Le Moustique Volume3 - 1° édition —_ Janvier 2000 "La demi-pensionnaire" par Didier van Cauwelaert, publié chez Albin Michel. Compte-rendu de Patrick VINAY : Est-ce un hasard si ce livre commence et finit avec le théme de Noél ? Il livre en effet un message d'espoir bien de mise en cette saison. Voila un livre qui évoque, sans avoir I'air de le dire, le Présent et I'Ailleurs de chacun. Un livre sur la liberté conquise malgré les prisons intimes, sur le surgissement puissant de la dignité qui jaillit du ats Wa ee TPR Ja aE Nah GW ce NT quotidien surmonté par des personnages bien ordinaires et pourtant extraordinaires. Un Sg . . . . . . ___ livre qui refuse de poser un jugement arbitraire sur les autres et qui montre comment les _ souffrances surgissent du refus de faire quelques pas avec l'autre dans I'inconnu et de l'incompréhension qui paralyse si facilement les humains frileux que nous sommes. Voila une histoire o¥ chaque destinée évoquée propose au lecteur un retour critique sur ses quant-a-soi, sur les pauvres refuges qui s'acharnent vainement a nous protéger...et sur les chemins étranges qui nous libérent. Ce livre aurait pu s'appeler "La demi-prisonniére" mais il aime trop la vérité et la liberte - "La demi-pensionnaire" lui sied mieux. L'héroine en chaise roulante, est invaincue et méme sauvée par ce malheur qui a remis brutalement en ordre les valeurs de sa vie. _ Demi-pensionnaire dans son corps pesant, elle reste aussi demi-pensionnaire dans une - liberté intérieure qui anime son exigeant présent. Quelque part, entre le non-dit et les mouvements du cceur, le livre ne présente d'ailleurs que des personnes en voie d'étre libérées et qui ne le savent pas encore. Tous les personnages sont touchés : une aviatrice qui se perd lentement dans la confusion de l'alzheimer, un montagnard tentant l'ascension de lui-méme ; plusieurs de leurs amis pour qui l'amour I'emporte sur le convenable ; une femme blessée par le cdté étrange et "inatteignable" de sa mére et qui aurait tant voulu recevoir d'elle ce support quotidien mérité par la filiation du sang et non pas celui, plus difficile, de l'esprit qui propose plus qu'elle ne peut accepter... Mais un pan de ciel bleu s'affirme au milieu des nuages, parce que personne ici n'a renoncé ni a vivre ni a souffrir. Les symboles de la glisse sur les pentes enneigées ou dans les nuages allégent la paralysie des terriens incapables de voir dans les traces boueuses d'un fauteuil roulant sur le tapis, les signes d'un appel vers un ailleurs pourtant contagieux. La mécanique journaliére est ici subtilement démontrée, mais la recette est la pour la remettre en bon ordre...mais d'ol vient cette recette ? Et qui a dit que nos histoires n'étaient qu'une longue succession de petits moments sans importance ?