Par Louis MARCOUX

Au cours d'un sd@minaire d'une
trentaine de participants,nous avions
& discuter et étudier la question de
la censure en général. Mes arguments
étaient bases sur des principes trés
forts il me semble et quoique j'enaie
converti la moitidé plus tard, j'avais
peine a comprendre au début, comment
tant d'hommes intelligents pouvaient
étre si aveugles aux conséquences dé-
sastreuses d'une liberté entiére en
matiéres de littérature, de cinéma,de
publications, de thédtre, etc.

Le seul fait que le gouverne-
ment fédéral avait jugé bon d'organi-
ser un bureau de la censure devrait
faire réfléchir et comment peut-on ju-
ger d'emblée que la censure est une
attaque contre la liberté, tandis que
d'aprés moi, la censure sauvegarde la
liberté des gens de vivre parmi un
monde sain au lieu d'une société vi-
cieuse. Si nul n'a la liberté d'empoi-
sonner le c6teé physique de la nature,
comment peut-on donner la liberté a
d'aucuns d' empoisonner le coté moral
de la création?

Dans un autre article j'ai sou-
tenu la thése.de la liberté de 1'hom-
me de se sauver ou de se damner, mais
je maintiens son droit a la’ protec-
tion contre les tentations qui lui
sont lancées de part et d'autre.
L'homme a plusieurs faiblesses et le
tenter outre mesure est une attaque
directe & l'exercice normal de sa li-
berté de juger et d'agir en étre nor-
mal.
loin d'étre conservateur ou pu-
ritain j'aime ma liberté d'action,
mais je tiens mordicus a prendre les
décisions moi-méme sans étre influen-
cé par des barrages immoraux qui flé-
chissent mon jugement.J'aime avoir la
diserétion de boire comment et com-
bien je veux mais je ne veux pas
qu'on me pousse les bouteilles sous
le nez et j'admire 1'administration
qui est assez claire d'esprit pour
comprendre mes faiblesses et pour re-
glementer la distribution des alcools
qui est libre d'taccts & qui que ce
soit mais controlée,comme tous plai-
sirs devraient @tre en ce bas monde.

Sous l1'excuse de la démocratie
et de la liberteé, l'on pousse le sexe
a l'excés.Les enfants par exemple doi-
vent étre éduques sur ce sujet mais
en temps et lieu.Non seulement ont-ils-
facilitée d'éducation, mais on les for-
ce @ penser au sexe, eux qui seraient
heureux de faire leur petit bonhomme
de chemin comme 1'adolescence doit é-
tre passee.La télévision, les annonces,
les revues, etc., etc.,ne parlent que du
sexe; c'est le sujet du jour, c'est
l'action du soir. Les enfants décou-
vrent des horizons qu'ils ne connais-
saient pas, quiils ne ssoupgonnaient
pas, qui ne les , intéressaient pas,
mais on les force 3 penser a 1'anor-
mal sous le couvert du normal. Ce qui
est pratique par la majorité des gens,
par l'acceptation génerale du public.
Aujourd'hui il est anormal d'étre
normal, c'est~a-dire qu'un homme balan-
cé, sans perversion est devenu anormal .
Pour étre normal il faut étre desoeu-~
wrg se saouler des plaisirs de la vie,
et celui qui a des sentiments nobles
et intellectuels est devenu 1' anormal
de la nature humaine, qui ne pensent
qu'aux kicks, les uns plus forts que
les autres. : Z

Avec son dix sous,1'enfant va a-
cheter des bonbons au magasin.I1 veut
acheter des lunes de miel et des kis-
3eS,Mais au comptoir adjacent,il voit

jes illustrations d'autres genres de
Lunes de miel et de kisses qui font
frémir sa petite imagination. Il voit

des revues qui déploient les "déploie-
ments"de la nature humaine.Lui qui se-
rait si heureux avec ses bonbons, on

lui montre qu'il y a d'autres dou-
ceurs,des douceurs qu'il est trop jeu-
ne pour comprendre mais qui forcent

sa curiosité, et le jour qu'il com-
prend il se trouve anormal d'étre nor-
mal. Dela pensée a l'action n'est

qu'un pas et a la moindre tentation

succombe comme le nouvel étre "normal"
est devenu.

