Arts et , spectacles Par Ladislas Kardos Un jeune homme, qué sa femme vient de quitter, se regarde dans la glace et trouve qu’il n’est pas trés beau, pas trés fort, et pas trés intelligent et surtout pas trés séducteur. Par contre il est timide, plein de complexes d’infériorité et il réve A ce que savie serait s’il était comme son idole Humphrey Bogart. C’est donc un jeune homme, comme il y en a des mil- liers, trés ordinaire a4 qui arrivent des choses extraor- dinaires. Son meilleur ami, Dick, spéculateur et homme’ d’affaires affairé et sa trés jolie femme, Linda, font de leur mieux pour sortir le pauvre Allan de sa misére et de sa solitude aprés le départ de sa femme. Is arrangent des rendez-vous avec toutes sortes de filles, sans toutefois pouvoir em- péther que Allan, par sa maladresse et sontrop grand désir de séduire, décourage chaque demoiselle dés la premiére rencontre. C’est surtout Linda qui s’intéresse A Allan. Elle s’ennuie un peu, son mari s’occupe trop de ses af- faires, et pas assez d’elle (choses qui arrivent dans la vie). Elle aussi est un peu hypochondriaque, elle aussi a des angoisses et des complexes et il paraft donc inévitable qu’elle s’attache de plus en plus 4 ce mal-_ heureux Allan. Dick part en voyage (chose qui arrive 4 beaucoup de maris) et Linda passe la soirée avec Allan. Malgré les maladresses de ce dernier, et malgré sa mau- vaise conscience 4 lapensée_ de Dick, il arrive, ce qui arrive souvent dans la vie, il couche avec la femme de son meilleur ami. Il y arrive grace aux encouragements de Linda et gr&ce aux conseils du fantOme de Hum- phrey Bogart, son idole, qui apparaft de temps en temps, pour lui dire comment un homme fort doit se compor- ter pour faire son choix parmi les beautés qui s’of- frent A lui et qui ne de- mandent pas mieux que d’ étre brutalisées par unhom- me fort et dur. : Bref, Allan passe une nuit merveilleuse avec Linda. Elle l’assure qu’il était magnifique, que sa per- formance était inoubliable. Allan, pour la premiére fois de sa vie se sent Humphrey Bogart. Malheureusement, pas pour longtemps. Il ne peut pas accepter l’idée d’ avoir trompé son meilleur ami. [1 a peur, il se voit déja tué par un Dick, fou de jalousie ou il voit un Dick désespéré se suicider. La seule valeur dans sa vie, son amitié avec Dick s’é- croule. Dans cette misére morale le fantéme de Hum- phrey Bogart lui conseille de laisser tomber simplement Linda et de trouver une autre femme. Sur ses offres de remordse arrive Dick, retour de voy- age, inquiet de retrouver sa femme, qu’il a en vain es- sayé toute la nuit de re-. joindre A la maison par télé- phone. Il se rend compte qu’il a trop négligé Linda, il pleur et promet 4 Allan de changer et de s’occuper d’avantage d’elle, puisqu’il V’aime et ne pourrait pas vivre sans elle. etc. etc. Il demande conseil et aide 4 Allan pour retrouver Linda. Vous pouvez vous imaginer l’état d’ame, dans lequel cette entrevue laisse Allan, d’une part fier de sa conquéte et d’autre part écrasé par ses remords. I] est hors de lui et decide fermement de rompre avec Linda pour la renvoyer 4 Dick. Mais comme souvent dans la vie des faibles, leur résolution de commetre un acte héroi- que tombe 4 Veau et devient inutile. Les choses s’arran- gent toutes seules sans qu’ils aient besoin de prouver leurs forces. : Linda revient pour lui dire, que la nuit était merveil- leuse, mais qu’elle lui a révélé A quel point elle aime vraiment son mariet que son égarement d’une nuit, aussi agréable qu’il ait pu étre ne pourra pas avoir de suite. Soulagement général. Allan est content, Humphrey Bo- gart est content, et le public est content, mais quand méme un peu inquiet parce- qu’il ne sait pas encore 4 ce moment comment la piéce se terminera. Il y atoujours la possibilité que Linda ne