de la page 1

habilement orchestré, ce vo-

yage a si bien réussi que

l’on est porté 4 croire 4 la |
complicité des autorités chi- |
noises. Charge par son maf-

tre d’obtenir du gouverne-

ment chinois une invitation

officielle, M. Kissinger n’a

eu aucune difficulté A réus-

sir son exploit.

Et dans un communiqué pu-

blié conjointement A Pékin

et A Burbank, ot le président

Nixon a annoncé 1’époustou-

flante nouvelle,
américain et le monde en-
tier apprenaient que, ‘‘con-
naissant le désir du prési- | en Chine et y voient un élé-
dent des Etats-Unis de visi-
ter la Chine, M. Chou En-
lai, au nom du gouvernement
de la République populaire
de Chine, a transmis une in-
vitation au président Nixon
de visiter la Chine, Aa une
date qu’il jugera appropriée
avant mai 1972’’. bese:
| Mise en garde contre
“Le président Nixon a ac- | yn optimisme exageéré
cepté cette invitation avec

plaisir’’.

initiative nixonienne ont pris
le monde entier par sur-
prise et provoque, dans la
trés forte majorité des cas, |

le public

Le communiqué concluait :

L’invitation de Pékin et |’

Wh ‘.

d’enthousiastes réactions.

Silence &@ Moscou,
bravos ailleurs

Prévenus de cette initia-
tive, Paris et Londres ne
pouvaient évidemment qu’

aboutissement. Accueil
sympathique également du
Japon dont le gouvernement
reproche toutefois 4 Wash-

rigeants se sont contentes
de publier, sans commental-
res, cette nouvelle qui ne
peut manquer de les inquie-
ter. Un rapprochement
Washington-Pékin n’entre
pas dans la ligne politique
du Kremlin dont le flirt avec
V’administration américaine
fonctionnait depuis quelques
années 4 merveille.

Mais les plus bruyants bra-
vos ont été criés dans les
milieux politiques améri-
cains, tant démocrates que
républicains. ’

Pour les sénateurs repu-
blicains, il allait de soi qu’

ils applaudissent A 1’exploit
de ‘‘leur président’’. Ils 1’
ont fait
Mais
sera sans doute plus sen-
sible aux propos enthousias-
tes des sénateurs du camp
opposé dont Mike Mans-
field, leader de la majorite
démocrate au sénat, Hubert
Humphrey, possible candi- |
dat-rival 4 la présidence
au scrutin de novembre pro-
chain et McGovern, seul can-
didat officiel. Tous trois se
sont dits enchantés de la
prochaine visite de Nixon

ment susceptible de hater
la fin de la guerre au Viet-
nam, ainsi qu’un pas impor-
tant vers la normalisation
des relations entre les USA
et la Chine, étape indispen-
sable de l’instauration d’une
authentique paix mondiale.

l’invitation de Pékin n’est
pas désintéressée mais vi-
se un but fort précis, au-
delA de la simple mise en
route de relations économi-
ques et diplomatiques nor-
males avec Washington.

La Chine de Maotient, sem-
ble=t=tl A s2OUV Gites Utele
monde, mais exercera les
plus fortes pressions sur le
gouvernement de Nixon pour

| que cesse sa présence mili-
taire dans une région qu’elle
considére cemme ‘‘sa’’ zone

| d’influence.

| Le président Nixon saisira

| peut-étre cette occasion
pour procéder au désenga-

gement américain du Viet-
nam, prouvant 4 la fois aux
Chinois que ses désirs de
paix sont sincéres et aux
| Américains qu’il n’a de voeu
plus cher que de rapatrier
| ces dizaines de milliers de
| jeunes hommes, enlisés dans
| le bourbier asiatique.

| Reste la question difficile
de l’admission de la Chine

avec exubérance.
le président Nixon

Est-ce A dire que le monde | a 1’ONU. L’initiative de

peut dés maintenantrespirer | Nixon, sa hate 4 accepter
plus A l’aise, que les‘‘GI’s’’ | V'invitation de Pékin le pla-

préparent leur grément pour

et que les partisans de 1’ad-

applaudir 4 son heureux |

Vue en direction de la

ington de ne pas l’avoir mis |
au courant avant le fait ac- |
compli. A Moscou, les di- |

cent dans une position déli-

cevoir que son administra-

| un retour précipité au pays Leelee Il est difficile de con-

grande Place de la Paix céleste. On ‘notera la raretedes automobiles sur cette grande voie.

}

|
|

tion puisse poursuivre sa
politique d’obstruction,
alors méme qu’il semble
s’étre donné comme prio-
rité, l’établissement de re-
lations diplomatiques nor-
males avec le régime de
Pékin.

Comment sera résolu le

dilemme que constitue 1
présence de la Chine na-=
tionaliste, cosignataire de
la Charte de San Francisc
et membre permanent du
Conseil de sécurité ?

C’est 14 une difficile ques-
tion, certes. Mais sa diffi-
culté ne se compare pas
auX avantages pour le monde
entier que comportera 1’0c-
troi d’un siége onusien au
régime qui représente plus
de 750 millions d’habitants.
Ainsi prendra probable-
ment fin dés 1’Assemblée de
17ONU 4 l’automne, l’absur-
dité d’une situation selon
laquelle le pays le plus po-
puleux au monde se voit
refuser un siége aux Nations
Unies.

mission de la Chine rouge a
170NU commencent 4 crier
‘¢victoire’’ /

L’acceptation par Nixon de
l’invitation des dirigeants
chinois est certes un geste
de bon augure dont il ne
faut pas minimiser |’impor-
tance.

Mais, le communisme
‘‘maoiste’’ n’est pas pour
cela devenu‘‘ persona grata’’
chez nos voisins du Sud et
l’importante couche de po-
pulation viscéralement anti-
communiste aux Etats-Unis
va se ressaisir et faire en-
tendre ses clameurs.

Nixon devra compter sur
les sentiments de ces dizai-
nes de millions d’électeurs
pour qui Moscou et Pékin
représentent l’enfer.

Il lui faudra toutefois se
rendre compte que la plus
grande mesure de son suc-
cés aux élections présiden-
tielles de novembre pro-
chain (quelques mois 4 pei-
ne aprés la visite projetée
en Chine) sera la fa¢on dont

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ye

LE SOLEIL, 23 JUILLET 1971, Il