Si la boisson est contrdlée,
pourquoi ne pas contr6dler 1'influence
indue du sexe. Avant de permettre a
mes enfants de voir un film de James
Bond, j'ai récemment tenu 4 aller le
voir moi-méme un aprés-midi. J'ai été
@berlué de voir cue la salle était
comble d'tenfants qui auraient été
heureux avec leur pop-corn mais qui
avaient les yeux ébahis devant les nu-
‘distes et les suggestions sexuelles.
Leur héros ne cherchait qu'a conqué-
rir les femmes a la douzaine (et il
réussissait!) et pour eux le succes
dans la vie se résumait a 1l'exploita-
tion du genre ‘féminin et vice-versa.
Comment blamer la génération rebelle
de nos adolescents, nous qui leur pous-
sons toutes ces tentations,ces sugges-
tions qu'ils ne veulent pas en pre-
mier lieu. Méme les annonces de la té-
lévision ntont qu'un moyen de diffu-
ser l'interét des produits et qu'on
parle de dentifrices, de savons, de deo-
dorisants etc., il faut une creature
alléchante, ondulee, qui sait faire vi-
brer les sens et... elle réussit!

pour que lafemme d ‘aujourd’ hui soit
stire delle-méme toute la journée,

Il faut is gu’ ‘un bain et plus
guun désodorisant pour les aisselles _

Si je veux étre protégé contre
les conducteurs ivrognes, contre les
voleurs etc., je veux aussi étre prote-
gé contre les publications ivres des
sens, contre les voleurs de l'esprit
de mes enfants » et une censure rigou-
reuse est de rigueur.S'il est def endu
de contaminer l'air et 1'eau, pourquoi
est-il permis de contaminer 1'ame et
L'esprit? Si la contagion m'affecte
pourquoi me blamer d'étre malade? Si
je succombe aux tentations qui m'atta—
quent de toutes parts pourquoi me bla-
me-t-on de ne pas resister? Et si je
ne resiste pas,pourquoi blamer mes en-
fants de ne pas resister:

Pourquoi le Gouvernement ne
prend=il pas la situation en main et
ne fait-il pas quelque chose en ce
sens? Je tiens a ma. liberté mais pas a
un tel prix. Si je fais ma part pour
contribuer et aider la société pour-
quoi la société ne fait-elle pas sa

part pour m'aider et pour aider la gé—

nération qui suit et qu'elle corrompt?
Pourquoi?

on you!

Le Soleil de Vancouver,page 5,12 décembre 1969

Nos lecteurs nous
écrivent

M. le rédacteur,

J'espére qu'il vous se-
ra possible de continuer la publica-
tion de ce journal si intéressant.Mes
félicitations 4 tous ceux qui ont don-
né de leur temps et de leurs efforts
pour le produire pendant ces deux an-
nées.

Comme je donne des le-
gons particuliéres de frangais, je
dois continuer 4 étudier la langue, et
je trouve dans Le Soleil une lecture
agréable. uelques fois il y a un nou-
veau point de vue,par exemple en poli-
tique,et perfois un détail de reporta-
ge que j'ai manqué dans le plus grand
journal anglais. J'aime l1'humour de
Jacques Baillaut,le billet féminin et
les mots croisés. Vous avez un peu de
tout pour tout le monde, et chacun
trouve quelque chose 4 son gout.

Encore mes félicita-
tions et bonne chance!

I.M.W.
(Vancouver }

Cher compatriote,
kx-rédacteur du "B.C. pharmaceutical
Record",

Si, comme il parait d'aprés vo-
tre lettre publiée dans Le Soleil du
28 noveubre, vous avez si bonne opi-
nion de cet hebdomadaire,et si vous €-
tes vivement conscient des obstacles
A surmonter par un rédacteur de jour-
nal comme celui-ci,pourquoi @tes-vous
tellement écossais que vous partagez

‘une seule copie avec votre fille qui

touche un salaire de professeur?Shame

C.Hs Ds,
un autre émigré écossais.
(Vancouver)
P.S. Or should I congratulate you on

keeping alive our national trait? —

N.D.L.R. Faut-il croire que cette

caractéristique nationale tend 3 dis-
paraitre puisque votre correspondant

a pris un abonnement pour sa fille.

Monsieur le Directeur,

won frére Robert
a récemment rencontré certains mem-
bres de votre journai gui lui ont re-
mis un exeluplaire.

Veuillez agreéer,
monsieur le Directeur, et tous les men-
bres de votre équipe, mon admiration
sincére pour ce journal qui est un vé-
ritable hebdomadaire avec des titres
intéressants, une présentation aérée,
et des photos vivantes.

votre tout dévoué,
Jacaues R. Roy.
(Laval):

LES MURS

Ayant engagé une nouvelle femme de chambre,
| Polyton lui a demandé : ‘

— S'espére que vous n’écoutez pas aux portes 7

— Non, jamais aux portes, quelquefois aux murs.

— Parce que tout le monde dit qu’ils ont des
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