_ Le Club Canadien-Fran- Gais de Victoria est une association culturelle locale fondée il y a 36 ans et dont les objectifs sont: “Promou- voir la survivance francaise et pourvoir au bien moral, intellectuel et physique de Ses membres.” : Notre association regrou- pe 250 membres et nous essayons de rejoindre toute la population francophone de lle Vancouver-Sud, et ce, dans les conditions les plus adverses. Bien que le nom--- bre de francophones aug-" mente chaque année, nous faisons face a un taux d’as- Similation qui lui augmente également. Ne nous en étonnons pas puisque en matiére d’éduca- tion, la seule école francaise a Victoria, de la premiére a la 8iéme année, |’école Victor Brodeur de la Base. d’Esqui- malt, n’est accessible qu’aux enfants de militaires et em- ployés du gouvernement. Puisque cette école reléve du Ministére de la Défense Nationale, nous jugeons in- dispensable que les franco- phones de Victoria puissent bénéficier des mémes droits et que leur admissibilité a cette école ne soit plus contestée. La Commission scolaire de _ Victoria n’offre dans aucun de ses districts l’enseigne- ment du frangais langue ‘premiére. Le francais est enseigné comme langue se- conde a partir de la 8iéme et devient facultatif 4 partir de la 9éme. Un certain fascicule scolai- re offre le francais, langue seconde, en ces termes: “la maitrise de la langue est trés difficile et seuls les étudiants exceptionnellement intéres- sés et trés capables arrivent ala maftrise de cette lan- gue... la grammaire est trés complexe”. Des commentai- res semblables n’incitent nullement I’étudiant a entre- prendre |’étude du frangais, bien au contraire. A notre connaissance, la langue est un sujet comme le sont les mathématiques et la science et ne demande pas des qualités de super-éléve. C’est un cas de discrimina- tion des plus sérieux et aucun systéme public ou privé ne devrait étre autori- sé a faire de telles décla- rations. (...) Les classes d’immersion totale, 4 I’école Willows, et immersion partielle, a |’école Cloverdale, répondent da- vantage aux besoins des anglophones. Beaucoup de francophones ne peuvent en profiter et se trouvent péna- lisés faute de moyen de transport ou de la limitation actuelle 4 la 4éme année. L’apprentissage de notre langue devient un luxe: Nous insistons done pour obtenir des écoles francaises ‘ pour les francophones, de la maternelle 4 la 12éme année, et plus tard, quand l’impor- tance le justifiera, l’univer- ’ sité francaise. La communauté frangaise de Victoria a toujours mani- festé son désir de vivre, travailler et s’épanouir dans: sa langue. Mais a quel prix? Que de frustrations, d’injus- tices, de préjudice il faut essuyer dans la vie de tous les jours. Nous pourrions vous en donner de multiples exemples. De nos jours enco- re, une enveloppe portant une adresse non “anglicisée” met deux fois plus de temps a parvenir a son destinatai- re. Les francophones de Vic- toria souffrent également d'isolement. En matiére d’in- formation, ils n’ont qu'une seule chaihne de télévision, CBUFT Vancouver, et doi- vent se contenter de 15 minutes de programmation locale, comparativement aux heures dont disposent les chaihes anglaises. La télévision communau- taire est un outil de diffu- sion et d'information impor- tant qui permet a la commu- nauté francaise de communi- quer. Malheureusement 1a encore, faute de fonds suffi- sants, nous devons nous contenter de 15 minutes hebdomadaires de program- mation locale. Le Soleil de Colombie, Vendredi 24 Février 1978 B La radio francaise CBUF- FM Vancouver rejoint Vic- toria. Faute d’émetteur as- sez puissant elle n'est mal- heureusement pas captée par la plus grande majorité des francophones de Victo- ria. Nous recommandons un poste satellite de la radio francaise & Victoria. Il n’y a pas de presse frangaise 4 Victoria. Nous sommes pourtant fiers