és of du succ Edmond Mandé Comeau Nouvelle-Ecosse Il était une fois un homme décidé 4 percer le marché de l'Europe Claudia Collard Comment un petit vendeur de blé peut en venir 4 exporter du bois de construction en Europe? C’est 1a toute histoire de l’entreprise E.M. Comeau de Meteghan en Nouvelle-Ecosse. Une histoire qui débute en 1906 et qui est loin d’étre terminée. Une histoire d’Acadiens a l’esprit vif, caractére qui s’est transmis de génération en génération. Il était une fois un homme 4 la fois sévére et décidé. Un homme qui battait son blé pour en sortir le grain, comme tant d’autres. Edmond Mandé Comeau. A la Baie Sainte- Marie, ot vit Edmond, la péche et l’agriculture sont les industries dominantes. Or, Vidée lui vint un jour de fabriquer des boites en bois, contenants indispensables au transport de poissons, crustacés, légumes, fruits... Encore 1a, plusieurs possédaient ce type d’entreprise. Mais tout d’un coup... Des boites, des boites, il en fallait partout. La demande grandissant en méme tant que les enfants d’Edmond, ce dernier achetait du _ bois provenant des moulins de cinq de ses garcons. Mais l’union ne fait-elle pas la force, comme le veut le dicton? Pourquoi ne pas simplement faire d’E.M. Comeau une entreprise familiale et construire un gros moulin qui appartiendrait également a sa progéniture? Pas béte comme idée, pas béte du tout. En s’unissant a ses fils, Edmond devint plus compétitif, parce qu’il pouvait produire plus rapidement. A cette époque, il aurait facilement pu travailler uniquement pour la compagnie ll y a ceux qui font rey: Tom : 24 journaux | ll y a PAssociation cde la presse francophone : & Service de nouvelles (& Service de publicité Ca Bourses d'études Pour le développement de la presse au Canada —_—err™ ADF .- ‘ page 8 - L'Entrepreneuriat francophone: la cle Association de la presse Scones 900-325, rue Dalhousie Ottawa (Canada) KIN 7G2 Bureau : (613) 237-1017 Télec.: (613) 232-6193 E Se Coke. Mais Edmond voyait loin et diversifier sa clientéle lui apparaissait sa planche de salut. Méme si, comme tout homme d’affaires qui se respecte, l’aspect monétaire |’ attirait beaucoup, il n’était pas du genre 4 mettre tous ses oeufs dans le méme panier. Le progrés obligeant, les réfrigérateurs et les congélateurs ont pris petit 4 petit la place des fameuses boites de bois qu’on remplissaient de glace. Les boites de bois sont devenus de plastique et de carton. Nous sommes maintenant en 1979 et Louis a Désiré a Edmond Comeau a acheté de ses oncles l’entreprise E.M. Comeau.depuis maintenant deux ans. pére, ce dernier décide de réorienter l’entreprise. ‘Tl faut s’adapter aux exigences du marché si on ne veut pas subir les affres de la faillite. Et le marché est, semble-t-il, au bois de construction. C’est donc dans cette direction qu’on dirige les énergies. Rapidement, E.M. Comeau perce en Europe, plus précisément en Angleterre et en Irlande. Au total, un million et demi de pieds de bois seront expédiés au cours de la premiére année. On entend par pied de bois un morceau d’un pied carré par un pouce d’épaisseur. C’est en 1984 que Victor et Edmond Comeau achétent l’entreprise de leur frére Louis. Les boites de bois qui avait déclassé Je blé plusieurs années auparavant ont maintenant une Aussi futé que son grand- . toute petite place. Alors que dans les périodes de vaches grasses |’entreprise employait une quarantaine de personnes pour fabriquer, il y en a quatre fois moins aujourd’hui. Au moment d’écrire ces lignes, quatre millions de pieds de bois de l’entreprise E.M. Comeau se retrouvent chaque année sur le marché européen. Dans 1’Est canadien et dans |’Etat du Maine, on y vend environ deux millions de pieds de bois. Au total, prés de 50 personnes travaillent pour le compte d’E.M. Comeau. L’entreprise fondée par Edmond Mandé Comeau subit elle aussi les conséquences de la récession économique. “Méme si nous exportons quatre millions de pieds de bois par année, il y a des compagnies qui en produisent dix ou cent fois plus que nous. Nous avons donc d’importants concurrents avec qui nous devons_ rester compétitifs, malgré la grosseur de notre entreprise”, explique Victor Comeau. Une autre recette du succés selon Victor Comeau, c’est le contact direct avec les clients