Par Ladisias Kardos Voir ce qu’il y a 4 voir a Paris est une tache surhu- maine, qui demande 1’endu- rance d’un sherpa des Hi- malayas, |’ enthousiasme surhomme. environs immédiats, il y a 16 musées nationaux et 30 musées de la ville de Paris, 4 commencer par le Louvre, jusqu’au Musée de la Chas- se, en passant par le Pa- lais de la Découverte, le Musée de 1’Histoire de Fran- ce, le Musée de 1’Assistan- ce Publique, le Musée du Costume, de l’Homme, de la Marine, de Rodin, des Gobelins, le Musée Carna- valet, Cluny, etc, etc. Puis, il y a les Monuments Historiques, a commencer par la Conciergerie, les Vestiges du Mur de Philip- pe Auguste, l’Arc de Triom- phe, Notre Dame et des cen- taines d’autres églises, jus- qu’a une belle fontaine, dans une petite rue obscure du Marais. Et ces Monuments doivent étre vus le jour et aussi la nuit, quand ils sont féeriquement illuminés. Puis, il y a, je crois, 3000 galeries, qui exposent les oeuvres de 40 000 peintres et sculpteurs, de 1’art naif, impressionniste, expres- sionniste, abstrait, pop, op, jusqu’aux productions non- art de l’avant-garde de de- main. La visite du Louvre deman- de au moins une semaine, A condition qu’on marche trés vite et qu’on ait des yeux devant, derriére et sur les deux cOtés de la téte. Ce que je viens d’énumé- rer ne sont que les choses 4 voir, mais Paris a d’au- tres attractions 4 offrir. Les théatres : il y ena omme le et l’Odéon 6 subventionne ; Theatre Francali et 54 salles privées. Enplus, le hansonniers, les music-halls, le afe 4tres, le irques et inémas. femmes, il y thé- natu- d’un adolescent amoureux et | la capacité d’absorption d’un A Paris, sans compter les | aussi les boutiques du Fau- bourg St. Honoré, de la Rue de la Paix, de l’avenue de l’Opéra, ainsi que les pré- sentations de mode chez les couturiers, et les antiquai- res, depuis les plus chers du Quai Voltaire, jusqu’aux presqu’aussi chers du mar- ché aux puces, Porte de Clignancourt. Il y a aussiles restaurants, | les cafés, les bars, les bof- | tes de nuit, les dancings et les discothéques. Pour voir tout cela, pour consommer toutes les beau- tés, tous les apéritifs, tous les vins et tous les bons plats, il faut des armées de touristes. Grace au Mi- nistére du Tourisme, aux Compagnies Aériennes et aux Bureaux de voyages dans le monde entier, onles amé- ne d’un peu partout. En 1969, il y avait 4 397 O00 touristes a Paris, dont environ la moi- tié était frangaise et l’autre moitié étrangére. Cette invasion a lieu prin- cipalement pendant les va- cances et les jours de fétes de la belle saison et se trou- ve plus ou moins concentrée dans les quartiers autour de l’Opéra, les Champs Ely- sées, Montmartre et Mont- parnasse. La premiére tache d’un tou- riste 4 Paris est donc de faire un choix. Beaucoup passent leur temps 4 la ter- rasse du Café de la Paix a regarder les passants et en absorbant d’innombrables cafés ainsi que la poussiére des travaux de terrassement de la construction d’une nou- velle ligne de métro. Et pendant ce temps, le tou- riste moyen essaye de pren- dre une décision. Sa fem- me voudrait naturellement aller faire des achats, mais le touriste mA&le et marié, quoiqu’il ne puisse rien re- fuser 4 sa femme pour une fois qu’ils sont A Paris, est quand méme embété, car il trouve certainement, et avec raison, que d’étre 4 Paris, méme sans faire des achats est déja4 assez cotteux. | 4 la campagne. | Il y a des dizaines de mil- | liers de bons restaurants | dans la ville. " | mandez au concierge de vo- Donec, pour simplifier les choses, il se vend comme chair (non pas A canon) mais comme chair aux nombreu- ses agences de voyages qui débitent les beautés de Paris pour $ 4.00 la demi-journee. On peut naturellement aussi acheter ‘‘Paris by Night’’. Ce tour cofte, selon le cas, entre $ 4.00 et $ 10.00 et offre en plus des monuments illuminés, une coupe de Champagne dans deux ou trois boftes de nuit. Selon le prix, les boftes et le Champagne sont plus ou moins pauvres. Ces autocars énormes, A deux étages, servent plus a encombrer les rues de Paris qu’A faire circuler les tou- ristes. Je voudrais bien que nos concitoyens qui se plai- gnent de la circulation dans notre bonne ville de Vancou- ver, puissent goater de temps en temps aux plai- sirs de la circulation pari- sienne. Les embouteillages sont quelquefois gigantes- ques et interminables. Ils sont souvent provoqués par les camions de livraison, qui déchargent les bouteil- les pleines et enlévent les bouteilles vides des bistros. Ceci explique -bien l’origine du mot ‘‘embouteillage’’. La ville de Paris fait un grand effort pour améliorer la circulation. Elle construit