CARNET d'un PROMENEUR par Roger Dufrane La Tapisserie Moderne Des nuages d'un noir d'encre courent dans le ciel nocturne. Les autos passent, canalisées par les signaux lumineux,tandis que nous nous pressons avant la pluie possible. L'exposition de tapisseries frangaises modernes 4 la Gale- rie d'Art de Vancouver m'a surpris par sa sobriété. Je m'attendais au dessin numbreux d'un Lurgat, le maitre de 1'é- cole contemporaine. Il n'y a pas si longtemps que Jean Lurgat a rénové l'art de la tapisserie. Ses tentures originales, & personnages et & fleurs, ornent quelques de- meures de France. Or Lurcat ne figure pas ici. Des oeuvres plus remassées occupent la gelerie. Et pourtant nous re- trouvons ce soir des noms fa- meux de l'art contemporain: Laurens, Iliro, Calder, et 1'inévitable Picasso, génial caméléon de la sensibiliteé modarne. De reils rutilants, doux 4 la paume, illuminent les murs. Sur leur trame se détachent des motifs aux couleurs vives, reproduits & la main par les lissiers. Les arts décoratifs impli- quent une intelligente colla- boration entre L'artiste et l'artisan. En tapisserie, le peintre des cartons fait of- fice de créateur. Quant au ands rectangles, pa- “maitre lissier, il interpré- te, librement de nos jours, le modéle. Et il est saisis-— sant de découvrir le dessin ‘rapide des artistes d'avant- ‘garde reproduits sur le canevas par la lente patience du tapissier. Voici une "Nymphe" par Laurens. Elle danse, statue . fugitive, et l'indécis de a: ces lignes la suggére enlacée aux gestes équivoques d'un faune. " L'Araignée" de Calder, les yeux ronds et la bouche gourmande, agite ses pattes. Sur le champ enflammé de la tapisserie, des bestioles noires s'étirent, serpentent, s'étoilent, le monde vu par une tarentule! Tant de raffinements accu- mulés au cours des siécles obscurcissaient le domaine des beux-arts qu'il a fallu y promener le balai. Durant quatre cents ans la multipli- cité des teintures et le ; fignolage des détails ont des tapis de haute laine, fourvoyé la tapisserie. Il appartint & Lurcat de la re- mettre dans le droit chemin. Les maitres du Moyen-Age ignoraient la perspective et n'utilisaient qu'une vingtaine de tons, et ils ont laissé des chefs-d'oeuvre. Lurcat se mit & leur école. Il étudia avec ferveur 1'Apocalypse a' Angers. Il alla 4 Aubusson scruter les laines de 1'Ar- déche et de la Creuse, cha- toyantes ou sourdes. I1 se plut 4 les manipuler. Puis il fit cultiver des plantes pour teintures. Et quand il eut & sa portée les honnétes substances d'autrefois, il je- ta sur les cartons son expé- rience aigué de 1l'univers. Défense d'imiter Vart de la peinture! professait Lurgat. C'est pourquoi il se défendit de peindre ses cartons,s'in- posant d'en indiquer simple- ment les couleurs aux lissiers. De Picasso, nous admirons deux tapisseries. L'une, appe- lée "Masques" aux lignes vertes sur fond blanc, évoque une esquisse d'enfant ou de pré= histoire; l'autre, la plus belle, suggére une lettrine de manuscrit. Des volutes noires se tordent sur un fond rouge sang. Est-ce un L, un £, ou un 2 majuscule? Plus on l'admire, plus on s'y égare. Ce vigoureux artiste pétrit si fortement sa matiére, ta- bleau, céramique, ou tapisse- Tie, qu'on y retrouve toujours la griffe du lion. Une tapisserie de Miro vous tire les yeux. On s'y plonge comme dans un probléme d'esthé- tique pour tenter d'en ramener les secrets. Une orange géante, un