La colére du monstre
‘Hitachi’

Par Jacqueline Favre

Si vous étes passés Rue Alberni,
vous avez peut-étre remarqué un
panneau ou était inscrit
“Development Permit Applica-
tion - 1728 Alberni, etc...” entre
deux vieilles maisons sans
importance; mais un jour de
février, tout a changé.

Les monstres du monde
mécanique, gros camions, tanks,
grues, semi-remorques, bulldo-
zers m’ont toujours impression-
née. Cela me vient peut-étre de
certains films ot le metteur en
scéne s’efforcait de nous montrer
le monstre-tank durant la
derniére guerre, passant partout,
implacable et vombrissant sans
jamais se renverser.

Eh! bien, dans cette rue
Alberni, d’ordinaire si calme, le
monde a changé. Je vois, avec un
peu de nostalgie et beaucoup
d’angoisse, un monstre qui en un
rien de temps avale et digére les
vieilles maisons qui s’écroulent,
impuissantes, comme des cha-
teaux de cartes. Ce montres rugit
et broie impitoyablement les pans
de murs qui se transforment en
“arétes” noiratres, ces pauvres
murs qui retentirent peut-étre de
joie et de cris d’enfants il y a plus
de cinquante ans. Le monstre
s'acharne, casse, pile et empile
dans un semi-remorque immense
-ces déchets grincgants et cra-
quants qui soupirent en un nuage
de sciure et de poussiére,

Parmi ce chaos, des chercheurs
de fortune munis d’un engin
magnétique tentent leur chance
pendant qu’un petit vieux charge
deux gros troncons d’arbre sur le
panier et le porte-bagage d’un
vieux vélo et, en un_ record
d’équilibre, entraine avec lui une
téte qui fut naguére un fier sapin.
Est-ce son arbre? est-ce sa
maison? Des badaudss’attardent,
des chauffeurs freinent, mais
qu'importe! rien n/’arréte le
progrés. I] faut que les
immeubles s’élancent dans l’espa-
ce en s'appuyant sur une base
minimale. Fini le patio, le jardin
familial, les places sont rares, le
terrain est cher...

Et toujours ce monstre qui, de
sa main maladroite, griffe et
mord, broie et digére, se
déplacgant lourdement en s’ap-
puyant sur son bras: articulé. Il
s'actionne, piétine, se met en
colére, écrase, coupe, arrache les
arbres, les clétures, lance son
membre diacier contre les
toitures, pulvérise les escaliers et
les murs, sa colére est sans
mesure! Ca y est! il ne reste plus
rien, la terre noire apparait,
quelques morceaux de bois rouge
oubliés et le monstre se tait: a
vous, les maitres du béton!

—€n vaut le coup. Les entre-

_ cient, entre autres, du

Actualité

Heéritage

Par Lise Brousseau

C’était la semaine du Patrimoi-
ne du 15 au 21 février dernier. A
cette occasion, l"honorable Tom
McHillary, minitre de ]’Environ-
nement, a reconnu plusieurs
édifices en Colombie-Britanni-
que, qui ont un _ intérét
patrimonial. Ils seront donc
préservés contre les assauts des
géantes machines de démolition
qui fréquentent les rues de la
province.

On sait que depuis de
nombreuses années en Colombie-
Britannique, beaucoup de gens
tentent via des réunions de
sensibilisation, des actions di-
rectes et la distribution de tracts,

Le Soleil de Colombie, vendredi 27 février 1987 - 11

d’impressionner le public afin
qu'il constate l’ampleur qu’'infli-
ge a Vhistoire, des gestes si
insouciants. Heureusement, cer-
tains sont protégés. Les édifices
désignés Héritage du patrimoine
fédéral de la Colombie-Britanni-
que, sont les suivants: la
Conserverie Gulf of Georgia et la
Conserverie Pacific Coast a
Steveston ; 4 Vancouver, |’ancien
Bureau de poste, et a Victoria,
l’Observatoire Gonzales, le Cha-
teau. Hatley et 1Immeuble
Malahat. Ces édifices sont classés
parce qu’ils possédent la plus
haute valeur patrimoniale. Les
édifices reconnus possédent une
valeur patrimoniale de deuxiéme
importance. Les voici: l’Immeu-

Semaine du patrimoine

ble Pacific 101, la loge d’entrée et
l’Aile Sud du pénitencier de la
Colombie-Britannique a New
Westminster; 4 Penticton, l’an-
cien Immeuble fédéral de la rue
Principale; 4 Salmon Arm,
l'Immeuble fédéral ainsi que
l’ancienne Conserverie Colonials;
a Union Bay, 1’Immeuble
fédéral; 4 Vancouver, |’Immeu-
ble R.V. Winch et l’Entrepot
d’examen des douanes; finale-
ment 4a Victoria, |’ Immeuble
Belmont et l’'Immeuble No D85
du chantier Maritime Esquimalt.

Ces édifices ont donc recu une
reconnaissance et, de ce fait,
seront soumis a des mesures
spéciales afin d’en préserver la
valeur patrimoniale.

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