8, Le Soleil de Vancouver, 5 juin 1970 CARNET D’UN PROMENEUR par Rager DUFRANE Bo eon A ON PSs Dog GA Vee N ICR Passer un dimanche apres— midi a 3cole? Pas pour moi, mes amis! Et pourtant. l’autre dimanche je m*y. suis laisse prendre, Il faut dire que 1’6— cole se donnai: dans ua manoir de pierre, sur une colline en— tourée de vieux arbres, A ]’in— térieur, les boiseries sombies, les parquets cirés, les crémo— nes de cuivre, donnaient cette impression de permanence et da’honne@teté qu*inspirent les de— meures ol s’attachent une tra— dition. Je visitais ce jour—la le couvent du Sacré—Coeur, qui se dresse depuis une soixauacai— a2 d%1anées sur la hauteur de Dunbar, Tl existe dans le moude pilus de cont cinquante maisons de cet ordre, dont quatre au Cana— da, =! danschaqye.maison, que ce soit en Belgique, aux Aatil— iss ou en Colombie—Britannique on percoit & travers le compor— tement des institutrices ei dos Sléves un style qui s’ajoute a la matiere comme le parfyn ala cose et lui insuffle une a— me, Ce style, je l’ai pereu Moi—m@me dss 7a classe de tsangais, ot j’ai assisté a une lecon de troisiéme année, e petits pupitres derridres lesquels se casent tant bien que mal les parents, tandis que les fillettes en robebdlanche a Lail— leu grenai s’asseyent & m@me le plancher, un écran, un appa— reil de projection, et Madame Reche launimairice, professeur de francais, Une éleve débo— bine les images. On apergoit sur l’8cran une mamas dans sa cuisine, deux gamines prétes a déjetner et sur la table deux ou trois bols en faience de couleur, De ceite scéne familiale, 1’ins— titutrice extrait iout un voca— bulaire; ** Que fait maman? ? Quelle est la couleur du bol de chaque petite fille?’ Et les 6é— léves de répondre, en confondant parfois les genres, comme il arrive aux gens d’expression an— giais? qui aporennent le anraiss Cette facon d’enseigner s’ap— pelie la méthode audio—visuel—, le, L’enfanut y appraad la laa— gue par lVoreille et par les yeux Fort bien! Louons les métho— des scientifiques de notre épo— que. Mais »’es:—ce pas ainsi que j’ai appris moi—méme voi— 1a pas mal d’années? En ce temps 1a, on ne se servait ni de disques, ni de rubans, ni de bobines. L’instituteur jouait seul toute la piéce, Parfois, il aous emmeuait dans i’allé2 des marronniers derriére l’école, En décortiquant des chataignes, il nous nommait la bogue, ou en— tendue 7... veloppe @pineuse, les trois grai— nes ou.chataignes proprainea‘ di— tes, la pelure, la chair du fruit, puis il nous nommait les par— ties de l’arbre, Les branchages le ironc, les brindilles 4 ses pieds, et notre vocabulaire s’ac— croissait A mesure, C°éiai: lA une méthode naturelle, infi— niment vivante et profitable. 1) faut vivre avec son temps, an-— jectera—i-—on, Les apnar-.is suppriineni la main—d *9auyre et meénagent le pédagogue. D’ac— cord! Ajoutons m@éme qu’ils a— gissent d’une facgon psychologi— que sur les eniants. L’objec— tif, le faisceau lumineux, tes des.— Sils aa couleur, tout cela donne aux enfants le frisson qu’éprou— yaient leurs aieux au spectacle de la tanterne inngzqua,. Cela admis, reconnaissons que la ma— chine, appoint utile, ne peut se substituer & 12l@ment humain, Madain? 2esche tastitutrice ex— périmentée et vigilante, ne 11— gnore pas, C’est pourquoi elle recourt & la méthode active, Si elle interroge les éléves sur les images projetées, a tout moment elle les rappelle au monde r4ai, *€ Que voyez—vous par la feneé— tre??? Z1l2 encourage les fillet— tes & engager la conversation entre elles, et toujours les en— fants pat ticip=ul, Native d’Angers, Madame Re— che pari francais le pius pur, Qual.:é fort importante, L’en— fant, plus que i*adulce sabdit les infletious, la musique d’une lan— gue, Or, Angers est la -ville de France ou les francais, as— surent les linguistes, sonne le plus musical, Est—ce un sou— yenir de ja cour d’Anjou et de ses jeux littéraires? Cela se paut. Les enfants de ta classe de Madame Reche chantent d’u— ne facon émouvante les chan— sons de France, non pas tant les airs tirés du folklore des