Informations internationales | pei: ne La Grande- Bretagne “europeenne” PARIS — Le premier minis- tre britannique, M. Edward Heath a quitté Paris hier soir avec le senti- ment d’avoir atteint, au cours de ses douze heures d’entretiens avec le pré- sident Georges Pompidou les objectifs qu’il s’était assignés, indique-t-on de source diplomatique informée. Le. ré- sultat principal des conversations, sou- ligne-t-on de méme source, est que le président Pompidou et M. Heath sont convenus, qu’il existe déja une com- préhension mutuelle suffisante pour qu’il soit “‘souhaitable et possible’ de parvenir, au cours des prochaines séances de négociations au mois de juin, 4 un accord sur les problémes qui n’ont pas encore été résolus a Bruxelles, notamment la contribution britannique au financement commu- nautaire et la Nouvelle-Zélande. En ce qui concerne le financement, MM. Pompidou et Heath ont laisse aux négociateurs de Bruxelles le soin de parler des chiffres. Sur la Nouvelle-Zélande, M. Heath a expliqué l’importance que l’Angleterre attache au probléme tant d’un point de vue sentimental que commercial et politique et il en est résulté une meil- leure compréhension qui lui permet de penser que MM. Maurice Schumann et Geoffrey Rippon pourront trouver une solution satisfaisante. : Sur d’autres points de la discussion, qui ne figurent pas spécifiquement dans le communiqué on recueille, de méme source, les précisions suivan- tes: 1—Le sterling, monnaie de réserve: M. Heath a exposé la politique britan- nique A ce sujet et il en est résulté, la aussi, une compréhension mutuelle plus approfondie sur l’angle dont le probléme doit étre abordé. La position britannique est que l’An- gleterre ne tient pas a ce que la livre conserve le réle de monnaie de ré serve. Elle est disposée a discuter de Vavenir du sterling a condition A que la Grande-Bretagne n’en supporte pas un fardeau supplémentaire. B) que les détenteurs de sterling, qui ne sont soumis a aucune obligation a cet égard, soient pleinement consultés. C) que le processus ne cause pas de troubles dans le systéme monétaire international. Le probleme continuera a étre constamment discuté. 2—Les problémes de défense: au cours de la discussion sur le réle futur de |’Europe vis-a-vis du reste du monde, MM. Pompidou et Heath ont abordé les problémes de défense y compris ceux de la défense nucléaire mais sont convenus' qu’ils devront faire l'objet d’une discussion plus ap- profondie a l’avenir. 3-Le probléme linguistique: M. Heath a donné |’assurance a M. Pom- pidou que la Grande-Bretagne ne sou- haite aucunement limiter l’usage des autres langues au sein des organismes de la Communauté européemne, lors- qu'elle y aura adhere. Il a souligne aussi les efforts qui sont faits en Grande-Bretagne pour approfondir et élargir la connaissance de la langue et de la culture francaise parmi les jeunes Britanniques. 4Questions extra-européennes: le Proche-Orient et l’Indochine ont été tout juste mentionnés dans la discus- sion, d’une facon, dit-on, marginale. L’ensemble des entretiens a porté sur l'Europe et son role dans le monde, ses relations avec l’Amérique, les pays socialistes et le Tiers- Monde. II reste, bien entendu des su-| — jets de divergence comme l’a dit M.} Pompidou et il y en aura toujours, sinon, on ne vivrait pas sur terre, mais dans l’utopie. Mais disent les milieux diplomatiques, ils n’empéchent pas de vivre. Un mort et des blesses a Belfast BELFAST » — Vingt perscn- nes ont éte blessées a Bel- fast. par l’explosion d’une bombe dans une salle de bal. L’engin a été lancé a travers une fenétre. Les blessés ont été transportés dans les hépitaux de la ville mais leur état n’est pas jugé trop grave. Un soldat britannique a été tué ce matin a Belfast dans une embuscade. Le véhicule dans lequel il se trouvait a été mitraillé par des terroristes. De nouveaux accrochages se sont produits hier 4 Belfast entre manifes- tants et militaires britanniques. Les soldats ont a nouveau réagi avec fer- meté et rapidité, tirant des projectiles en caoutchouc pour disperser les per- turbateurs dans le quartier de New Lodge. D’autre part, un porte-parole de Varmée a annoncé que les militaires avaient recu pour instruction de réa- gir