Le Moustique!... Pacifique | Volume7 - 6¢ Edition ISSN 1704-9970 Juin 2004 UN CERTAIN 14 JUILLET (Histoire vraie) Suite... Avant propos -- Ce "14 Juillet" ne m'a demandé aucun effort d‘imagination. C'est simplement le souvenir d'un 6vénement survenu dans mon village au lendemain de la période doccupation. Tout y est vrai: Chassagne, Mimi, Charles et les autres. Seuls les noms ont été changés. Certains trouveront a cette histoire un certain cynisme mais, a la campagne, a cette époque, la mort d'un étranger a la communauté villageoise, tel qu'était la victime, n’était pas autrement percue. Je tiens également a signaler que la Gendarmerie Nationale Frangaise a fait depuis ce temps-la des progrés quant a son recrutement et a son efficacité. La deuxiéme information fut donnée par Clara Maillet, une jeune femme intelligente qui n'avait jamais pris des vessies pour des lanternes. Le 14 juillet, vers neuf heures du matin, elle était allée au marché de Landiéres a bicyclette pour acheter des moules. Elle en revenait une demi-heure plus tard, avant la forte chaleur que tout le monde prévoyait, quand elle avait apergu au loin, juste sur le haut de Champloup, deux _ silhouettes immobiles mais brouillées par les mirages qui faisaient trembler lair surchauffé. Rien d'extraordinaire a cela. Sans doute les hommes attendaient-ils un camion pour faire de I'auto-stop. Elle pensa seulement qu'ils avaient peu de chance d'en trouver un le jour du 14 juillet et que, s'ils devaient continuer leur route a pied, ils auraient diablement chaud! Mais ce qui la surprit fut ce qui survint lorsqu'elle se rapprocha d’eux. Les deux jeunes gens - dix-huit ou vingt ans, guére plus,- semblérent brusquement inquiets et se précipitérent derriére la haie en emportant une valise et une bicyclette. Leur attitude étonna Clara Maillet. Craignaient-ils qu'elle les leur volat? Sous leurs yeux? Elle trouva le comportement enfantin... et n'y pensa plus. Elle n'en parla méme pas a son mari au déjeuner. 6 Mais deux jours plus tard, quand elle apprit le meurtre de Chassagne et la rencontre qu'avait faite Pierre Ardelot, elle se dit qu’elle avait certainement vu les assassins. Les gendarmes révisérent alors leur premiére opinion : Chassagne n'avait pas été tué par un vagabond passant par la par hasard, mais par deux hommes qui en voulaient 4 sa peau ou au contenu de sa ceinture de flanelle et qui avaient attendu patiemment son passage. Ils devaient aussi savoir que Chassagne reviendrait de Landiéres les poches bien garnies puisqu'ils avaient guetté les cyclistes venant de la ville mais s’étaient sans doute cachés le reste du temps puisque personne, sur le trajet en sens inverse, ne les avait vus. Les gendarmes ne se fatiguérent pas a échafauder d'autres hypothéses que celle, naturelle, qui vint a la pensée de tout le monde au village : Chassagne avait été tué en revenant chez lui. Autre déduction: les assassins connaissaient mal Chassagne. Seulement son visage. Pas sa_ stature. Autrement auraient-ils braqué une torche sur Pierre Ardelot, jeune athléte pédalant a toute allure sur un vélo de course ? La nuit n'était pas si noire pour qu'on le confondit avec le