RE £ TROIS JOURS. A VICTORIA (suite et fin) it -‘daires fleuris. Victoria est une petite ville et bientdt on éprouve le be- soin d’en explorer les alen- tours. Ce que j’ai-fait le lendemain dans un autobus 4 impériale. De mon per- choir je domine les lampa- Les bran- ches des arbres nous fus-. tigent au passage. Le quar-. tier des Uplands est un éden« Nul griffonnage n’y dérange le plaisir esthétique, l’élec- tricité se distribuant par ca- bles souterrains. Mais pourquoi tous ces chiffres dont chauffeur nous ac- cable £ Changez de disque, cher Monsieur. Que m’im- portent les prix des villas et leurs taxes. Parlez-moi! plutdt de ce nouveau riche: qui fit édifier pour sa fem-__ me un castel écossais 4 multiples cheminées, et qui mourut sans en profiter lui- méme. La végétation, ences parages, est fort diverse ;; pins maritimes, pruniers du: Japon, fleurs multicolores: et odorantes. Au bord de la mer, des pierres noires et volcaniques émergent entre les gazons. Les arbustes de la cdte, penchés et médi- tatifs, ressemblent 4 de, vieux matelots vofités par. les rafales. : Nous repassons par Bea- con Hill Park. [1 fait bon y flaner. Un pont en dos d’ane surplombe un étang aux eaux vertes ot pas- sent cygnes et canards. De vieux messieurs, l’air d’of- ficiers retraités, leur jet- tent du pain. Les ramures des arbres créent dans 1’on- de un monde qui tremblote. Des cadets de la marine jouent sur un kiosque des marches .de Souza. Des ca-_ naris 4 robe jaune s’agitent dans_ une voliére au toit, pointu. La-bas, sautant d’une balancoire, une petite fille- court par la pelouse ; puis s’agenouille au pied cre- vassé d’un vieil arbre ; et ‘ gans doute se réve-t-elle une Alice au Pays des Merveil- les. Trois jours A Victoria ! Il n’en faut pas plus. On y épuise vite ses curiosités.. Pourtant nous’ y retourne- rons. Comme Québec, Vic- toria respire une atmosphé- re inépuisable et magique, et qu’on ressent surtout le soir. Il faut voir les pierres de l’7Empress Hotel rosir au coucher du soleil, les ddmes du Parlement virer du vert pale au vermeil et au mauve. Il faut se joindre A 1’au-' dience recueillie de la Sym-: phonie de Victoria, assise’ sur des chaises pliantes ou. 4 méme le pavement, entre, ‘des édifices modernes d’une fine architecture. Le chef annonce dans les deux lan- gues les oeuvres qu’il di- rige. Et on s’éloigne 4 re- gret, sans bruit, pour aller se pencher, dans la cour de la mairie, sur les roses qui troquent leur masque de lu- miére pour un visage d’om- bre. : Le lendemain, retour ! L’autocar nous emporte le long de la route de Mala- hat. Deux heures aprés mi- di ! Le soleil darde. Dans les passes de montagne, des roches rousses et grises grimacent monstrueuse- ~ ment. Du cdté de Duncan, une réserve indienne étale ses masures flanquées de leur carré de choux. Pau- vres Haidas ! Pauvres Kwa- kiutl ! Est-ce 14 ce qui vous reste ge la terre des an- cétres { Et reparaissent les localités vulgaires en car- ton-pate et leur quincaille- rie et leurs enseignes de ‘carrefours qui hurlent aux Coca-Cola qui déja écor- chent mes beaux souvenirs.: La traversée de Nanaimo 4 ‘Horseshoe Bay nous console. Le bateau traver- sier, pesant et poussif, cd- toie de petites fles, vertes et jaunes. Le ciel rit sur les ondes de toute sa lu- miére. Des mouettes volent ; puis s’immobilisent sur les rambardes.-De prés, elles. semblent. laides : oeil rond, bec corchu, plumage Bese Mais quel gracieux éenvol ! Pattes roses repliées sous le ventre, elles décrivent dans le soir les arabesques de leur faim. Une passagére leur émiette du biscuit. Sou- dain elle se retourne et avan- ce vers moi dans un blanc tourbillon. La jeune femme est blonde, un peu rousse. Elle me rappelle l’image que je me formais de Vic- toria, la jolie Anglaise ! Nous _ rentrons ensemble causer A la vitre. Et au- dehors les mouettes pla- nent toujours, pareilles aux avions de papier que je fai- sais voler, enfant, dans la cour de 1’école. Ces trois jours ne se per- dront pas. Les samedis d’hi- ver, franchissant les gigan- tesques ponts de poutrelles et de bétons, traversant les quatre coins leurs récla- mes, je me dirai :‘‘ courage ! Les montagnes régneront de nouveau dans l’azur. Et les navires auréolés de mouet- tes, les princesses de Van- couver, Victoria et autres lieux, te remméneront, de l’autre cdté de l’eau, dans la petite ville aux beauxhdtels, aux charmantes collines, et aux flaneurs souriants de tes vacances’’. NOSTALGIE D’AUTOMNE Bel arbre, feuilles vertes, Jaunes, rouges, Oranges. C’est l’automne sur la cdte du Passé-fique. Aye ! Les Francos, c’est l’automne. Voyez les couleurs ! Toutes ces belles couleurs ! Nous sommes des couleurs. Attention !| Tu vas tomber. Tiens fort ! C’est pas facile hein ! Ca y est, rouge est fatigué. Jaune et orange par terre. OUI MAIS, tiens fort, 1ache pas ! Tu vas te trouver par terre Pendant l’hiver. Froide. NON ! Cesse de pleurer, c’est de ta faute ! Tu voulais pas me donner la main Pense une MINUTE ou tu vas te trouveri Sous la neige. Seul et froid. Evariste Monsecours: a, XI LE SOLEIL, 15 OCTOBRE 1972 .