- vinciale ayant eu le loisir d’ap- prendre a maftriser l’art du miracle linguistique. il sera peut- étre possible A Air Canada et aux Postes de leur vendre (a eux ou a leurs descendants), qui un billet, qui un timbre, dans leur langue maternelle.”” . Par ailleurs, i] n’est pas moins vrai qu'on ne peut. demander aux Canadiens anglais d’attendre © vingt ans avant de leur donner des raisons tangibles d’espérer tirer profit de cette réforme égalitaire. Cependant, ceci n’est pas une excuse pour oublier le “long terme”. Nous avons préconisé, depuis des années et surtout dans notre dernier rapport an- nuel, un enseignement grande- ment amélioré de la langue seconde a ]’école. Le dernier Discours du Tréne donne a penser oue le gouvernement fédéral a J'intention d’encoura- ger le rapprochement entre le long et le court. terme. Nous -espérons aue trois projets peu .. cofiteux mais qui ont déja donné Le Soleil de Colombie, Vendredi 11 Février 1977 9 des résultats conerets — le programme inter-provincial des moniteurs de Jangue seconde, le programme des_bourses-cours d’été de langues secondes et les projets spéciaux — bénéticieront de cette tournure des événe- ments. Les programmes privés d’échanges, comme celui du Conseil canadien des chrétiens et des juifs,.devraient étre > encouragés et apnuyés financié- rement. : d] Les adultes. . Le grand public ne devrait pas étre oublié dans cette “participa- “tion linguistique’’. A lui seul, mon courrier m’indique qu'un grand nombre de Canadiens ne demanderaient pas mieux que d’apprendre leur seconde langue | officielle mais en ‘sont empéchés par des considérations d’ordre pécuniaire. : Nous devrions faire connaitre davantage l'article 60 de la Loi de l’impét sur le revenu qui accorde une réduction d’impét (au-dela des 25 premiers dollars déboursés) A tout. Canadien qui étudie sa seconde langue officiel- le a des fins professionnelles. Nous pourrions accorder une réduction d’imp5t de 80% aux parents oui doivent encourir des frais supplémentaires pour pro- curer a leurs enfants une éduca- tion dans leur langue seconde (frais de scolarité et de trans- port, par exemple). Un.retour “d'impot négatif’ de 80% pour- rait étre accordé aux parents qui paient peu ou pas d’impéts afin que leurs enfants nuissent béné- ficier des mémes avantages que ceux issus de milieux mieux nantis. Le gouvernement devrait son- ger sérieusement. 4 encourager le CN, Air Canada et les compa- gnies privées de transport a suivre l’exemple de l'Europe (de préférence par des réductions d’impots aux citoyens) ot les tarifs sont considérablement ré- duits pendant Ja saison estivale, pour les grands dénlacements de 1,500 a 3,000 milles. Cela serait un excellent moven de voir le Canada d’ahord. et en méme temps engendrerait une meilleu- re compréhension entre tous les Canadiens. “Comme vous Je voyez, au dela des banniéres fracassantes et des slogans a J’eau de rose, les bonnes nouvelJes l’emportent d’emblée sur Jes mauvaises. Mon optimisme n'est nas de rigueur; au contraire, ie suis persuadé qu'un nombre croissant de Cana- diens modérés sont convaincus — sans le proclamer tout haut — du bien-fondé et de l'équité de notre réforme linguistique. Convaincus quiils sont, en som- me, qu'il est temns de percevoir nos deux langues mondiales, non comme des emhétements mais comme des richesses a exploiter et a apprécier. Z A ok sk Ak oe Miracle @~ Créperie Restaurant _ Quvert de 11h, jusquiau soir 1348 Robson,Vancouver 683-1422 DESSINEES’. _ ‘ 35 Sach EN FRA ET AUSSI EN AN LIVRES NEUFS ET USAGES EN VENTE A PRIX REDUIT LITTERATURE‘ , ROMANS POLICIERS POESIE', ESSAIS , THEATRE, BANDES LIBRAIRIE“LE SOLEIL” 3213 rue Cambie tel. 879-6924 _- VANCOUVER MPAs! LAIS . ae .