de rappeler que le premier journal publié en Colombie fut un journal francais fondé a Victoria. Le seul journal francais que nous recevons est lhebdomadaire ‘Le Soleil de Colombie”, lequel arrive a Victoria avec un retard considérable, parfois 2 semaines, causé par le mauvais fonctionnement du systéme postal. La presse anglaise, sauf de rares exceptions, n’est pas impartiale et fait preuve de distortion a notre égard. Cette distortion a pour conséquences d’ériger des barriéres que l'ignorance et les préjugés continuent a alimenter. Malgré la volonté de la communauté francaise de Victoria de survivre et mé- me vivre en frangais, aucun gouvernement ne semble nous prendre au sérieux. Nous ne pouvons tolérer plus longtemps d’étre la cible des politiciens et de la presse. Les rapports s’accu- mulent et rien n’est jamais fait. Les services essentiels, en frangais, sont rares ou inexistants. Combien de francophones ont déja passé une vie a espérer un change- ment, laissant a leurs en- fants l’héritage d’une langue et une culture vouées 4 un avenir trés incertain. Et pour conclure, nous répétons ce que notre asso- ciation n’a cessé de dire depuis 36 ans: nous voulons faire partie d’un beau pays, le Canada, ot nous serions des citoyens a part entiére, d’un bout a l'autre du pays. Nous voulons faire partie ous voulons faire partie d’un beau pays. d’un pays ow la reconnais- sance des droits fondamen- taux des francophones serait . une réalité. Nous voulons plus particu- liérement la reconnaissance officielle provinciale et fédé- rale de l’existence d’une communauté frangaise a Vic- toria et que cette reconnais- sance se concrétise par la mise en place des structures auxquelles nous avons droit. Nous refusons, en bloc, de continuer a étre l’objet de rapports et d'études qui ne servent strictement a rien, sinon a perdre du temps et de l’'argent. Lévesque soutient quelaloilOl — est constitutionnelle Méme si le lieutenant-gouverneur du Québec M. Hugues Lapointe, n’a sanctionné que la version francaise du texte législatif de la loi 101, le premier ministre soutient que M. Lapointe n‘avait pas a signer le texte anglais de cette loi, puisque seule sa version francaise est considérée comme officiel- le. M. Lévesque a dit ne pas avoir été trop surpris ‘de la décision du juge Deschénes, et a ajouté que son gouvernement irait jusqu’au plus haut tribu- nal pour en appeler de ce jugement. I! a également affirmé que s'il advenait que cette décision soit main- tenue, cela démontrerait que la constitution actuel- le bloque l’évolution normale du Québec. SUITE DE LA PAGE 10 On assisterait donc aujourd’hui a une régression, au chapitre des publications destinées a faire connaitre, a Véchelle nationale, la situation des francophones? __ Nous subissons certainement une tres grande régres- ‘sion. Par ailleurs, on a assisté a la dislocation de la société -canadienne-frangaise, au point de vue religieux; ce qui a “démantelé presque automatiquement la consolidation a la- quelle on en était arrivée, au niveau des efforts faits par les diverses collectivités francophones du pays. Toute la structure de l’Ordre était fondée sur ]’esprit paroissial. Comme |’Eglise avait une énorme influence sur toutes les associations, on s’est retrouvé tout a coup sans lendemain. Je dois cependant préciser que si nous bénéficiions de Vappui du clergé, celui-ci n’a jamais dirigé ‘“‘la Patente’’. Les prétres pouvaient agir en tant qu’auméniers mais, a ma connaissance, ils n’étaient pas autorisés a devenir membres de l’Ordre. Nous croyions que le clergé devait 6tre disponible pour tous les fideéles, et qu’un organisme n’avait pas a le tenir captif. Notre disparition a aussi été provoquée par le senti- ment nationaliste québécois, qui devenait de plus en plus fort. Dans.ce contexte, l’Ordre a subi une profonde scission idéologique dés qu’on a parlé de