adul— tes, mais de ces mélodies enfan— tines qui tratnen: dans ia m6— moire des j2:nmes de {"fle—de— France, de la Touraine et de Anjou; Bonjour Guillaume, as—tu bien déjetné? Oh oul, Madame, j’ai mangé du pate, Du paté d’alouette, Guilleri, Guillerette..ccce Et je suis sorti dans le jar— din du couvent, la téte bour— donnante de chansons, ayant ou-— pué de visiter le laboratoire de biochimie, la salle de fate ou les graades: ont, parait—il récité des po®mes de Robert Frost, et la salle de thé ot se dégustaient de petits gateaux. Accompagnée de sa mére, une petite fille se proméne dans la rue. Un énorme bouledogue les crolse. — Oh ! Maman ! s’écrie fa fillette, regarde comme ce chien ressemble a l’oncle Gustave ! — Francoise ! s’indigne ia mére, comment peux-tu faire des remarques auss| désobligeantes ! — Oh ! fait la petite filie, tu crois que le chien m’a en- Le crime serait de me taire -- Don Camara PARIS; — ** Je sais que le fait de parler de la torture en de— hors de mon pays est considéré comme un crime contre la patrie Pour moi, le crime serait de me taire.’’, C’est qe qu’a déclaré Mgr Hel— der Camara archevyeque de Re— cife au Brésil, au cours d’une interview 4 la télévision fran— gaise. Mgr Camara a en effet passé la Zin de semaine en Fran— ce pour y donner des conféren— ces & Paris, Orléans et Lyon et pour présenter a Paris ses deux livres ™ Pour arriver 34 temps’? et ** Spirale de violence”? deux ouvrages qui ont déja pa— ru en hollandais, en suédois et en anglais Poursuivant & propos des tor— tures Mgr Camara a déclaré que malgré tout, il ne fallait pas tomber dans le pessimisme; «* Je pense que pour un chré— tien le dernier mot doit toujours etre l’espérance.?’, Parlant ensuite du sou—déve— loppement Mgr Camara dit:*‘La misére est une insulte au créa— teu. Alors je préche le combat contre la misére, En disant cela, je pense 4 une pression morale libératrice, non 4a une révolution armée?’, les pays sous—développés sont victimes de multiples in— justices. Il n’y a qu’a ouvrir les jeux pour le constaier. Et c’est contre l’injustice, mére de toutes les violences, queréagis— sent ensuite les opprimés et la jeunesse qui s*’exposent a ’ac— tion des gouvernements soucieux de faire respecter l’ordre et la sécurité nationale’’, Au cours d’une conférence de presse Mgr Camara a d’autre part déclaré * La situation au Brésil est bien mauvaise mais avec la collaboration de la pres— se internationale, je pense qu’un changement est possible, Brejnev écrivain MOSCOU; — Un livre de M, Leonid Brejnev sur la ‘jeu— nesse soviétique vient de pa— raitre aux ** éditions de lit— térature politique’? de Moscou, Dans cette ouvrage qui porte le titre ** Le rdle de la jeunes— se dans ]*édification du cominu— nisme’’, le secrétaire général du comité central du P’C, So— viétique estime notamment qu’il appariient au parti et aux Kom— somols de développer chez les jeunes une conception juste des principes marxistes—léninistes, — Mon pére,- explique ‘un quidam, est mort brus- quement. Il était cardiaque et... plof! en cing secon- des, plus personne ! — Le mien, rétorque son voisin, ‘n’a pas eu cette chance ! Six mois avant sa mort, il a su qu'il 6talt condamné ! — Ah oul ! une maladie grave... — Non ! falt.!'autre. La guillotine ! Hétel de famille, 320 rue ABBOT VANCOUVER 4, B. C. (Propriétaire; J. Bauché) Dans le centre-ville. Prix raisonnables. On parle f rangais, LES LIVRES par Roger DUFRANE ESQUISES VENITIENNES par Henri REGNIER Ce livre, rare aujourd’hui, pa— rut en 1906 en édition de luxe, avec des hors—texte en taille douce et des vignettes de Ma— xime Dethomas; et fut réédité plus tard dans des collections & bon marené, Dans i’édition originale que nous tenons entre nos maias, tl est fort agréable de voir, croquée sur le vif par le fusain @ la fois imoelleuy, et ferme de Maxime Dethomas te Véalrigines en robe sombre et & la chevelure coiffée an co— que de !’