6, Le Soleil de Vancouver, 22 juin 1973, od La derniére visite commentée en francais 4.la ‘* Vancouver Art Gallery ’’ fut un succés malgré le petit nombre de participants. Dans une ambiance amicale et une atmosphére de détente ce fut une sorte de voyage de l’intellect ’*0u chacun put exprimer libre rement sa conception de l’art moderne. C’est 14 le but de ses soirées passées A la galerie.. voir, observer, émettre ses opinions, tout cela entre deux tasses de café. La prochaine réunion aura lieu, le 27 juin 4 19 hrs 30. Cette fois on parlera de ‘‘progrés en conservation et en restauration ’’ titre de la prochaine exposition. Pour davantage d’informations téléphoner au 682-5621 section education. La peinture -abstraite per- met au peintre de s’exprimer pleinement en se libérant de Vobjet ou de l’anecdotre. Il ordonne spontanément sur la toile les couleurs et les di-. mensions que son émotion, passagére luisuggére. Pein-— ture plus directe, donc plus vraie, plus sincére, plus pu-: re. Cela ne veut pas dire qu’ il rejette les constructions et les accords de couleurs. Au contraire, n’ayant plus de contrainte, ni de limites, il peut équilibrer ses surfaces moduler ses tons et exécuter. des accords parfaits. Le pu- blic fera la synthése. De nombreuses objections. sont soulevées par ce style: qui paraft aberrant pour cer- tains. Ils ont raison. Aprés de longs siécles de peinture: figurative, voila que les pein tres se révoltent et ne font plus de tableaux ressem-: blants. Mais l2s conserva-,; teurs ricannent et les tour-' nent en dérision. Les jour- naux retracent des scénes. burlesques en les présentant’ non pas comme des recher-; ches mais comme des far-. ces. Un ‘‘farfelu’’ fait é-) clater des _ petits ballons| pleins de peinture sur une toile. Un autre enduit de cou- leur des femmes nues et les: . fait se rouler sur unimmen-. se canevas, etc. etc. Cepen-' dant, PICASSO a dit un jour: ‘*mes tableaux ne sont que| des expériences’’. Il_ ne faut pas confondre: ‘‘oeuvre d’art’’ et **recher-' che’? Toute démarche est respectable et utile. Si elle n’est pas une fin, elle est un moyen} pace eo Donc, la publicité sur 1’é-' volution de l’art , de la ma- niére dont.elle a été faite,’ / 2 Yé{ TARR, é: AY bibs qT Toute name mblamee Ave. Ae, objat comaynt frat prrerrent” Uwmaaiwmre- eee cal qulement d atgultat hun Ohewinenn ent ole ba peer . auteur awl aatow ole commen - 7 est néfaste. De plus, les con- servateurs, éditeurs, éco- les; Critiques, enfermés dans un systéme, n’ont pas informé objectivement le pu- blic. KANDINSKY a peint ses premiers non-figuratifs au début du siécle, aprés avoir été frappé par les ‘masses’ d’un tableau impressionnis- te de MONE TL dans lequel il n’a vu le sujet que beaucoup plus tard. Il a fallu attendre de nombreuses années pour qu’on le cite dans les ma- nuels d’art. Ce n’est que de- puis peu que des ouvrages sérieux sont écrits sur l’art nouveau. Mais les livres de ce genre, souvent éditions de luxe, ne sont pas 4 la portée de tout le public. Avant tout, il faut compren- dre et s’habituer. J’établis toujours une comparaison entre la peinture et la mu- sique. La musique classique est abstraite parce qu’elle utilise des sons produits par des instruments fabriqués. Le compositeur-ne transcrit pas exactement les sons que produit le sujet qu’il décrit, mais ceux (mouvement et to- nalité) qui l’inspirent. D’ail- leurs, exception faite des musiques descriptives com- me la Moldau de Smetana, beaucoup de thémes sont in- sonores Ou purement imagi- natifs (fugues, symphonies. ne portant que des numéros pour les désigner) N’est-ce pas la plus pure des abs- tractions 2 Et pourtant un vaste public admet cela par- ce qu’il en est informé et ‘*que c’est comme ga de- puis longtemps’’ parce qu’ on a mis des titres 4 ces oeuvres et qu’on les a ex- pliquées, déchiffrées, je di- rais méme parfois décryp- _ tées. Alors, pourdual pas la peinture abstraite: L’accueil réservé 4 la pein- ture abstraite est le méme que celui fait 4 ia musique contemporaine dans ]aquelle on utilise des sons naturels, donc figuratifs ou imitatifs (clavier de machine a écri- re, grincement de porte -) Les compositeurs de cette musique concréte, figurative et inhabituelle, XENAKIS, STOCKENHAUSEN, PIERRE HENRY sont la plupart du temps incompris et traités de ‘ous. Et cela par leméme public mal informé quidéni- gre la peinture abstraite. En conclusion, je dirais qu’ il faut avant tout se méfier ‘de la terminologie. Abstrait, concret, figuratif, informel, sont des mots limités que |’ on est bien obligé d’utiliser si nous voulons communi- quer. Mais je n’aime pas les étiquettes. Le mot in- fluence l’opinion et le juge- ment d’une oeuvre, auméme titre que la signature de 1’ artiste. Il vaut mieux regar- der ou écouter attentivement et Objectivement ce que |’ar- tiste nous propose, sans idée précongue et en ne restant pas engagé dans unsystéme. Comme toute tentative que 1’ on nous propose n’est pas forcément réussie, 4 nous de savoir loyalement séparer le bon grain de l’ivraie. Pen- sons qu’avant de parler, nous avons, nous aussi, balbutié. André Cantié ih. cf tet