nh a nage octet RA A A SR TTD Te TT TT III Ainge ms Victoria est une ville contradictoire. On y décou- re des Anglais qui ne le sont plus, des Canadiens restés Anglais, des Irlan- dais, des Ecossais, des Sa nS Américains qui s’imaginent phages en Grande-Bretagne, des : fonctionnaires et des tou- ristes, et j’en oublie. De 14 une cité captivante. Les sou- venirs de 1’Age colonial et les brises du Pacifique y ajou- tent l’exotisme 4 I’histoire, la poésie au mercantilisme, l’odeur des roses aux réson- mances de l’argent. J’y suis retourné cet été... A la gare des autocars, un va-et-vient allégre et fié- vreux. Les,voyageurs consultent leur montre et font les cent pas. L’itiné- raire par Tsawassen n’offre rien de remarquable. Nous nous engouffrons dans 1’an- tre noir du ferry-boat, nous réservant pour le retour les rampes pittoresques de Ma- lahat et les rives de Nana- imo. Des paillettes de lu- miére dansent sur les eaux. Nous cdtoyons des flots blonds et verts, piqués ici et 1A d’une maison blanche. Voici la grande fle, ses ar- bres variés et arrondis, un aysage moins hérissé que celui du continent, moins grandiose, aux gazons jau- nis par les bises de la mer. Nous descendons de l’auto~- car 4 deux pas del’Empress Hotel, une énorme patisserie. a prétention de chateau dela Loire. A quoi répond plus loin un autre gateau, bour- leoutle de d6émes et panaché de vert, le Parlement. Mal- gré leur étalage, ces deux édifices ne me déplaisent pas absolument. En relief au milieu de leur nappe de verdure, ils symbolisentl’un TROIS JOURS A VICTORIA ( <7 it V’apport fran¢ais, l’autre 1’ apport anglais. On me dira toutes sortes de choses amu- santes : que le premier cha- teau fut édifie par un Anglo- Saxon qui ne connaissait rien du got frangais ; que l’au- _tre fut planté 14 pour forcer les indigénes de New-West- minster et Vancouver 4 ac- cepter Victoria comme capi- tale. Pensez.donc, aprés une telle dépense ! Mais peuim- porte. Ces deux batisses se sont intégrées dans le site de Victoria comme la Tour. Eiffel dans celui de Paris.. Les Britanniques aiment Victoriae La vie des famil- les anglaises ot ils séjour- nent les retrempe dans leur’ milieu. Mais, & mon sens, Victoria n’est anglaise qu’en trompe l’oeil, une Angle- terre de parc d’attraction 4 l’usage des Américains. A l’encontre des Canadiens, ceux-ci jouissent encore du privilége de débarquer en plein coeur de la cité et de voir ses deux chateaux gran- dir au bout de leurs jumelles. Que voulez-vous/ Les visi- teurs de Port-Angeles et de Portland rapportent da- vantage 4 la ville de Victo- ria que ceux de Vancouver. Le verbe haut, bardés d’ap- pareils de prises de vues, pavoisés de blouses aux des- sins mayas, les Américains envahissent l’Empress Ho-: tel. Ils s’extasient devant les ladies A chapeau de paille qui sirotent leur .thé dans le hall. Ils vont jeter quel- ques sous porte - bonheur dans le bassin en céramique du palmarium ; et ils res- _sortent pour grimper sur 1’ impériale des hauts autobus rouges, fabriqués en An- gleterre et rachetés parmi les vestiges de 1’exposition universelle de Montréal. - A Vlinstar des Américains, je me suis trempé dans 1’ ambiance faussement an- glaise de Victoria. J’aihanté les magasins aux poutres _ ce déploiement d’attrape-ni- apparentes, genre auberge normande. J’ai suivi les ga- leries aux briques artificiel- lement patinées. Je me suis attardé devant une vitrine oi, pour peu que votre nom} ressemble A quelque chose, on vous fabrique des armoi- ries sur mesure. Et, malgré gauds, Victoria m’a charmé. Une vague ambiance de vieille Angleterre s’y est élaborée, of se mélent 1’or- gueil de la race et le besoin d’en monnayer, loin de lal patrie d’origine, le prestige. D’origine britannique, amé- ricanisés par l’habitat et par la ruée vers 1’or, les ressor- tissants de Victoria veulent se maintenir Anglais. Les} mieux lotis y sont parvenus. ._De 1A une certaine dignité dans cette ville, des élé- gantes aux robes sobres, de vieux messieurs armés de cannes,. des vitrines