Daal ot = UN CHAMPION DE LA ROUTE Un récent samedi, je pas- sais A hauteur d’un super- marché. Des autos..arri- vaient, d’autres repartaient, parmi~—des_ portiéres cla- quées, des gronderies de maman A leurs enfants, et des paquets trimbalés d’un cote A l’autre. Les allées et venues avaient je ne sais quoi de collectif. D’ot vient cette disparition dans les villes de l’individualité? Le film ‘‘Traffic’? de Jacques Tati, que je voyais le soir méme. au cinéma Varsity, m’a donné une réponse 4 cette question. Ce film gai renseigne mieux que n’importe quel documen- taire sur l’embrigadement qui nous menace. Si nous ne réagissons pas, il n’est pas. impossible que dans un demi-siécle tous les hom- mes pensent la méme chose aux mémes heures ;etqu’ils agissent comme des automa- tes asservis 4 leurs propres créations. Le sort du joueur d’échecs tué par le manne- quin qu’il a fagonné pourrait bien nous échoir. Heureusement, nous n’en sommes pas 1a. En lisiére de nos édifices et de nos élucubrations mécaniques ou électroniques, lanature res- pire toujours en ses prai- ries et ses bois. A nous de nous y retremper de temps en temps pour une cure d’indépendance. D’ail- leurs, il existera toujours des originaux et des poétes abe GALT: im % jj NY LG HY, t RoC 5 age ——— 3 ae = = es ; wa Ed a = qui se reserveront leur mon- de personnel et qui rassu- reront les sages. Monsieur Hulot (Jacques Tati) appartient au peuple libre des poétes. Le monde moderne ne 1’offusque pas et ne parvient pas a entamer son caractére primesautier. Monsieur Hulot, l’esprit myope, proméne par les rou- tes et par les villes, avec désinvolture et sérénité, son monde intérieur. Il est des- sinateur de voitures. Sur ses plans, on a construit un véhicule équipé d’ingé- nieux dispositifs, tente en accordéon, rdtissoire ca- chée sous le carburateur, rasoir électrique, appareil de télévision, etc. Nul doute qu’au Salon de 1’Auto d’Am- sterdam, ot se rend Mon- sieur Hulot, précédé d’une jolie hdtesse américaine, le véhicule ne décroche le pre- mier prix. Or, Monsieur Hulot, le chauffeur et la jeune femme, subissent tou- tes sortes d’avaries, et n’ar- riveront au port que pour voir se fermer les portes de l’exposition. Autant que Charlot, mais sans grimaces, avecses lon- gues jambes de faucheux, son petit chapeau mou et ses gestes flegmatiques, Mon- sieur Hulot déclenche les rires. [1 sait rester lui- méme et si humain dans un monde qui autour de lui se dépersonnalise. C’est un univers d’autOroutes enva- hies de bolides qui rejettent dans les champs les rares ‘D, se tirera toujours avec piétons, sillonnées de li- gnes blanches et de fléches qui vous font rouler au doigt et A l’oeil. Comment ne pas s’y abétir? Et tels apparais- sent douaniers et policiers, bonshommes pourtant hors du service. Bel exemplaire de camelot moderne, le camion de Mon- sieur Hulot, malgré l’ingé- nieux de ses accessoires, souffre d’un moteur défi- cient. Et voila Monsieur Hu- lot et ses compagnons en panne, réduits A passer la nuit au bord d’un canal hol- landais, dans la maison hété- roclite d’un garagiste de vil- lage. Enfin on arrive 4 bon port, trop tard comme je lai dit, et Monsieur Hulot se voit renvoyé par son pa- tron qui l’attendait furieux. Le Charlot des Temps mo- dernes partait, aprés vingt mésaventures, sa compagne au bras, vers l’espérance des campagnes. Monsieur Hulot s’en va avec lasienne, l7Américaine qui 1’a rejoint, dans les arcanes de la ville. Toujours distrait, il s’est engouffré seul dans la four- miliére d’un passage souter- rain et la belle 1’a rappelé. Ne nous lamentons pas sur son sort. Charlot sortait de ses films pauvre et pitoyable comme d’habitude. Monsieur Hulot, Francais dusysté¢me élégance des embfches du destin. NOUVELLE PARUTION NOS GRANDES OPTIONS POLITIQUES ET CONSTI- TUTIONNELLES. C’est 14 le titre d’un impor- tant ouvrage du P. Richard Arés, jésuite, qui a été lancé A Montréal, le 14 mars, par les Editions Bellarmin. Aux Canadiens frangais, en particulier A ceux du Qué- bec, qui s’interrogent sur leur avenir, quatre grandes options s’offrentaujour- d’hui 1) option Canada tout court, que préconise le nationalisme anglophone et qui est une invitation a suivre l’exemple des autres groupes ethniques et 4 adop- ter la langue, les coutumes et les institutions prédomi- nantes au Canada ; 2) l’op- tion Canada bilingue, qu’un certain nationalisme cana- dien met aujourd’hui de l’avant et qui vise A cons- tituer un pays ot le fran- gais et langlais seraient partout reconnus et proté- gés ; 3) option Canada frangais, que défend le na- tionalisme canadien-fran- gais et dont l’objectif est de maintenir un Canada fran- gais vivant axé sur un Québec fort ; 4) l’option Québec, que propose le nationalisme québécois en se donnant pour objectif la création d’un Qué- bec indépendant. Le présent dossier analyse une A une chacune de ces options, il en indique les défenseurs et les adversai- res, les avantages et les in- convénients, ce que chacune offre de bon ou de risqué pour l’avenir de la commu- nauté canadienne-fran¢ aise. Méme s’il ne comporte ex- plicitement de plaidoyer pour aucune, par les nom- breuses données qu’il pré- sente et critique, il aidera A mieux poser - et peut- étre A mieux résoudre - le trés grave probléme de l’avenir tant du Canada que du Québec. Lecadran des: songes . Par Roger Dufrane EN VENTE AU livres, disques, “Ouvert du mardi ° ia | au samedi, de mi- dia 7 pem.. ||La Fédération | : ~Colombiens XIl, LE SOLEIL, 14 AVRIL 1972 des Franco- 1013-B' Brunette Maillardvitle (ves)