Editorial par Reine Degarie ly adix ans seulement, ceux qui parlaient d’écologie pas- Saient encore pour des hurluberlus. Depuis un an, nous vivons un revire- ment quasiment complet des menta- lités. Presque tousles Canadiens sont devenus conscients que la planéte est gravement menacée. Bon nombre des 27 millions de Canadiens souhaitent dépasser ce stade et s'engager. Ils comprennent l'urgence de passer 2 l’action d'ici les dix prochaines années. Certains ont déja commencé, d'autres ne savent trop que faire. Plusieurs estiment qu'il faut aussi exercer davantage de pressions au- prés des décideurs — gouvernemen- taux, commerciaux, industriels et scientifiques - pour créer une nou- velle gestion des affaires de la pla- néte. En fait, il existe une volonté po- litique d'agir, mais elle demeure fra- gile. Le public doit exiger que des ges- tes. concrets soient posés pour.assurer, a temps, la quérison des blessures de notre planéte. ll ne s'agit pas simplement de par- ler ou de s'alarmer des dangers fla- grants et de plus en plus évidents qui nous menacent, mais de faire face ala réalité et de reprendre le sortde ia terre en main. On ne peut plus pointer du doigt un seul responsable ou isoler un seul facteur : le phénoméne est mon- dial et l'urgence d'agir nous conceme tous. Les changements déja amorcés, et & généraliser, se situent autant au point de vue des attitudes et comportements individuels que des pouvoirs publics. Nous faisons face au dilemme suivant: disparaitre ou réduire notre train de vie et payerle prixnécessaire auréaména- gement de nos priorités. Nous tenons la réponse dans nos mains. Ce cahier spécial sur l'environne- ment veut justement refléter les réles respectifs que nous jouons et devons jouer dans cette grande quéte pour un environnement plus ‘sain. Au long de ses pages, des articles temoignent de la réappropriation de l'environnement que des Canadiens, comme vous et moi, ont entrepris. Nous exposons un bilan de la situa- tion environnementale dans le cadre d'une entrevue avec un pionnier en écologie au Canada, Pierre Dansereau, et une table ronde de représentants de divers groupes écologiques. Puis, sui- vant quatre grands themes : I'air, les sols, l'eau et!'urbanisation / industriali- sation, nous présentons des initiatives entreprises a divers échelons et dans divers secteurs d'activité de la société canadienne. Chaque section est intro- duite par un survol de la situation. Les projets décrits touchent une sélection - dinitiatives individuelles, communau- taires, scolaires, municipales, indus- trielles, commerciales etgouvernemen- tales. Certains de ces cas résultent de l'action concertée entre divers paliers diintervenants. L'urgence d’agir nous concerne tous ll n'est pas rare de croire que les beaux parleurs sont de petits faiseurs ou que les promoteurs de grands pro- jets sociaux ou professionnels ne se préoccupent pas de mettre en pratique leurs belles idées dans leur vie person- nelle. Nous avons donc décidé de véri- fier exactitude de ces croyances po- pulaires auprés des interviewés. Ala fin de chaque entrevue, chacun a di ré- pondre & une question identique : mentionnez quelques habitudes que vous avez adoptées, au plan individuel ou familial, pour contribuer a l'améliora- tion de l'environnement. Les réponses révélent divers de- grés de sensibilisation etd’engagement. Elles laissent cependant entrevoir que notre société est peut-étre en train de réussir le dur passage de la réflexion a l'action. Nous avons largement hypo- théqué l'avenir de notre planéte, nous avons tous une part de responsabilité a assumer a cetégard et nous avons tous l'impérieuse obligation de jouer un réle dans sa solution. Les petites et les grandes actions amorcées permet- tent d'espérer que la restauration de notre planéte surviendra a temps. Atitre de rédactrice en chef, je me préte au jeu de la question posée a tous. Entre autres, j‘airepris d'ancien- nes habitudes de mon village natalen Gaspésie. Avec des voisins et amis, au lieu d’acheter chacun pour soi des outils que nous utilisons seulement quelques fois par année, nous nous les prétons et les échangeons au besoin. Quant aux vétements, meu- bles et livres usagés, je les revends lors de ventes bric-a-brac individuel- les ou communautaires ou je les donne. Aussi, comme jai la chance dhabiter une municipalité qui distri- bue les boites bleves de cueillette sélective des déchets, j'y contribue réguliérement. Avec encore des ré- serves, j abandonne progressivement l'usage de certains produits domesti- ques toxiques. Je promets dy voir de plus prés a l'avenir. Pour le Canada de Il’an 2 020 