avec une sévérité exemplaire a toute tentative de manifestation vio- lente. L’officier a ainsi confirmé que l’atti- tude ‘‘déterminée” dont les militaires avaient fait preuve jeudi soir s’inscrit dans un plan délibéré de riposte effi- cace pour tenter d’éviter un nouvel “été chaud’ dans les faubourgs de Belfast. Le député nord-irlandais, Paddy Kennedy qui avait été arrété par l’ar- mée dans l’aprés-midi a Belfast, a eté relaché, Les soldats avaient arrété tous les clients d’un “pub” o se trouvait M. Kennedy, ceux-ci ayant refusé de dé- noncer quatre manifestants qui s’é- taient réfugiés dans 1’établissement. Les autres clients, a l'exception de sept personnes, ont également été re- lachés. D’autre part, les forces de l’ordre ont arrété treize personnes au cours des accrochages qui se sont déroulés hier aprés-midi entre soldats et mani- festants dans le quartier de New Lodge Street. Des soldats des ‘*Royal Highland Fusiliers’’ (une unite britannique stationnée en Irlande du Nord) appréhendent un émeutier (que l’on ne peut pas voir sur la photo), tandis qu’il tente de chercher abri dans un immeuble situé dans le quartier catholique de Belfast. Les désor- dres ont commencé dans ce quartier aprés que des travailleurs ou- vriers quittant leur manufacture de tabac furent attaqués 4 coups de pierres, par des manifestants de la religion antagoniste. Egyptien WASHINGTON — “Nous ne sommes pas découragés’’, a déclaré hier M. Charles Bray, le porte-parole du département d’Etat, en guise de commentaire au message transmis jeudi & Washington par le gouverne- ment egyptien. M. Bray a refusé de dire si ce mes- sage, faisant suite au discours tres ferme prononcé par le président Sa- date devant _|'Assembléee nationale, constituait un contre-temps ou un pro- grés dans les efforts des Etats-Unis pour faciliter un accord entre |’E- gypte et Israél sur la réouverture du canal de Suez. “Nous allons continuer a étre en contact avec les parties’, a-t-il dit, sans vouloir préciser si le message remis jeudi par le ministre égyptien des Affaires étrangéres, M. Mahmoud tiad a M. Donald Bergus, le repré- sentant des Etats-Unis au Caire, com- portait une communication égyptienne devant étre transmise a Israél. Dans son discours devant |’'Assem- blée nationale, le président Sadate avait déclaré que |’Egypte maintien- drait intégralement les trois conditions qu'elle pose pour un accord intéri- maire sur la réouverture du canal et n’avait plus l’intention d’échanger de notes diplomatiques a ce sujet tant que le gouvernement ameéricain n’au- rait pas fait pression sur Israél pour e faire céder. Pas un coup d’Etat Par contre, une semaine exactement aprés la dénonciation par le président Sadate d’un “‘complot’’ fomenté contre lui, et sous réserve de révélations sen- sationnelles de l’enquéte judiciaire en cours, les éléments du dossier connus jusqu’é hier ne donnaient pas |’'im- pression d'une entreprise de subver- sion de bien grande envergure. Les principaux faits ont été rendus publics par deux sources: les discours du pré- sident Sadate des 14 et 20 mai et l’ar- ticle de M. Mohammed Hassanein Heykal dans le numéro d’ “Al Ahram” d’hier. Le fait matériel le plus grave dont ait fait état le président de la Répu- blique est que ses adversaires aient disposé autour de |’immeuble de la radio et de la télévision au Caire des policiers en civil pour l’empécher éventuellement de prendre la parole. C’est a ce sujet qu'il a employé le mot de “coup d’Etat”. Le redacteur en chef d’“‘Al Ahram’’, pour sa part, n’a pas employé le mot de “coup, d'Etat”, mais simplement de ‘‘ma- noeuvres”’, de “‘manigances’’. Celles-ci sont les suivantes: — les quatre mi- nistres, amis du ministre de 1|’Inté- rieur, M. Chaaraoui Gomaa, évincé par le président Sadate, ont démissionné pour tenter de paralyser |l’action du chef de |’Etat en créant une sorte de vide du pouvoir. Les leaders de 1’Union socialiste arabe ont projeté d’organiser des ma- nifestations pour forcer le président de la République a reprendre les mi- nistres démissionnaires. Seul, M. Hey- kal a évoqué !’aspect ‘militaire’ de lVaffaire en situant le réle de |’ancien ministre de la guerre, le général Mo- hammed Fawzi. XVI, LE SOLEIL, 28 MAI 1971