Immersion Un domaine qui laisse perplexe par Armand Bédard immersion en francais! Voila bel et bien 1’élé- ment de surprise en édu- cation. Quiconque, en 1970, aurait prédit qu’aprés vingt ans, au-dela de 200 000 jeunes canadiens s’y seraient éventuelle- ment inscrits, se serait vu attribuer de «sobriquets» peu flatteurs. L’immersion apporte plusieurs avantages 4 un grand nombre de citoyens de la majorité. Cependant, ces mémes avantages ont eu, par ricochet, des répercussions sur l’éducation en frangais langue pre- miére au pays; ressources financié- res fédérales affectées 4 un plus grand nombre d’éléves sans pour autant augmenter proportionnelle- ment; une compétition souvent vive pour un nombre limité d’ensei- gnants; de fausses perceptions chez les gens quant aux différences fon- damentales entre l’immersion et l’enseignement en francais langue premiére. Ce phénoméne nous force a faire plusieurs constats. Nous en énumé- rons quelques- uns parmi tant d’au- tres. 1) Par le passé, les Francophones, jeunes et moins jeunes avaientle quasi-monopole. sur le bilin- guisme. C’estde moins en moins le cas. Pendant que des institu- tions fédérales, provinciales et privées se dotent de personnel bilingue, les Francophones doi- vent maintenantconcurrencerun nombre-croissant de personnes bilingues, non-francophones. 2) Plusieurs recensements consé- cutifs démontrent que !’assimi- lation alarmante fait des ravages chez les Francophones. Ceux-ci, hors Québec, sont de moins en moins bilingues tandis qu’une partie de la jeunesse non-franco- phone se bilinguise. 3) Unnombre significatif de «Fran- cophones» s’inscrivent dans des programmes d’immersion. Leurs parents sontconvaincus quel’im- mersion est un véritable pro- gramme frangais; ou ils n’ont pas le choix, faute d’accés a une école francaise; ou encore les enfants n’ont pas les compéten- ces langagiéres pour participer, dés la matemelle, au processus d’éducation en francais, langue premiére. Différences fondamentales Le professeur Louis-Gabriel Bordeleau, dans un article intitulé ...Un nombre significatif de «Francophones» s’inscrivent dans des programmes d’immersion. Leurs parents sont convaincus que ’immersion est un véritable programme francais,... «L’éducation frangaise al’ heure de _ Vimmersion», résume avec lucidité les différences fondamentales entre l'éducation francaise, langue pre- miére et l’immersion. «L’éducation francaise», af- firme-t-il, «dans son sens plénier et global, se veut un ensemble cohé- rent et concerté de démarches, de structures et d’outils orientés vers le plein €panouissement des mem- bres d’une communauté partageant une méme langue, des traditions semblables et un ensemble suffi- samment précis de valeurs; bref une facon distincte de voir et d’interpré- ter le monde ambiant». Alors qu’en immersion «il s’agit de permettre a Véléve d’atteindre un niveau de compétence fonctionnelle en fran- ¢ais langue seconde tout en assu- rant une compréhension et une appréciation de la langue seconde et de la culture qu’elle véhicule; cela fait en sorte que 1’éléve main- tienne son identité linguistique et culturelle d’origine». Quiconque adhére 4 ces défini- tions (I’auteur y adhére) se doit d’en conclure que si l’immersion atteint ses objectifs, le jeune Francophone sortant de ce programme sera des plus confus. Son francais sera «fonctionnel» et sa langue francaise «seconde». I] aura une «apprécia- tion de la culture» et il maintiendra «son identité linguistique et cultu- relle d’origine»! Pauvre jeune! Mieux que rien? Mais plusieurs diront, sans doute avecraison, quel’enseignement par immersion c’est mieux que rien. Combien retrouve-t-on de Franco- phones dans les programmes d’im- mersion? Voila une question diffi- cile, voire impossible, 4 répondre. Il y a pénurie de recherches sur le I|LE-DU-PRINCE-EDOUARD Ministére de I'Education Le ministére de I'Education est fier de participer a cette activité qui saura sensibiliser davantage les francopho- nes au droit a l'éducation dans leur langue maternelle sujet. On peut supposer que le taux d’inscription des «Francophones» 4 des programmes d’immersion est trés fortement influencé par la faci- lité ou difficulté d’accés a des éco- les francaises, langue premiére. Ensuite, il y a les «fausses percep- tions» quant aux objectifs et résul- tats de chacun des programmesainsi que le facteur connaissance ou méconnaissance de la langue dite maternelle. Nous en sommes reve- nus aux trois grandes raisons qui font que des «ayants droit» (enfants de parents visés par l’article 23 dela Charte des droits et