séparation. L’idée ne plaisait é¢videmment pas aux francophones hors Québec: “La Patente” s’était toujours fait un devoir d’en- tretenir un sentiment nationaliste tout en évitant de s’inféoder dans une théorie politique quelconque. Je dois reconnaitre que dans un milieu canadien-frangais, ce genre d’équilibre est trés difficile 4 maintenir. ; Tous ces phéenoméenes ont donc amené progressivement la disparition de l’Ordre, qui ne pouvait étre maintenu a partir de principes, de buts et de stratégies qui n’avaient rien de commun. (’a été regrettable! P&R 702 3 * ee = Ay 00H OER) te AQ) aise .fenireyorm fo U00.0S3) tres Un autre facteur qui a également ébranlé “la Patente’’, a été l’apport du gouvernement fédéral au financement des associations. L’Ordre avait pour caractéristique d’étre le fruit du dévouvement. Et ce sentiment était porté a un point tel que chaque membre, en plus de fournir sa cotisation an- nuelle, en payait une a la société Saint-Jean-Baptiste.et une autre a ]’Association de l’Ontario. Notre mouvement récu- pérait ces sommes et les remettaient aux organismes dési- gnés. Les dollars: un bien ou un mal? Lorsque le bénévolat est devenu “rentable”, le systéme se serait enrayé? Je dois avouer que toute notre organisation a arrété de fonctionner a partir du moment oti on a cessé de faire appel au dévouement. L’Ordre était basé totalement sur le don de soi. Nos membres étaient des individus convaincus d’une cause, des gens qui acceptaient de travailler pour cette cause-la, en donnant non seulement un peu d’argent mais aussi de leur temps, de leurs capacités physiques et intellectuelles, et en acceptant de prendre certains risques. Nous avions donc cette mystique-la. On dira ce qu’on voudra, mais les gens qui n’ont plus de mystique en trou- vent toujours une autre. Vous estimez que la lutte des francophones hors Québec serait menée avec moins de fierté qu’autrefois? Je ne le nie pas, mais il y a un autre point fondamental a souligner sous ce rapport. Avec l’argent venant du gou- vernement, plusieurs individus ont voulu profiter de la situation a des fins personnelles, en prétextant le mieuxétre de leur milieu et de la collectivité. On a aussitét vu une prolifération Q’associations, de VA MIRE PONG eR ib IIe XNOTHSH 6 Oren “30 P’TITES MINUTES ... comités de citoyens de ceci; de cela; tout le monde voulait obtenir des octrois. Avez-vous déja demandé des appuis financiers au Secré- tariat d’Etat? Pas a ma connaissance, parce que ce n’était pas de mode. On ne demandait pas d’argent au gouvernement. On ne pouvait solliciter que des associations, des groupements, des individus .. . Notre seul contact avec le Secrétariat d’Etat, consistait en la remise annuelle de notre rapport financier, comme devait le faire toute association incorporée. Est-ce qu’on parlait déja d’une possibilité d’obtenir des fonds gouvernementaux? Oui. On croyait que cela pouvait se réaliser et que d’autres organismes que ‘“‘la Patente” en bénéficieraient forcément, tels les sociétés Saint-Jean-Baptiste, les clubs Richelieu, etc. . . 3 Il n’était pas question cependant que l’Ordre profite de programmes de ce genre, parce qu’on voulait qu’il de- meure totalement indépendant. On respectait la pensée de l’économiste Edouard Montpetit, de l’université de Mon- tréal, qui avait traité de cette question dans un volume in- titulé ‘“‘Les cordons de la bourse’. Il y mentionnait que celui - qui tient les cordons peut vous faire respirer ou vous faire périr en ne faisant que les ouvrir ou les resserrer. C’est ce qui arrive aux associations qui vivent aux dépens de |’Etat. Le gouvernement peut étre tres bien intentionné, mais des circonstances politiques peuvent déclencher un revire- ment de situation n’importe quand. A la prochaine parution: L’Ordre de Jacques Cartier se compare-t-il aux mouvements actuels? ORIBSMATI TIS D SUCH FS!