VOLUME 8 - 11° EDITION- ISSN 1704 - 9970 Porte-parole de |’auteur, Frédérick déclare : « Les gens cultivés ont tou- jours une culture de retard, ils possédent les idées de générations précéden- tes, ils ont des gotits de vieux [...] C’est le boulevard qui a accueilli les poétes romantiques allemands, et c’est le boulevard qui vient de découvrir Shakespeare »(67). Schmitt lui-méme est joué dans les théatres populaires plutdt que dans les théatres subventionnés par I’Etat. Sa conception du théatre rejoint celle que ne cessait de répéter Moliére au XVII® siécle, & savoir que le théatre est fait pour plaire. C’est pourquoi Schmitt traite les sujets les plus graves de maniére a les rendre accessibles au grand public :« Parfois les sujets de mes piéces sont graves ou complexes, mais je veux les traiter d’une maniére qui les rende abordables, et j’ajouterai «aimables», rejoi- gnant ce que disaient si clairement les classiques : le théatre est l’art de plaire[...] Plaire, c’est tenir compte de |’autre, c’est l’intéresser, c’est l’a- mener, peut-étre, 1a ot il ne voudrait pas aller tout seul, c’est donc entrete- nir une vraie relation »(68). Mme Hsieh constate que c’est peut-étre 4 cause de sa grande po- pularité et du fait qu’il est joué dans les théatres de boulevard que Schmitt est plut6t boudé par le milieu universitaire francais, alors qu’a I’étranger il est plus équitablement évalué comme un auteur qui aborde des thémes uni- versels qui intéressent les spectateurs et lecteurs de toutes les cultures(5). Mme Hsieh étudie ensuite les autres écrits d?Eric-Emmanuel Schmitt, d’abord divers récits qui « sont de véritables perles de la littéra- ture francaise contemporaine »(112). Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, 2001, est sans doute le mieux connu, grace au film qui en a été tiré. Monsieur Ibrahim apprend au jeune Momo les legons que son expérience lui a données sur la vie. Le bonheur ne dépend pas des autres mais de soi. « Le sourire n’est pas réservé aux gens riches ni aux gens heureux »(95). Ibrahim a mené une vie paisible, celle d’un sage, et c’est peut-étre parce qu’il était adepte du soufisme, courant de l’islam qui met l’accent sur la religion intérieure. Il enseigne aussi 4 Momo le respect des autres. Puis, Mme Hsieh aborde |’étude des romans de Schmitt. Parmi ceux-la, notons L’Evangile selon Pilate, en 2000. Dans le prologue, le Christ donne une vision originale de sa vie. Suivent les lettres que Pilate écrit 4 son frére Titus, 4 Rome. I] examine les événements qui sont arrivés aprés la mort du Christ, et qui aménent Pilate 4 perdre ses certitudes de citoyen romain pour entrer dans |’ére du doute, peut-étre un premier pas vers 19