des passages et des garages souterrains, des ponts, des boulevards periphériques ; elle institue des sens uni- ques compliqués ; elle im- pose des défenses de sta- | tionner ( non observees ). | Mais tout ¢a ne sert 4 rien, | car les constructeurs d’au- | tomobiles déversent leur) production, en nombre tou- | jours croissant dans atl rues de Paris, qui seraient si belles et pittoresques si | le piéton n’était pas empoi- | sonné par les gaz d’echappe- ment et menacé d’étre écra- | sé A chaque instant. Car l’au- tomobiliste parisien est le | roi de la rue. C’est un roi | énervé qui fonce. Le piéton | n’a qu’a faire attention. I] | se trouve dans les rues 4 | ses propres risques et pé- | rils. Le meilleur moment de voir | Paris est le dimanche ma- | tin, & Paques ou au mois | d’aoat, quand tout Parisien | qui se respecte est parti Revenons 4 la vie difficile |-d’un touriste 4 Paris. Aprés avoir vu le Louvre ou aprés avoir fait son tour en auto- car, il faut manger ; alors commencent les problémes. Si vous de- tre hotel, il ne vous en- verra pas nécessairement au meilleur, mais il vous | indiquera un restaurant qui | appartient 4 sa femme Ou | son cousin et si vous deman- dez A votre agent de voyages, il vous indiquera le restau- rant qui luipaye la meilleure | commission. Si vous deman- dez A un ami frangais, il sera peut-étre embarrassé, car les Frangais ne mangent | pas trés souvent au restau- rant, puisque c’est assez cher. La loi prescrit que les me- nus avec leurs prix soient affichés Al’extérieur du res- taurant. Il y a 3 menus touristique (le moins cher), gastronomique et super- gastronomique. Les prix va- rient entre $ 1.80 et $ 7.00, pourboire et vin compris. Souvent le touriste sera sé- duit par le maftre d’hotel et par les descriptions et noms alléchants des plats | et se lancera A choisir son ' repas 4 la carte. Alors, le pauvre est perdu! . Dans ce cas, le ciel est la limite. Un dfer chez Ma- xime ou A la Tour d’Argent peut facilement cofter $ 50.00 par téte de pipe, ou plus, selon les vins que vous choisissez, etc, etc. Une nuit sans sommeil, 4 la suite de plats trop cuisinés et de sauces trop compli- quées est incluse dans le prix. Les hdtels commencent lentement A se mettre a l’heure américaine, c’est- a-dire que dans la plupart on trouve déja, A cdté du bidet traditionnel, un mor- ceau de savon et méme un petit tube de pate dentifrice. Les prix dans les hotels varient de $ 6.00 jusqu’a $ 40.00 et plus dans les Hilton et Georges V. Il y en a pour tous les goats et pour toute durée. On peut et pour toute durée. On y peut séjourner depuis deux heures. dans l’aprés-midi pour les ‘‘trois A cing’’ des hommes d’affaires et les femmes du monde, jusqu’aux locations permanentes pour vieux célibataires qui ne veulent pas étre incommodés par les soucis d’un ménage. Il y a quelque chose de trés intéressant pour les touristes. Sur tout achat qui quitte la France dans un dé- lai de trois mois, le gou- vernement rembourse entre 15 et 20 %, l’équivalent de certaines taxes non appli- cables A 1’exportation. J’espére que ce que je viens de dire ne vous découra- gera pas, car 4 condition d’étre un touriste gentil et souriant, les Frangais se- ront également gentils et souriants. Naturellement, ils n’aiment pas les touris-], tes arrogants et exigeants comme il y en a beaucoup et qui croient qu’un pour- boire leur donne tous les droits. Pour bien voyager en Fran- ce ou ailleurs, il faut étre indulgent et patient. Si on se fache trop facilement, parce qu’tn chauffeur de ta- xi ou un gargon de café en profite, ce touriste ne perd pas seulement son ar- gent, mais aussi le plaisir de voyager. Il ne faut pas non plus essayer d’en voir trop. Qui trop embrasse, mal étreint. Puisque vous ne pouvez pas voir tout ce qu’il y a a voir dans le Louvre, allez y pour une heure ou deux. Visitez seulement deux ou trois sal- les en flanant, vous arré- tant pour voir un détail ou pour admirer une composi- tion grandiose. Un seul ta- bleau bien vu et apprécié vaut mieux que cinquante toiles apergues. Une curio- sit@ intellectuelle satisfaite ne compense pas toujours des pieds qui font mal. Et si vous @étes gentil et indulgent, s’il fait beau et si vous essayez de respirer l’atmosphére de Paris, de deviner son histoire et ses beautés, plus que de les voir et de les connaftre, vous ai- merez beaucoup Paris. Bien que New York se croit le centre mondial des arts visuels, que Londres soit le centre du marché des an- tiquités, Berlin le centre mondial du dynamisme, Pa- ris reste un centre culturel et historique, et de ce fait, une des bases essentielles de notre civilisation. Bon voyage. ze