Le Moustique Suite du Monologue Cette lassitude mélée de satisfaction aprés les grandes batailles. Le dernier combat pour la liberté, pour des congés interminables. ll est vrai que la rentrée ne se ferait pas avant deux mois et, a cet age, deux mois c’était I'éternité. Le futur n'existait pas encore et si on l'invoquait quelquefois, c'était pour un devenir trés proche. Le présent, lui, avait une saveur merveilleuse qui délayait toutes les rancoeurs, toutes les inimitiés. Le premier de classe comme le bon dernier, le souffre-douleur et la brute, le joyeux drille et le taciturne étaient devenus fréres dans cette lutte commune. L'enthousiasme était général, l'allegresse totale. Le jour suivant se traduisait trés rapidement par la débacle totale du corps professoral. Aprés une heure ou deux ou ce dernier avait vainement tenté de nous convaincre qu'un peu de lecture nous enrichirait, tout en faisant passer le temps, la décision tant attendue tombait enfin. Alors que l'on entendait déja a l'extérieur le ronronnement des bus scolaires qui se mettaient en place, la direction, débonnaire, annongait aux étudiants qu'ils pouvaient rentrer chez eux. Si préparés qu'on soit a cette nouvelle, le délire restait total. Quelques responsables auraient-ils douté de la bonne opportunité du moment que le chaos qui s'ensuivit fit s'evanouir dans leur esprit toute pensée de résistance. volume 3 - 4” edition Avril ZUUU C'était enfin les vacances ! Toutefois, pas officiellement pour tout le monde. Deux ou trois surveillants devaient rester. J'ai compris en ce temps-la que la hiérarchie avait ses régles et quill était nécessaire d'étre chef pour se permettre de prendre des vacances. ll y avait aussi quelques étudiants a rester sur le pavé. Ceux qui habitaient en dehors du centre-ville et j'en faisais partie. Il y avait également ceux dont la ferme intention était de ne pas rentrer. Les premiers devaient attendre, les seconds avaient déja disparu, accompagnés de quelques éléments du premier groupe. Et ici nous devons le dire fermement : des éléments trés indisciplinés. C'étaient des moments exaltants. L'école buissonniére, comme on en parlait parfois dans nos anthologies. L'école se trouvant en Afrique centrale, nous l'appelions "!'6cole bananiére". Ce qui était d'autant plus justifié que nos pérégrinations d'alors nous amenait a traverser des bananeraies ou nous "empruntions" juste de quoi nous sustenter. Et ce que l'on y apprenait m'a été probablement plus utile que ce qu'on vous enseignait a l'autre école. Il y avait eu cette fois ou nous avions rencontré un groupe de filles ssseeePage 9