Vol. 3 No.4 ... le supplément économique mensuel du Soleil de Colombie-Britannique DECEMBRE 1996 SOPEXA :Vive le vin Frang¢ais: PAR DENIS BASTIEN En ces temps de festivités, une société francaise connaitsa plus forte activité del’année :la SOPEXA. Cette abréviation signifie: Société pour |’Expansion des Ventes des Produits Agricoles et Alimentaires. Cette or- ganisation, créée sur |’initiative du ministére francais de |’agriculture et de la péche en 1961, est la structure officielle chargée de promouvoir les produits agro-alimentaires francais. Elle a cependant un fonctionnement proche d’une société privée, étant en partie financée par |’état, et en partie par les honoraires collectés par ses représentants a travers le monde. Le chiffred’affaires pour 1995 se situe aux environs de 600 millions de francs (150 millions de dollars). Les représentants de Sopexa dans chaque bureau sont, comme: David Turk, responsable du bureau de Vancouver, des experts en marketing agro-alimentaire. Le réseau de Sopexa est impressionnant: 39 bureaux dans le monde, dont 3 implantations au Canada: Montréal, Toronto et Vancouver. L’activité en Europe est concentrée sur les produits a fort volume d’exportation tels que les fruits et légumes, les viandes, les produits de la péche et les fromages (rappelons que la France est le pre- mier exportateur mondial de produits agricoles par habitant). Au Canada, et en particulier 4 Vancouver, |’acti- vité est essentiellement concentrée sur les vins et spiritueux (90% du total) et marginalement les fromages (10%). La mission de Sopexa en Colombie-Britannique est la fois de faire mieux connaitre les vins et spi- ritueux frangais, et d’augmenter leur part dans la consommation globale des habitants de la province. Cette action de promotion s’opére grace a des partenariats avec les comités régionaux viticoles en France. C’est ainsi que |’ensemble des vins de Bordeaux, de Bourgogne ou d’autres régions bénéficie de la sorte d’une remarquable couverture promotionnelle. Contrairement 4 l’Est du Canada, et en particulier au Québec, les alcools et vins frangais ne sont pas dominants en C.-B. La concurrence et les prix bas des vins italiens, australiens, chiliens, argen- tins et depuis peu d’Afrique du Sud, ainsi que la bonne tenue des vins californiens et méme des vins de C.- B. ont progressivement érodé une part de marché qui se situe aujourd hui autour de 10%. Parcom- paraison, les vins frangais dispo- sent toujours d’une part de marché de 40% au Québec. David Turk doit done faire face 4 une compétition toujours plus vive, parfois accen- tuée comme ce fut le cas ]’an dernier, par un contexte politique défavora- ble. Ainsi, la campagne d’essais nucléaires frangais dans le Pacifique a ralenti les ventes de vins frangais en général, et a notamment fortement handicapé la commercialisation du beaujolais nouveau en 1995. Heu- reusement, 1996 s’annonce plus fa- vorable pour les exportations fran- caises, et une nette reprise s’est amorcée. Un autre obstacle, propre a la Colombie-Britannique, est la présen- ce d’un organisme d’état, le Liquor Board, chargé de référencer les pro- duits et de contréler la distribution des vins et alcools. Les vins frangais sont ainsi souvent les victimes du nombre limité de références (2000 en tout), et de la volonté de faire de la place pour les nouveautés en pro- venance d’autres pays. Cependant, il semble que mal- gré |’image de produit cher du vin francais, un retour vers les classi- ques (Bordeaux et Bourgognes) s’est opéré ces derniers temps. La campagne de communication de Sopexa “Why take a chance, bring wine from France”, a sans doute joué un dle, ainsi que la nouvelle tendance des consommateurs 4 boire moins, mais des vins de qualité supérieure. Aussi, le bon rapport qualité prix de nombreux vins de pays comme les Corbiéres, les vins de Loire, les Beaujolais, tout comme la réussite de marques comme Fortant de France, ont contribué 4 ce renouveau. Malgré tout, les vins francais souffrent toujours d’une image “bourgeoise”, et ont du mal aséduire la clientéle plus jeune. C’est un des défis que Sopexa s’attache a relever en organisant diverses ma- nifestions, par exemple a |’occasion de l’arrivée du beaujolais nouveau le mois demier, destinées 4 faire- découvrir les