6 Le Soleil de Colombie, vendredi 15 mai 1981

Carnet d'un voyageur

Roger Dufrane
Suite

Mercredi 3 septembre

Assis 4 une petite table
ronde, devant une tasse de
capucino, je repense 4 mon
voyage. Au mur, une affiche
encadrée reproduit une pein-
ture naive du Douanier Rous-
seau. Une étudiante en
blue-jeans dessert les tables.
Au-dehors, quelques sapins
détachent leurs triangles
verts sur le ciel bleu.

Me revoici 4 Vancouver. Il
a bien fallu revenir. Les
quelques derniers jours en
Europe, jai délaissé crayons
et carnets pour mieux cueillir
des images qui déja s’‘éloi-
gnent dans ma mémoire.

Je ne puis, 4 ‘instar des
touristes américains, dérou-

ler un chapelet de capitales: '

Londres, Paris, Rome, Ber-
lin, Vienne. Tout au plus
puis-je dire: Paris, Bruxelles
et quelques bourgades. Or,
celles-ci je les éléve au rang
de métropoles. Elles vibrent
~ moi infiniment plus que

grandes villes que je n'ai
pas encore visitées; car s’y
accrochent et y refleurissent
mes souvenirs d’enfance et
de jeunesse. “Heureux qui
comme Ulysse a fait un beau
voyage“ Comme Du Bellay
je pourrais dire:

Plus me plaft le séjour qu’ont
bati mes aieux

Que des palais romains le
front audacieux,

Plus que le marbre dur me
plait l’ardoise fine..

Moulins et canaux de Hol-
lande, briques et tuiles pati-

nées par les temps des—

anciens villages de Wallonie,
jardins et mansardes ardoi-
sées de Paris! Ah Paris! La
plus belle ville du monde! J‘y

Ah!

revois mes derniéres cour-
ses. les Galeries La Fayette
si parisiennes, la Gare du
Nord avec ses Tyrolliens a
culottes courtes et bretelles,
ces Hollandais et Scandina.
ves taciturnes...

le train s’ébranle. Défilent
les hauts murs ternes de la
proche banlieue. Une femme
bien mise, prise de panique,
court dans le couloir: “Au
secours! Au secours! Elle
veut tirer la sonnette d’alar-
me. On l’en empéche. On
appelle le garde-train. II la
calme tant bien que mal:
“Voyons, Madame, soyons
raisonnables!* Cette person-
ne volubile, montée faire ses
adieux a des amis, en a oublié
de descendre. Elle en sera
quitte pour voyager jusqu’a
Saint-Quentin, 4 mi-chemin
entre Paris et Buxelles. Puis
a revenir aParisy payer son
escapade.

Mes trois derniers jours 4
Bruxelles, je les ai usés en
courses vaines. “Pierre qui
roule n’amasse pas mousse!“

Ce que je me rappelle le
mieux, lorsque je regarde en
arriére, ce sont les longs
moments de détente plus que
les galopades a droite et a
gauche. (Ah les cailles sur
canapé et les bons vins dans
les maisons aux accortes
hétesses! Ah les biéres mous-
seuses dans les cabarets!)

Hier soir, relisant a téte
reposée mes notes, je les ai
trouvées aussi capricieuses
que mes allées et venues.
Tant mieux! Elles n’en reflé-
tent que mieux la vie et ses
hasards. Telle rue déserte,
toute dorée de soleil, je la
repeuplais de mes copains

Venez assister

aux enregistrements

du nouveau
jeu questionnaire

’ Quatre Fils Aymon.

Paris!

d’autrefois partis Uieu sait
ou. Penché sur un parapet du
Pont-Neuf, au-dessus des
miroitants de la Seine, j'ai
évoqué en pensée des Paris
plus anciens. Toute ville
apparait différente selon les
esprits. Mon Paris n’est pas
celui de l‘Américain touriste,
ni de l‘Allemand, ni du
Japonais. Ce n’est pas celui
des fétards nocturnes, ni
celui de ceux qui y travail-
lent. Mon Paris, c’est un
tournoi dans les prés de
Saint-Cloud, ot participent
sur leur cheval Bayard, les
C’est
Apollinaire pleurant sa maf-
tresse:

Sous le Pont Mirabeau coule
la Seine
Et nos amours...