ot les porcelaines ‘‘Royal Doul- ton’’ voisinent avec les cos- tumes ‘‘Saville Row’’. Notre esprit se régle ala mesure et au ton des pays que nous découvrons. L’An- glais autentique qui visite 4 Victoria la demeure histo- rique du Docteur Helmcken, venu de Londres vers 1850, et dont la cabane de rondins transfigurée en cottage se tapit non loin du Musée Pro- vincial, se recueillera de- vant l’antiquité des créden- ces et buffets, oubliant qu’il en existe de plus anciens et plus beaux chez ses propres parents. Ces critiques for- mulées, Victoria dégage unj charme unique, qui vous conquiert comme une jolie femme dont on se défiait d’abord, ce dont j’entretien- drai le lecteur dans les deux prochains numéros du Soleil.} C’est vrai, la salle était a RECITAL comble, vendredi dernier, RENEE CLAUDE au Queen Elizabeth Play- qui ont fait inutilement la queue, sous la pluie, pour en- tendre Renée Claude. La vedette québécoise a rencontré, ce soir-1a un pu- blic chaleureux, 4 tel point qu’il ne voulait plus la lais- ser,partir A la fin du spec- tacle, et qui visiblement la connaissait déja bien. Au répertoire de Renée Claude surtout des chansons d’amour, d’amour souvent malheureux, d’amour qui ne veut pas durer et qu’ontente d’étirer encore une nuit, d’. house, et nombreux sont ceux amour qui a cessé d’exister, “de rupture sur le mode iro- nique dans ‘‘Salut’’, chanson d’une épouse exaspérée quia décidé de briser 1’enchafne- ment des habitudes étouffan- tes qui la liait 4 son mari ; et quelques chansons comme ‘‘T*idiote aux cloches’’ ou ‘““C’est pas un jour comme les autres’’ d’un style trés différent, entiérement origi- nal qui ont vraiment retenu mon attention, contraire- ment 4a des chansons com- me ‘Si je t’ouvrais mon ame’? ou ‘*G’est toi, c’est moi, c’est nous autres’’dans lesquelles rien d’inattendu (tant sur le plan du texte que sur celui de la musique) ne m’a ‘‘accroché’’. Il faut également relever une chanson ‘‘Tout le monde est malheureux’’que j’ai re- gretté d’entendre au tour de chant de Renée Claude, je pense, parce qu’elle est tel- lement marquée par la per- sonnalité de son auteur que tout autre interprétation que la sienne ne peut qu’étre comparée et en souffrir. Sur le plan technique, Re- née Claude a été franchement 'desservie par un orchestre parfois trop bruyant (un ac- compagnement plus sobre, au piano, aurait mieux servi l’interprétation de certaines chansons.) ou peut-étre par une accoustique inadéquate de la salle qui rendait par moments ses paroles inin- telligibles. Je n’ai pas tout apprécié dans ce spectacle, c’est vrai, mais je dois dire que Renée Claude m’a laissé l’impres- sion d’une femme comme beaucoup d’autres, sachant chanter simplement ce qui fait sa vie avec sincérité et c’est le plus important ; pour le reste, on ne peut pas plaire 4 tout le monde. Caroline Lanquetin. Allen Sapp, indien Cree, est né le 2 Janvier 1929. Elevé dans la réserve du’ Faisan Rouge dans le Sas- katchewan, il commenga trés jeune A dessiner et a peindre avec tout ce qu’ il pouvait trouver. ALLEN SAPP Jeune porte A porte pour vendre ses tableaux. Par bonheur son talent fut reconnu et on l’encouragea 4 peindre non plus des montagnes ou des caribous, qu’il n’avait vu que dans les images des calendriers, mais ce qu’il connaissait mieux, sonmon- de propre, la réserve. En regardant les tableaux homme, il fit du | comprendre ce que peut étre une réserve pour ceux qui y vivent. Bien que ces tableaux nous montrent un environnement désert, fa- onné par un climat dur, ls ne contiennent aucune trace de révolte ou méme = - d’amertume. Les scénes qu’il décrit Gouvent d’aprés des souve- — nirs d’enfance) représentent — des lieux et des gens qu’ il aime profondément. Ses tableaux portent des noms simples, directs comme : ‘*Tl_ affute sa hache’’, ‘‘son chien est assis dehors’’ ou ‘¢parlant de la dance du SO- (ee leil de l’année prochaine’’. EN EPLUCHANT LES POMMES DE TERRE a pRSRS -. | de Sapp, on commence 4 XII, LE sO ILEIL, 790 SEPTEMBRE 1972 a ae pial Andantino aa