mission. Les Indiens et quelques Blancs du fort de la Compagnie de la Baie d’Hudson (Fort St-James) les aidérent genéreusement —méme les protestants—. Durant les sept années suivantes le pére LeJacq fut supérieur de la mission de Stuart Lake, couvrant un territoire de 122,000 milles carrés et comprenant environ 3,000 Indiens et quelques Blancs. Louis Billy Prince, agé de dix ans quand la mission fut fondée, se souvient que le pére était un saint homme qui marchait des milles et des milles, les pieds en sang et ne mangeait qu’un seul repas par jour: “Quand je vois le Pére LeJacq mon coeur pleure, il vient de Babine, il marche, sa couverture, son autel portatif, ses provisions sur son dos. Et quant il vient il couvre ses pieds avec sa soutane parce qu’il n’a pas de bas. Mais je vois qu'il y a du sang dans ses chaussures.” Racontant lui-méme I’un de ses voyages il écrivit a Mgr d’Herbomez en 1872: “J'ai tous les avantages des mauvais che- mins. Pendant des milles entiers, on marche sans toucher le sol, sur des troncs d’arbres, 4 une hauteur de 15 a 20 pieds, quelquefois plus puis on trouve des marais ow I’on s’enfonce dans la boue jusqu’a la ceinture, des montagnes a pic dont la cime se perd dans les nues et qu’il faut escalader, des torrents qu'il faut traverser sur des ponts composés d'un seul tronc d’arbre. Des moustiques altérés de votre sang vous harcellent sans cesse, et pour donner le dernier coup au tableau je dois vous dire que la pluie ne cessa pas de tomber. . . LE PERE LEJACQ A KAMLOOPS En 1880 le pére LeJacq fut rappelé a New Westminster et envoyé a Kamploops comme supérieur de la mission St-Louis. Les Indiens de cette mission n’étaient pas habitués de voir le prétre. Il voyageait seul et était exposé a bien des dangers. C’est la qu’il commenga a souffrir de la maladie qui devait le faire mourir: le cancer de l’intestin. Il demeura a la mission St-Louis jusqu’en 1891, année ou il prit charge de I’école industrielle de Williams Lake. Quelques Indiens se souviennent encore du pére LeJacq: Christine Roper, une vieille Indienne de la réserve Alkali Lake, allait a l’école indienne Cariboo, a la mission St-Joseph, quand le Pére LeJacq était principal: “Il n’était pas trés grand, mais il était trés mince. II était certainement bon avec nous, les enfants. .“ il nous lisait des histoires tirées de 6 JEAN-MARIE LEJACQ, O.MLI. l'Ancien Testament . . . il pouvait parler a tous les Indiens dans leur propre langue.” et Tony Wycotte dit: “Il était trés bon, mais il navait peur de rien. Plusieurs fois il a confisqué des couteaux a des garcons qui cherchaient chicane.”° SA MORT Cette mission devait étre la derniére, le pére LeJacq dépérissait. En 1891 il fut opéré a ’hopital de New Westminster; l’opération fut un succés et aprés une convalescence de trois mois, il retourna a Williams Lake. Mais il lui était défendu d’aller en mission. II ne s'est cependant pas reposé et il a continué de se dévouer a I’école de Williams Lake jusqu’en 1898. Durant les derniéres années de sa vie, il parlait beaucoup de son pays natal, la Bretagne. Finalement la maladie continuant ses ravages, il dat quitter Williams Lake et retourner 4 Mission City ot il mourut a I’hépital de New West- minster, en 1899. Il fut inhumé dans le cimetiére oblat de Mission City. Le pére Jean-Marie LeJacq qui fut surnommé par le pere Gabriel Morice “le prince des missionnaires indiens”'® est honoré en Colombie Britannique, par |’école indienne fondée en 1922 qui porte son nom “école Lejac” (sic), un bureau de poste et un lac.!! 1. Missions de la Congrégation des missionnaires oblats de Marie Immaculée. tome 6, 1867. 2. Lardon, F. 0.m.i., Oblate Pioneers in B.C. Father J.M. LeJacq o.m.i., The Monthly Bulletin, July 1917. 3. Missions. . . op. cit. 4. Thomas, R.P. 0.m.i., Un breton, Petites annales de la Congré- gation des missionnaires Oblats de Marie Immaculée, p. 63. 5. Cronin, Kay, Cross in the Wilderness, Mission Press, 1959, p. 102. 6. Archives Deschiatelets. 7. Cronin, op. cit. p. 130. 8. Thomas, op. cit. p. 349. 9. Cronin, op. cit. p. 134. 10. Carriére, Gaston, 0.m.i., Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immaculée du Canada, vol. 2, Ottawa, 1977. p. 305. 11. Idem Carriére.