libertés) se re- trouvent dans des programmes d’im- mersion. Constater que bon nombre des inscrits en immersion sont admissi- bles a l’école francaise et déclarer solennellement que ces brebis éga- rées devraient étre 4 l’école fran- ¢aise.est une chose; entreprendre les démarches nécessaires 4 I’ac- complissement de cette noble mis- ...les parents qui adhérent aux objectifs de l’école francaise mais qui inscrivent ou doivent inscrire leurs enfants a l’immersion risquent d’étre drélement trompés... sion qu’est la récupération en est une autre. Afin de proposer des éléments de solution, il s’agit de dresser trois scénarios 4 partir des trois principales raisons qui portent des parents a inscrire leurs enfants a V’immersion. Succés chez la majorité Les parents croient que!l’immer- sion peut «franciser» leur progéni- ture. Etpourquoi pas? Aprés tout, le phénoméne d’immersion bilinguise des jeunes anglophones; le pour- centage d’ utilisation du francais est égal a celui de l’école francaise (et supérieur 4 celui des programmes mixtes/bilingues); souvent, l’école francaise est loin ou inexistante et l’école d’immersion est au coin de ...On peut supposer que le taux d’inscription des «Francophones» a des programmes d’immersion est trés fortement influencé par la facilité ou difficulté d’accés a des écoles frangaises, langue premiere... la rue. Voila ce que bien des gens vivent face a l’éducation et le genre d’enseignementquerecevront leurs enfants. Une telle situation est le résultat, surtout, de deux autres phénoménes - Pun psychologique et l’autre poli- tique. Le psychologique c’est toute la publicité qui entoure le phéno- ménede!’immersion. L’immersion jouit d’un grand succés chez la majorité. La publicité qui entoure ce programme est presque toujours positive. Les parents francophones prennent le pas - souvent car ils se disent «si c’est bon pour les anglo- phones, pourquoi pas pour nous?» Cette réaction contribue a un autre phénoméne qui est celui de l’ab- sence de revendication vis-a-vis l’éducation francaise langue pre- miére. Le cercle vicieux est com- plet. Uncertain service esten place, on ne revendique pas, donc, pas d’école francaise. Le cété psychologique et le cdté politique demeurent interliés. Nombreux sont les endroits au Canada ow la croissance de l’im- mersion a graduellement remplacé une école ou un programme fran- cais. (L’auteur a relevé plusieurs exemples du genre au Manitoba. Il est probable que les cas manito- bains se répétent dans d’autres provinces.) L’immersion: ou rien Ces «remplacements graduels» sont dans tous les cas reliés 4 des connotations politiques, c’est-a- dire, les fameux cas de nombres suffisants. La oi les inscriptions possibles pour une école francaise frdlent ou sont inférieures aux nombres suffisants établis par di- vers régimes scolaires (ces nom- La librairie Trillium, bonne premiére en francais lgprearie Trillium. 321, rue Dalhousie, Ottawa (Ontario) KIN 7G1 (613) 236-2331 | CENTRE EDUCATIF ET CULTUREL INC. bres varient), et 14 of une certaine demande pour le programme d’im- mersion existe, la réaction est pres- que toujours la méme: la commis- sion scolaire annonce aux Franco- phones que c’est l’immersion ou rien. Contrélées en trés grande majo- rité par les anglophones majoritai- res, ces administrations scolaires prennent la décision d’offrir l’im- mersion. En effet, c’est la majorité qui d’abord se sert et, en passant, ouvre la porte aux Francophones qui, d’un seul coup, viennentagran- dir les nombres. Ils aident 4 rendre le programme d’immersion renta- ble. Politiquement, les administra- teurs scolaires sont sécures; le genre d’éducation voulue par les parents revendiquant l’immersion est of- ferte; les Francophones sontaccom- modés et on a une école ou un programme de moins 4 admistrer. Devant une telle situation, les parents francophones, peu nom- breux et peu influents au niveau politique, acceptentce moindre mal, méme s’ils accceptent mal les ob- jectifs visés par l’immersion. II est toujours plus facile de signaler des répercussions et problémes que de présenter des éléments de solutions. Les solutions se situent principale- ment aux niveaux information/of- fre active et programmation/récu- DOO 5 ae ae cs 3a) Le dictionnaire des francophones d’Amérique DICTIONNAIRE DU FRANCAIS 62 000 mots dont 4 000 canadianismes Hides milliers d’exemples qui tiennent compte du contexte canadien H des centaines de développements encyclopédiques 8101, boul. Métropolitain Est, Montréal (Québec) H1J 1J9 ZL 066} Siew 6} Np eureWeg, ‘| eWNjOA-«jeUgTEN Nefuz» :uoNeonpy