1 * Place aux femmes _ du lundi au vendredi La guerre des sexes se poursuit a “Place aux femmes” GUY PROVOST, LIE AYETTE/PLAC Savez-vous qui est la «patron- ne» de Place aux femmes? Sans doute pas, puisqu’il s’agit de la citoyenne Césarine Bois- sard qui, en 1793 4 Paris, pré- senta au gouvernement de la Ré- volution une motion féministe demandant «l’abolition du port du corset pour les femmes, ce vétement pouvant étre considéré comme un signe d’esclavage». _ Césarine Boissard n’a jamais été canonisée et c’est pour répa- rer cette injustice que Lise Payet- te I’a choisie. Car Lise Payette est féministe et anti-conformiste. Elle est aussi, et surtout, l’ani- matrice de Place aux femmes, en compagnie de Guy Provost, a la radio de Radio-Canada, du lundi au vendredi 4 10 heures. Cette émission a- entamé, 4 l’automne, sa cinquiéme saison, et il semble bien qu'elle soit par- tie pour faire une trés longue carriére. Il faut bien avouer que le succés de Place aux femmes est avant tout celui de Lise Payette. «Je suis entiérement identifiée a l’émission, nous a-t-elle dit, et par 14 méme je dois lui donner beaucoup. Il s’agit donc d’une préoccupation constante.:. mais agréable. , «Terriblement agressive dans les premiers temps de la série, je crois avoir mis pas mal d’eau dans mon vin. En fait, j'ai réus- ’ si A imposer un genre. Désor- mais, je n’ai qu’A maintenir mes idées, sans plus. Place aux fem- mes doit étre une émission fé- minine que les hommes écoutent, et ce pour deux raisons: d’une part, nous ne devons pas nous replier sur nous-mémes et ainsi accentuer l’écart entre les deux sexes; d’autre part, les hommes aiment bien se faire maltraiter car ils sont tous un peu maso- chistes (sic). «Le tout est de le leur faire comprendre». Vers un nouveau genre? Depuis ses débuts, Place aux femmes, c’est une enquéte, un invité-chouchou, un public qui Pparticipe activement a l’émission, un artiste invité, un trio conduit par Francois Cousineau, un tan- dem dynamique et bien rodé constitué par Lise Payette et Guy Provost, le tout sous la houlette du réalisateur Jacques Cossette. Il y a eu également quelques émissions pas comme les autres, et ce fut le cas en particulier cette saison quand — durant une heure entiére — Lise Payette a passé Serge Reggiani «au sup- Le Soleil de Vancouver,page 7,23 janvier 1970 AUX FEMMES plice de la question». D’ailleurs avec Place aux femmes, on est en droit de s’attendre 4 tout, le direct donnant un attrait supplé- mentaire 4 certaines improvisa- tions. Méme les annonces commer- ciales qui «agrémentert» 1’émis- sion ont une saveur particuliére dans leur forme et dans leur pré- sentation. Honnie par certains hommes, contestée par quelques femmes, Lise Payette se prétend pourtant «timide et sensible». Le tout étant évidemment caché derriére une trés forte agressivité. «A notre époque, explique-t-- elle, nous nous devons d’étre fé- ministes. Non pas dans la rue avec des pancartes et des slogans (cela, les jeunes y parviennent mieux que nous), mais avec les armes dont nous sommes pour- vues. Un peu partout, nous som- mes encore des no 2, des objets. Il faut que I’on parvienne 4 des changements. Nos chances: la pa- tience et humour (il vaut tou- jours mieux rire que pleurer)». A quand donc, un gouverne- ment entiérement féminin prési- dé par Lise Payette? Une telle chose ne serait pas pour lui déplaire. Georges Seltzer . = a, Me Sas Sener see RR |