vins frangais a un pu- blic plus jeune. Quoi qu’il en soit, ne dou- tons pas que les vins frangais ont encore de beaux jours devant eux. Afin de faire le bon choix avant les fétes, voici une liste non-exhaustive des meilleurs magasins possédant la plus grande variété de vins fran- gais: Vancouver: Q Alberni & Thurlow OQ 39th & Cambie- Dunbar Q Westside (UBC) Lower Mainland: Q Park Royal (West Vancouver) Q Caulfield (West Vancouver) QLynnValley (North Vancouver) Q Ocean Park (White Rock) OQ No3 Road (Richmond) Un Canadien au Japon PAR MARC BELIVEAU TOKYO - On ne peut séjourner a Tokyo sans étre saisipartoussescontras- tes. Etonne peut parler de cette ville de 23 millions d’habitants sans utiliser de su- perlatifs. Installé 4 Tokyo depuis quelques semaines déja, je suis ici pour réaliser une série de documentaires intitulée: «UN CA- NADIEN A TOKYO» qui sera diffusée sur les ondes du Réseau de l'information RDI acompter de septembre 1997. Quelle aventure fascinante que celle de lever le voile sur une ville Ala fois merveilleuse et redoutable, dontla vie au quotidien est sans pareille. Car Tokyo, c'est la cité de toutes les modes et du mouvement perpétuel. Mouvement qui peut provoquer|’extase oul’épuisement. Mais c’est surtout en conversant avec les Tokyoites que l'on découvre la véritable richesse de cette ville. SOMMAIRE @Sauvons les universités page A2 @La médiation... page A3 Tokyolamerveilleuse llexiste une extravagance et un raffinement sans pareil 4 Tokyo qui dé- passent l’abondance matérielle que l’on peuty trouver. Les Japonais sontdes gens curieux qui aiment la lecture. Si Tokyo fourmille d’activités, c’est aussi une ville ol les gens ressentent le besoin de peaufiner leur personnalité. Telestle cas de cette jeune serveusetravaillantdansun restaurant trés ordinaire qui racontait avoir visité le Musée du Louvre, ce qui l'avait incitée, parla suite, A prendre des coursde francais. Le Japon est un pays aux possi- bilités illimitées. A titre d’exemple, pre- nons ce Japonais d'une quarantaine d’an- nées, détenteur d'un doctorat eningénierie (quise trouve étre le gendre du fondateur de Sony) qui, en 1998, va lancer sur le marché mondial un “gadget” électroni- que destiné ala “télé-médecine”. llespé- re, avec le “gadget” en question, contri- buerarendre!homme plus autonome et plus responsable de sa propre santé. Mais il espére également voir son produit devenir aussi populaire quele “Walkman” de Sony. Prenons encore le cas de cette jeune rédactrice-conceptrice japonaise de 31 ans, bilingue ettravaillant dans une agence de publicité, dontle passe-temps favoriluia permis de lancer sur Internet, l'un des sites en frangais, les plus com- plets au Japon. (http:/Avww.dtinet. or.jp/ ~lou/index.html). Les amateurs de Internet peuvent aussitrouver plusieurs cyber-cafés de Tokyo qui diffusent en direct des images de laville dont PULSE- POINT sur Ginza. Que dire, enfin de l'aventure in- croyable de ce groupe de jeunes Frangais, en quéte de boulot, quiestallé passer une audition pour un réle de figurant (deux lignes réciter) pour le prochain opérade la NHK, “Jeanne d’Arc au bicher” que dirigerale chef d’orchestre Charles Dutoit. Chacun recevra 2000 dollars etlachance de faire ses débuts a l’opéra de Tokyo. C’est du “cheap labour” diront pourtant certains! Tokyo la redoutable Le Tokyo des foules c’est pour celles-ci l’obligation de se soumettre a une certaine forme de contr6le social. Mais pourquoiles Tokyoites acceptent-ils d’étre traités comme des enfants, se de- mande encore le “gaijin” (étranger) qui réside depuis 27 ans a Tokyo? Les gens necessentd’étre bombardés d’annonces “publicitaires a la télévision, d’affiches ou de magazines ayant recours aux bandes dessinées ou a des voix d’enfants pour leur dire ce qu’il faut consommer, ce qu’ils doivent faire ou quel mode d’em- ploiils doivent suivre. L’inverse ne serait pas japonais, sans doute? Le Tokyo du tape-a-l’oeil et du superflu, que l'on peut voir dans les vitrines des grands magasins, ainsi que l'obsession du LOOK que l’on remarque dansles rues, inquiéte cette enseignante dans un lycée privé oi les jeunes 6léves - portentencore lecostume. Ellese deman- de quels serontles effets de la société de consommation sur la future génération de (voir “Canadien” en page A2)