Les jeunes veulent par Marc Pichette A u Canada, dés septembre prochain, grace au programme national d'éducation environnementale «Visions 2 020», plus de 100 000 jeu- nes Canadiens auront l'occasion d’ex- primer leur vision sur ce que devra étre le Canada enl'an 2000. Ce projeta été créé par l'organisme d’éducation envi- ronnementale «Public Focus» suite au dépét du rapport de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement. L’Organisation des Nations-Unies avait demandé a la Commission mon- diale sur l'environnement - mieux con- nue sous le nom de Commission Brun- tland - d’étudier la délicate question de l'environnement et du développement. Le rapport de la Commission, intitulé «Notre avenir a tous», introduit un nou- veau concept, celui du «développe- ment durable». Le développement durable, tel que défini par la Commission, signifie une utilisation des ressources qui soit en harmonie avec l'environnement afin de Sauvegarder ce patrimoine naturel pour les générations futures. L’une desrecommandations les plus importantes de la Commission Brun- tland vise la mise sur pied d'une vaste campagne d’éducation, auprés des jeunes, sur l'approche du développe- ment durable «afin qu’ils puissent dé- velopper une vision de l'avenir de la prospérité économique tout en s'assu- rant que |’équilibre de |’écosystéme soit sauvegardé». C’estdevenul'élémentdéclencheur du projet Visions 2 020. Tom Green en est le directeur. M. Green précise I'ob- jectif mis de l'avant par Public Focus avec le projet Visions 2 020: «On en- courage les étudiants 4 comprendre la question du développement durable, a voir comment on peut concilier écono- mie et environnement, de regarder ce que I'an 2 020 pourrait étre si on ne fait un développement durable nadiens, en débutant par |’Ontario. Dés mai 1989, M. Green a lancé un appel auxécoles secondairesontariennes afin = les finissants indiquent leurs vi- fourni aux enseignants toute la docu- mentation requise sur les thémes choi- sis par les étudiants. lls ont ainsi élabo- ré leurs visions a la lumiére de la pers- Courtoisie: Public Focus Des jeunes relancent le débat sur la protection de l'environnement. rien comme de s'interroger sur l'avenir de la planéte si on agit maintenant.» Dans les écoles secondaires L’organisme «Public Focus» a déci- dé d'entreprendre la mission d’éduca- tion environnementale des jeunes Ca-,, sions du Canada tel qu’ils aimeraient y vivre ety travailler enl'an 2020. Douze thémes environnementaux sont sug- gérés dont ceux de la gestion des déchets et de la qualité de lair. «Si on veut étudier les problémes” de fagon sérieuse, I'éducation doit se faire d'une fagon adéquate,» précise le directeur du projet. Fumakocusace Pep pective gouvernementale, de celle de l'industrie et de celle des groupes éco- logiques. Suggérer des facons «Ce n'est pas simplement une question de lancer des slogans qui -disent.de recyclet vos: déchets. Vous taba? Scbpesabsavekastienittsdd _ oes ee TR eet devez aussi suggérer les facons de re- cycler, souligne Tom Green. Nous sommes pour la bonne éducation envi- ronnementale, nous voulons aider les éléves a prendre leurs propres déci- sions, il s'agit la d'une grande diffé- rence ...» Plus de 6 000 étudiants ontariens . ont participé a la rédaction du docu- ment final qui résume leurs prises de positions. «lls ont fait les liens eux- mémes, précise Tom Green. Leurs réponses ont démoniré leur compré- hension de la complexité de la situation mais, aussi, qu’ils ne désespérent pas. Certaines suggestions ont le mérite de relancer le débat sur la protection de l'environnement.» Par exemple, les étudiants d'une école secondaire de London se sont attaqués au probléme dela pollution de l'atmospheére. «L’Ontario devrait amé- liorer le développement du transport en commun (tramways, train, autobus) et favoriser le covoiturage. Les autres objectifs sont, pour des courtes distan- ces, d'utiliser la bicyclette plutét que l'automobile, ou de marcher». «Public Focus» se prépare mainte- nant a implanter Visions 2020 travers tout le Canada. Dés septembre pro- chain, il devient un programme natio- nal. Il sera offert en francais et‘en an- glais. Avec son nom, M. Green sembiait prédestiné a la cause environnemen- tale, qui déborde d'ailleurs dans sa vie de tous les jours depuis longtemps: «Je n'ai pas d'automobile, je me proméne beaucoup a pied, je composie, je recy- Cle, je n'achéte pas des choses trés emballées. Je fais partie d'un groupe qui tente de préserver l’escarpement du Niagara.» Marc Pichette est courriériste parle: mentaire a Toronto. ee a * § ai «sejqesuodse ep suo /Z» ‘UeWeUUO! AUG