puisse pas expliquer A Dick son absence nocturne. Dick aurait naturellement par- donné A sa femme (chose qui arrive souvent dans la vie), mais n’aurait jamais pardonné a son ami. Mais, Allan Anderson et Merve Campone - “dans la piéce ‘comique] de Woody Allen ‘‘ Play It Again Sam’’ au théatre Arts Club. heureusement Dick ne sait rien et ne saura jamais rien avant que la piéce se ter- mine. Allan a trouvé une confiance en lui-méme, ce qui lui améne automatique- ment des femmes, ce qui _confirme une vérité trés an- cienne. Dés qu’un homme s’arréte A courir les jupons, les jupons commencent 4 courir aprés lui. Cette histoire, 4 fond pas trés originale, est joué avec une grande maftrise. Otto Lowy, le directeur en a fait un drame humain et- émou- vant ot chaque homme et chaque femme peuvent se voir 4 un moment ou autre de sa vie. Le dialogue est trés drdle, les repartis spirituelles et les deux acteurs principaux Allan Anderson (Allan Felix) et Shirley Milliner (Linda) sont excéllents. Les trois autres acteurs, Merv Cam- pone (Humphrey Bogart), Bill Buck (Dick), et Gerry Claman (Nancy, la femme de Allan) sont également trés bons. Il y a aussi septfilles, qui apparafssent et dispa- rafssent dans la vie de Allan, soit en réaiité, soit en réve. Otto Lowy les a recrutées parmi les étudiantes de la classe théatrale de Vancou- ver City College. Otto a du goat. Les filles sont trés jolies. En général, j’aime aller au théatre de l’Arts Club. Il y a toujours une atmosphére trés agréable, une communi- cation trés directe entre les acteurs et le public, qui ne sont’ pas séparés par un ri- deau, ni par une scéne sure- levée ou une fosse. Le public fait presque parti de la piéce et les acteurs qui y jouent, bien qu’étant des profession- nels quiconnaissent admira- blement bien leur métier, donnent souvent l’impres- sion d’étre des amateurs, e’est a dire, de*faire ‘ce qu’ils font par amour et non pas pour de l’argent. Depuis que cette piéce a commencé, le théatre est comble. Je vous conseille vivement donc de vous pro- curer des billets 4 temps pour ne pas manquer cette soirée, que je considére étre la meilleure que nous ayons passé cet hiver au théatre. Telethon La maquette du foyer pour enfants arriérés qui seraconstruit gr&ce au travail et De nombreuses personnes se sont réunies au theatre du Queen Elizabeth samedi der- nier pour participer a un nier pour participer au Vari- ety Club Telethon annuel qui a pour but, d’amasser des fonds destinés, cette année & un foyer pour enfants ar- riérés 4 U.B.C. De nombreux groupes lo- caux ainsi que des persona- lités de la télévision étaient venus pour faire de ce Tele- thon un ‘happening’ sublime. Pendant prés de vingt heures le public au théatre ainsi que les téléspectateurs ont pu voir et entendre entre autres la chanteuse Rosemary Clooney, les vedettes du peo- gramme Adam-12, Martin Milner et Kent McCord, Jodie Drake, la chanrmante et poignante chanteuse de ‘blues’, Kay Turner du ‘Pig and Whistle’. Ce qui m’a impressionné, ce n’était pas seulement le dévouement des bénévoles et des artistes, mais aussi l’ambiance de participation en acuité harmonieuse de la -en acuité harmonieuse. Il était étonnant et plus qu’ agréable de voir, par exem- ple, que les étudiants de B.C.I.T., qui ont personnel- lement des moyens limités, avaient réussi A récolter $10,000.00. Par contre, il n’y a eu que de minimes contri- aux efforts du Variety Club. butions venant des grandes maisons. Bref, ce genre de programme fait ressortir la génerosité ainsi que son ab- sence A travers notre com- munauté. L’organisation et la parti- cipation de cette soirée é- taient des meilleures et l’on peut dire qu’elle fut carac- térisée par une abondance de ecompréhension humaine ex- primée par tous. Daniel P. LE SOLEIL, 18 FEVRIER 1972, Ix