croissant de lune, un bicor- ne espagnol, le casque du Cid, s'accrochent 4 une nuit de ve— lours. Cela vibre d'intentions inavouéges, et l'esprit s'irrite de ne pouyoir en cerner l'her- métisme. Quand il s'agit d'un langage ce point obscur, ne vaut-il pas mieux abdiquer la raison et s'abandonner & son propre réve?... Au-dehors, les batiments reculaient dans l'ombre. Les autos filaient sur l'asphalte mouillée. Dans le ciel nettoyé, la luhe se penchait, ironique. gt les objets de Miro se mirent & danser dans ma téte. Je pen- Sais aux fandangos de Carmen la Gitane, qui brfile d'ensorceler du feu de ses regards le pauvre soldat emprisonné pour elle. roues. ee bok AUTO-FRANCE ~— |Toujours bonne premiere, et pour bien moins cher. RENAULT? 10... Voyez-la chez AUTO-FRANCE, agence RENAULT Reparations et mise-a—point,de Renault, Peugeot, voitures de sport anglaises, Jean-Louis BOUCHER, propriétaire. ELLE, NE 1520 Clarke drive, Vancouver,6 Té1e.876-9836 . L'EST PAS! | Le Soleil,page 5,le 25 Octobre,1968 Solution VANCOUVER: Deux problemes qui sont une plaie pour les chauffeurs d'au— tobus sont en voie de solution, La Commission de la Circulation de la ville suggerera au conseil de ville, qu'a compter du quinze novem— bre, une plus grande partie des rues du centre de la ville soit interdite au stationnement, principalement de Robson a Hastings, sur la rue Gran- ville, et de Burrard a Carrall, sur la rue Hastings. Si le résultat est satisfaisant ce reglement pourrait devenir perma- nent. : On sait que les chauffeurs d'tautobus ont menace de declarer la greve si une solution n'etait pas apportee au probleme auquel ils font face quand ils repartent d'un arret et essaient de rentrer dans une file solide de voitures dont aucun chauf— feur ne vert ceder la place. “ Sculpture “idiote” VANCOUVER: Le conseil municipal vou- drait savoir comment il se fait que la sculpture ( décrite par le conseiller Ernie Breome comme idiote ) ait ‘€te choisie pour l'aéroport international de Vancouver, : Le conseil municipal a autorise le maire Campbell a ecrire une lettre au ministre des Transports, monsieur Paul Hellyer,demandant la raison du choix de cette sculpture de $25,000 dollars, Monsieur Broome a declare que meme si la sculpture etait installée a Rich- mond, cela regardait le conseil mmnici- pal de Vancouver,car le nom de la ville , est attaché a celui de l'aéroport. Ps ETES-VOUS ABONNE AU SOLEIL? IETTRE OUVERTE...suite de la page 2 eeoeeeooevovea eceeoeeeoeeeoeeeed: * Méme si vous aviez voulu, M. Kierans, porter un coup mortel a la presse quotidien- ne d’importance moyenne, vous auriez diffi- cilement pu imaginer un projet plus ingé- nieux que celui dont vous vous étes fait le parrain. Je connais votre attachement a la liberté de la presse et au droit des citoyens: a l'information. Je connais aussi votre apti- tude a modifier vos vues lorsque vous vous ' €tes trompé. C’est pourquoi j’espére que vous saurez reviser 4 temps les projets inaccep- tables et inéquitables que vous avez dévoi- lés dans le bill C-116. Je m’excuse de vous aypir .adressé cette lettre par la voie du journal. J’aurais craint, en vous écrivant privément, d’avoir l’air d’utiliser l’argument de la vieille amitié qui nous unit, dans une discussion ot seules des considérations d’in- térét public doivent entrer en ligne de comp- te. Claude RYAN (FABRIQUE AU CANADA) VOITURES SONT LE FAIT DU HASARD. L'ELEGANTE RENAULT 10.