potentiels. “Habituellement, les contrats que nous décrochons en Angleterre et en Irlande sont obtenus par un intermédiaire a cause de la trop grande distance. Mais pour m’étre rendu en Europe I’an passé, je peux dire que ca paye d’aller voir les gens. C’est également plus facile de régler les problémes qui se présentent”’. Mais 1’Europe, c’est grand, alors pourquoi seulement 1’ Angleterre et l’Irlande? “Nous avons déja essayé dans d’autres pays mais il n’y avait pas un grand intérét. En France, notamment, on a besoin de la “palette”. Ce sont des planches de bois secs qui servent au transport de marchandise et nous n’en produisons pas”, indique Victor Comeau. Prudent, il ajoute que certains endroits n’offrent pas les garanties que fournissent ’Irlande et 1’Angleterre. Mais avec l’Union économique européenne de 1993, le marché n’est-il pas prometteur pour E.M. Comeau? “Oui, sauf que la demande devrait surtout étre au niveau du bois traité a la chaleur a la grandeur de l’Europe. Pour l’instant, nous ne possédons pas_ cet équipement qui consiste a enlever le “petit ver” présent dans le bois. Mais les entreprises auront six mois de plus pour avoir la chance de se perfectionner. C’est évidemment une option que nous devrons considérer”, assure le coproriétaire de l’entreprise. Et tous les jours, des “fax” proviennent de partout dans le monde, invitant l’entreprise a soumissionner pour un nouveau contrat. D’ailleurs, au moment de rencontrer Victor Comeau, ce dernier venait de recevoir un appel d’offres de l’Egypte. Qui sait si dans quelques mois, E.M. Comeau ne sera pas en train de se tailler une place sur le marché africain? La coopérative de poisson de Chéticamp, Nouvelle-Ecosse L'épine dorsale de l'économie régionale Luc Tremblay C’est au départ pour prendre leur destinée en main que les pécheurs de Chéticamp se sont regroupés en coopérative, en 1934. Et aprés prés de 60 ans d’opération, la coopérative de poisson de Chéticamp est aujourd’hui le principal moteur de cette petite localité du Cap-Breton. Situé au pied des montagnes de Vile du Cap-Breton, et faisant face a la mer, Chéticamp est un petit village d’a peine 3,000 ames. Depuis plus de 200 ans, l’activité économique principale y est la péche. Avec ses 150 employés d’usine et sa centaine de pécheurs, la coop de poisson de Chéticamp est non seulement l’employeur le plus important de Chéticamp, mais aussi celui de tout le comté d’Inverness. Mais Acadiens et la mer n’ont pas réalisé ce tour de force en un jour. Il y a plus de deux siécles, des Acadiens venaient s “installer a avaient la réputation d’étre parmi les meilleurs pécheurs au monde. Mais voila, ils travaillaient pour presque rien. C’est qu’avant 1930, les pécheurs de Chéticamp étaient a la merci de la compagnie Robins, Jones et Whitman, les Robins comme on les appelle encore aujourd’ hui. Cette compagnie controlait le commerce du poisson et avait le seul entrepdét dans la région. Pire encore, elle payait les pécheurs en bons, échangeables contre de la marchandise de leur magasin général. Yvon Deveau, gérant de la coopérative de poisson depuis 1987 raconte que cest la volonte des Chéticamtains de prendre en main leur développement économique qui les a poussés a fonder la coop, en 1934. A ses débuts, la coopérative n’avait toutefois pas l’envergure qu’elle a aujourd’hui. Il s’agissait, avant tout, d’un réseau organisé pour le salage et la vente de poisson. On péchait et vendait aussi du homard et du ans plus tard, aprés incendie de l’usine en 1955, qu’on a vu apparaitre les équipements de transformation et de congélation du poisson. : C’est vraiment a partir de cette époque que la coopérative est devenue le moteur de I’activité économique régionale. L’épine dorsale, comme se plait de dire M. Deveau. Les années 1960 et 1970 ont vu une augmentation constante des prises. Tout roulait 4 merveille. Méme si la situation de la coopérative de poisson de Chéticamp n’est pas tout a fait rose, il n’y a cependant aucune raison de paniquer devant les difficultés actuelles. Tout en étant isolés géographiquement, les gens de Chéticamp ont toujours su faire preuve de débrouillardise pour faire face aux obstacles. Pour eux, la crise actuelle n’est qu’un autre mauvais nuage qui vient obstruer le soleil. Et aprés la pluie...