C’est un bateau-mouche qui
part de Suresnes et pousse
jusqu’a Notre-Dame. C’est la
jolie Marie de Régnier avec
son ombrelle dans une allée
du bois de Boulogne. Mais
c'est aussi telle Marocaine
francisée de la capitale,
chauffeur de taxi aux che-
veux courts, moderne, pari-
sienne jusqu’au sourire, et si
adroite a se faufiler entre les
voitures. Ah la jolie Pari-
sienne! Shéhérazade assimi-
lée a la vieille Europe, ou

-plutét ala j jeune Europe, et

qui par magie me déployait

au passage la Place Clichy

toute populaire, le quartier
de l’Opéra si élégant, les
voies sur berge des quais de
la Seine, qui montent, des-
cendent, capricieuses comme
les pages mémes de mes
souvenirs.

Fin

qui se dérouleront les 26, 27, 28 et 29 mai
a 19h30 a CBUFT-Vancouver.

Vous serez peut-€tre sélectionné
pour participer au SPRINT

de l’émission

En répondant a la question que vous
posera l’animateur STEPHANE CHERPIT,
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Ce jeu sera diffusé dés septembre 1981 eneene
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51.7% 37.3% 18.0%
45.8% 34.6% 16.3%
46.2% 29.6% 14.6%
28.5% 21.2% 11.1%
58.1% 32.6%
31.8% 22.2%

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Suite de la page 1}

Elections
francaises
Quelles que soient ses allé-
geances politiques, la nuit de
dimanche a lundi est agitée
pour le Frangais de Vancou-
ver.

LeFrangais de droite est la
proie des pires cauchemars:

.la Bourse va_s’effondrer,

l'économie sera livrée au
collectivisme, les communis-
tes mettront la main sur le
gouvernement, la France ne

‘sera plus respectée sur la

scéne internationale, etc..
Le Frangais de gauche se
complait dans les réves les

_ plus délicieux: le chémage

sera résorbé, la durée de
travail passera 4 35 heures,
les grosses fortunes seront
imposées, le programme nu-
cléaire sera suspendu, la
peine de mort sera suppri-
mée, etc..

Certains ne font ni réves, ni
cauchemars. Et pour cause:
des communications télépho-
niques en provenance de
Paris interrompent leur nuit.
Il parait que la place de la
Bastille ressemble a mille 14
juillet. —

suite de la page 1

‘Canadien
National

fe reste de cette excursion
jusqu’au fin fond de I’Indian
Arm ne sera qu'une vaste
confirmation: presque tous
les responsables du Canadien
National réunis sur le Fifer
parlent frangais. Le Vice-
président John Gratwick le
premier. “Le bilinguisme
d'un océan a l’autre“ n’est
done pas un leurre: je suis
sur le pacifique et je m’expri-
me en francais,

Fort de cette évidence,
japprécierai davantage le
paysage merveilleux qui ac-
compagne le Fifer dans son
sillage. Lambeaux de brume
accrochés aux parois de Deep
Cove, maisons de bois per-
dues entre les sapins, reflets
d'un ciel blafard a la surface

Sur le chemin du retour 4

Fifer sert aux invités un
excellent repas. Douces
sauces et bons vins me
persuadent, s'il le fallait
encore, de l'importance de
Yoeuvre accomplie par le
Canadien National. la com-
pagnie fait fi de la géogra-
phie: l'Est et l'Ouest sont
confondus, francophones et
anglophones sont réunis.

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Pour certains postes la connaissance du francais ou de
l'anglais suffit, pour certains d‘autres la connaissance du
francais et de I ‘anglais est essentielle. Les unilingues peuvent
poser leur candidature mais doivent indiquer leur volonté de
devenir bilingues. La Commission de la Fonction publique
évaluera les aptitudes des candidats a devenir bilingues. La
formation linguistique sera offerte aux frais de |’Etat.

Toute information relative 4 ce concours est disponible en
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Date limite: le 23 mai 1981

Priére de toujours rappeler le numéro de référence approprié.

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