SO a Et NN tee tt tN yf a Eee 4 ~~ Pre ri le 26 juillet 1968-Le-Soleil page 12 eee Lae kT Ce ee Pe PS ee eee CINEMA ROSEMARY'S BABY: la nouvelle maniére de faire peur Rosemary's Baby, un film de Roman Polan-= ski d'taprés le roman @ succés d'Ira Levine Avsc Mia Farrow,John Cassavetes,Ruth Gor- don,Sidney Blackmer, Maurice Evans. Vous qui aimez avoir peur au cinéma, vous qui adorez avoir des frissons partout, vous qui préferez aetout autre film une histoire bien sinistre, bien glacante, venez voir "Rosemary Baby's un che=d' oeuvre du gen- re vous attend. Finis les fan- tomes, finis les vampires, les squelettes tapis dans les pla- cards et. les toiles d'araignés Hollywood style:pour avoir peur désormais, il faudra aller voir un Polanski. Déja, avec "Repul- sion", il avait montre les si- gnes du renouvellement d'un genre. Avec 'Rosemary's Baby' il fait la preuve irrefutable que l'horreur, en 68 (enfint), est pass$e du frisson de peau au frisson psychologique, et ‘que rien ne fait plus peur, rien n'inquiéte davantage que l'ignorance (ou 1'impression de l'ignorance) de ce qui se passe vraiment sur 1 Tecrans "Rosemary's Baby" c'sst P“rrnits toire dvun jeune couple © (lui est comédien, elle est "ménagere") qui emménage dans un vieil appartement de New York. es rumeurs les plus folles courent sur cette mai- sons elle a abrité autrefois de célébres sorciers, l'inci- dence de suicides y est plus forte que dans n'importe quelle autre maison a apparte- ments de la ville, il y a un quelque chose de sinistre au- tour de la maison et de ses habitants. Mais y a-t-il des sorciers en 68? Non, bien stire Ctest ce que se disent Guy et Rosemary, et ils passent outre aux conseils et aux rumeurso Toute une suite d'évenements viennent alors s'ajouter les uns aux autres; une jeune fille LL LS jui habite l'tappartement voi- sin, avec un vieux couple, se jette par la ferneétre.. Rose=- mary et Guy deviennent les in- times de ce bizarre vieux mé- nage. Guy,qui est acteur et qui se cherchait des roles, a soudain sa chances un comédien devient tout a coup aveugle et c'est lui qui le remplace. Rosemary devient enceinte, mais plutot que de prendre du poids elle maigrit, elle ver- dit, elle fait peur a ses amis. Leur meilleur ami, un romancier tres curieux, tombe soudain inexplicablement maladeo Et puis, peu a peu, Rosemary dé- couvre la vérite. Ou ce qu'elle croit @tre la véritécoe Roman Polanski a réussi a eréer dans un film intolérable un climat d'incertitude, de doute, de peure Ses images, qui sont toutes magnifiques, ont toujours un quelque chose d'inquiétant, d'tinsolite. Ce qui ne veut pas dire que ses angles sont curieux, qu'il dé- forme les choses ou les éclai- re sinistrement; il © reus- sit a nous les rendre suspec- tes.. Son principe, en fait est celui des fous: il part d'une situation illogique, folle, invraisemblable, et batit au- tour un réseau d'évenements simples, ordonnés, logiques. On. tien sort plus. Il faut sou- ligner aussi 1'étonnante per- ‘formance de Mia Farrow. Je m'attendais un peu, comme ,tout le monde, a assister au dé - ploiement du maigrse talent de Mrs.Frank Sinatra. Il n'ten est rien: Mia Farrow posséde une présence, une autorité éton- natese Il faut souligner aussi la fantastique interpretation de Ruth Gordon, qui joue le role de Minnie Castevet, la vieille voisine, et la musi- que, qui ajoute a 1! ambiance crée par les images. René Homier-Roy | L*Absente ‘Le soleil du matin coule au seuil de ma porte Et le sentier qui luit me rappelle vos pase Vous tes loin, je suis tout seul, mais que m*importe Puisque le jardin clos ne se fanera pase Cette rose sanguine espére qu’on la cueilles Son calice frémit comme pour un baisere La goutte de fraicheur tremblante sur sa feuille Me rappelle vos yeux que ne puis oublier. L*oiseau dans le bosquet me chante vos paroles. Son poéme d*amour pareil A votre choix _ Allume mon esprit d'un feu d*images folles Comme quand je vous presse en de tendres émoiss Cette rose de flamme A fleur de la bordure, C*est votre coeur ardent que je veux respirer, Et je m*y pencherai, Belle, je vous le jure, A 1*heure mesperels ou je vous reverraie Aurel Litterature LA SAISON DES ARTICHAUTS De Réal Benoit, publié chez le Cercle du Livre de France Les saitsons se suivent mais ne se ressemblent pas. Apr3s Une saison dans la vie d'Emma- nuel, vient de pargitre, au Cercle du Livre de Francs cet- te fois, une autre saison, cells des artichauts, dgns la vie d'un certain Emmanuel. Cette nouvelle de 62 pages aurait tres bien pu avoir Sté ‘imaginée av coin d'une table en 62 seconde s. Réal Benoit a quand méme trouve le moyen de la diviser en quatre chept tre Crest la gradation qu'il a trouvée pour indiquer’ le pas- sage de la réalité au réve, du réve au mauvais réve, et du mauvais reve & la réeiité. Du début & la fin ce n'est gu'une révasserie et le narrateur est un soimembule iy se Sait. MG ants Stre "crotiant pas pour rire" pour écrire ine histoire pareille en 1968. Toute cette ré everis n'est que de l'ancien se so @ la-moder- ne puisqutelle n'est méme pas originale. Elle a éte larges. ment exploitée dans des films eu temps du romanti sme miel= 1eux de Sache Guitrye ‘Un jeune homme dssoeuvre achéte une maisonébandonnée dans -les environs d'un village Une belle jeune fille arrive “dans sa vie comme une appari- tion. L'amour nait, l'amour -meurt. La jeune fille dispa- rait et revoild le jeune hom- me seul. Du temps de Guitry on en- eee et ces histoires de char- - de poesie et d'infinies ae pn Pee NGrie: Réal Benoit est aride, banal et sans chaleur... Son style a quelque chose de mecanique qui canalise l'at- tention et empéche 1'imagina-* tion d'eller selon ss fantai- sie. Il fait un usege exces-. ‘sif de le virgule si bien que son texte tient du.reportage ‘qui doit donner une informa- _ tion prscise.. . Cette histoire chacun la connait par coeur et elle est: bien plus belle dans notre propre versicn. Cette nouvel- le es st une intrusion et une traitrise: il y a certaines pensées intimes, certaines delicatesses de ltesnprit qu! il faut respecter sinon tout devient lourdeur et banalité. Cette nouvelle est un peu le pave de lLtours. Voil& pour- ' quoi je dis qu'il faut vrai- ment @tre concombre ocur s- crire un navais comme La sai- son des articheuts. André Belisle a SO a a EL Re ce RD —_