époque 1900. Henri de Régnier, A travers toute son oeuvre de prosaizur, t@moigne de deux inclinations: le gott d’observer minutieuse— ment les @tres et les choses et celui d’an dégager le sens se— cret, 'poétique!, symbolique, seis que le vulgaire ne peut discerner mais que Ié poate déméle pour notre plaisir, , Régnier aimait Venise owt il séjourna fréquemment, Ici, il semble nous emmener ‘s bord d’une gondole par les dédal2s de la v.lle dou il fait resurgir tout un monde. Assis sur les coussins dé cuir de I'2mbarcation que nous mon— tre Régnier?. D*abord, la cité réelle, contemporaine et ea la décrépicude pittoresque de ses quartiers, alignant sur ses quais ses sacs de denrées, charriani sur l’eau ses pelures de fruits et de lagumes, s*’animant de son peuple de maraichers, de pois— sonnitére, de revendeux de viel— leries. Mais, et c’est ici que repa— rait le poéte, sous les trivia— lités de la vie quotidienne, Ré— gnier explore une Venise selon son coeur, la Venise du 18@me sitcle. Le passé, avec le re— cul des années, décantes les moeurs qui en ressortent em— bellies, De la verite complexe entrem@lée de bon, de mauvais et de médiocre, l’auteur dégage une sorte de verité artistique, faite, ici, de beaux palais a degres'de marbre, de mas:yues A Manieauy 20ers, d’aveniuras galantes., Cette eau jonchée d’4— pluchures portait autrefois la ga— lere dorée du Doge, ces gou— doles aoires et vernies emme— naient seigneurs et dames, en costume de carnaval, vers de se— crétes noces, Ce portrait qu’of— fre le brocanteur; cette écritoire, en admirant leurs figurines on peut @voquer le passé imagi— naire et prestigieux et la soci— été pairicienne de la Sérénis— sime Réplublique, Ce constrate entre un préseaut vulgaire e{ 1a passé brillant con— fere & lYoeuvre de Régnier un carac:ere original. Venise, aux palais ornés d’an— ciens miroirs, sillonée au—de— hors par les miroirs d’eaudeses ruelles, participe d’un songe tout irisé de reflets, Chaque chose qu’obser ve Régnier vibre comme lVYeau sous un ricochet. Elle ondoie en cercles couceaitiques ou se réveillent les images d’un époque regreitée, Ces dons jumeaux d’observa— teur réaliste at d’imaginatif a— vide d’idéal, Henri de Régnier les projette sur les caractéres de ses personnages, © Dass Je morveau intitulé Bettine, il met en scéne une jeune courtisane. Fine, elle devine 1 e sentiment qu’eile suscite au coeur du poe— te. Si elle satisfait avec d’autres les désirs de son corps, elle lui réserve les irritans caprices de - son esprit, I] y a dans cet apo— logue, non plus une psinture de la Venise ancienne, mais un por— trait psychologique et actuel, celui d’une coquette de tous les temps. : DANGER: POISON par Denyse CENERELLI Pendant les mois de juin et juillet beaucoup de cas d’em— poisonnements chez les enfants traités au Centre de traitement contre les empoisonnements sont causés par les feuilles, les fleurs et surtout les graines et les cos— ses d’un abre aux trés belles fleurs jaunes:; le faux ébénier (en anglais le *flaburnum’”? ou ‘golden rain’), Cet arbre que l’on trouve le long de nos rues et dans nos jardins n’est pas un arbre indigene du Canada mais est originaire, d’apres 1’Ency— clopédie Americana, du sud de l’Europe et de l*ouest de 1’Asie mais on en trouve jusqu’en An— gleterre et en Ecosse, Onrecon— nait facilement le faux ébénier & ses fleurs d’un jaune brillant en forme de grappes allongées et pendantes Bien qu’a ce temps—ci de l’an— née le faux ébénier cause le plus de problemes, d’autres arbres JOURS DE FRANCE et d’autres plantes sont aussi 4 surveiller, entre autres; —La glycine (Wisteria), —le daphné, —le muguet, —le rhododendron, —l’azalée, et —le dieffenbachia.. Empéchez done vos jeunes en— fants d’entrer en contact avec ces plantes et si jamais votre enfant mangeait des fleurs ou des feuilles d’une plante que vous croyez dangereuse, téléphonez & votre médecin, l*hopital la plus prés de chez—vous ou le centre de traitement contre les empoi— sonnements, Le numéro de téléphone a Van— couver du Centre de traitement contre les empoisonnements ( Poison Control Centre ) est 875—5000 , Inscrivez ce numéro pres de votre téléphone pour I’avoir sous la main en cas d’urgence.