2 - Le Soleil de Colombie, vendredi 29 juin 1990 COURRIER EDITORIAL: La mathématique linguistique Le Canada est l’addition de dix provinces plus ou moins satisfaites ou insatisfaites du réle qu’elles jouent et de la place qu’elles occupent aujourd'hui au sein de la Confédération. C'est en fait l’addition de dix égoismes provinciaux qui cong¢oivent le pays chacun aleur maniére, selon leurs réalités, leurs besoins, leurs problémes, leurs intéréts, leurs appétits... Au Canada, l’addition n'est jamais facile a faird puisque chaque province y va toujours de ses propres retenues. L’avenir invite décidément aux relations bilatérales avec Ottawa. lly aainsi autant de visions ou de conceptions du pays qu'il y ade provinces. Voila qui favorise plus le contentieux que le consensus. Et c’est la faire fi du nombre et du poids des minorités qui ne congoivent pas nécessairement le Canada selon les mémes critéres que les majorités gouvernantes. L’odyssée de Meech aura finalement été un extraordinaire exorcisme national qui aurapermis au pays, et notamment au Canada anglais, de remettre les pendules a I’heure. En s’affrontant, les vieux démons de ce pays en ont réveillé d'autres. Le Canada anglais vient de découvrir que la haute opinion qu'il se faisait de lui-méme ne colle plus tout a fait ala réalité. Traditionnellement uni, le voici aujourd’hui divisé. Depuis 25 ans, les minorités qui se sont établies en terre anglaise ont pris du poids. Dorénavant, le Canada anglais ne pourra plus jamais se définir sans en tenir compte. Voila qui augure plut6t mal pour les francophones hors Québec. Dans l’ensemble, on est maintenant sous impression que le Canada anglais n'est plus particuliérement favorable au bilinguisme officiel. ll n’a pas donné les résultats espérés, il n'a pas réglé le contentieux Québec-Canada. Accepté en son temps, il est aujourd’hui sérieusement remis en question, du moins mis en veiJleuse: pour un temps, les deux langues sont invitées & regagner leurs pénates traditionnelles. Les avaient-elles seulement quittées? Pour les anglophones, le bilinguisme s‘est principalement résumé a l'apprentissage de la langue francaise; pour les francophones, il n’a jamais été rien d’autre que la revendication des droits qui |’accompagnent. Un bilinguisme, deux fagons de le concevoir. Entre apprendre une langue et revendiquer des droits, il y a toute une marge que le Canada n’est pas encore prét a franchir. Patrice Audifax Votre correspondant national ie Jour aprés jour, notre correspondant scrute pour vous I’ actualité nationale. Recherchez ses textes dans nos pages. Il rapporte les faits selon vos propres intéréts.. Yves Lusignan Joumaliste Agence de presse francophone Les temps changent Ayant assisté le 19 juin dernier a l’'Assemblée générale de la Société en Commandite Maison de la Francophonie, en qualité d’observateur, j’ai constaté qu’aucune des personnes mem-' bres présentes ne s’est sponta- nément présentée, ou nia accepté d’étre nominé(e), pour les postes de Président(e), Secrétaire et Trésorier(e). Je ne suis d’ailleurs pas le seul a l’avoir constaté, un représen- tant du Secrétariat Multicultura- lisme et Citoyenneté était aussi présent. Aprés avoir par ailleurs appris le départ volontaire de |’actuel directeur, j’ai eu ce soir-la V'opportunité de m’entretenir a ce sujet avec l'une des personnes ayant fait partie du comité de sélection pour le poste du Directeur, qui avait retenu le candidat aujourd’hui démissionaire. Au cours de cette discussion, j'ai exprimé|'idée de mettre mes sept années d’expérience en France dans un domaine professionnel ot: le personnel est sujet a de _ réguliéres pressions et rotations, ainsi que mes trois derniéres années d’expérience en tant qu’emplo- yeur au Canada, au service dela communauté Francophone, en participant au prochain comité de sélection. Bien que cette proposition ait été considérée comme receva- ble par mes_ interlocuteurs, quelle ne fut pas ma surprise de m’entendre répondre que les membres du comité de sélec- tion se prévalaient d’une expérience, sinon a _ toute épreuve, du moins correspon- dant a un nombre important d’années de recrutement, que de plus le panel de candidats: ayant répondu aux annonces de recrutement pour le poste de Directeur avait été trés restreint, et que par voie de conséquence, il n’était pas étonnant que le candidat retenu n’ait somme toute pas vraiment fait |’affaire. Surprise grandissante encore lorsque, ayant exposé certaines opinions quant a la possibilité de trouver des _ individus qualifiés, on a répondu que le candidat a retenir pour un poste tel quela-Direction de la Maison de la Francophonie devait justifier d’années d’expérience -professionnelle dans une activi- té en. relation directe avec le «milieu Associatif» et le «milieu Gouvernemental». On m’a de plus certifié que. ° tout s’était trés bien passé lors du recrutement du directeur démissionaire quelques semai- nes aprés son engagement, étant donné que les procédures de recrutement officielles (7?) applicables pour un organisme tel que la Maison de la Francophonie avaient été res- pectées et appliquées ala lettre, et que de plus la nature du concours oral et écrit auquel avaient été soumis les candi- dats était en parfait accord avec lesdites procédures et contrain- 1es: lk me semble que _ les personnes en charge du recrutement de ce directeur laissent ainsi paraitre qui’ils considérent cette mission uni- quement du point de vue de leur propre Tour d'Ivoire, en faisant abstraction de la réalité: il ne suffit pas de faire selon les; normes établies, encore faut-il bien faire... En effet, trouver un Directeur pour gérer une entité telle que la Maison de la Francophonie n’est pas impossible, et il est loin d’étre nécessaire de mettre sur pied, comme on m’a laissé entendre qu’il pourrait bientét se faire, un «projet» a |’échelle nationale, qui codtera m’a-t-on- dit environ trente mille dollars, plus éventuellement vingt-cing mille dollars pour faire déména- ger un individu d’une autre province. Il me semble que l’argent des _ contribuables, ou celui des généreux dona- teurs, peut 6tre mieux utilisé. — Il existe quantité d’homme et de femmes d'affaires franco- phones résidant en Colombie Britannique, par exemple des personnes ayant récemment pris leur retraite, qui ont exercé avec succes une activité patronale et gestionnaire par- fois pendant plus de quinze ou vingt ans, au Canada ou en Europe, qui seraient certaine- ment des personnes trés appropriées aconsidérer pour le poste de directeur général de la Maison. Parmi ces personnes, il s’en trouve sans nul doute au moins une qui serait préte a relever le défi de ce poste, et qui, ce qui est le plus important, prendrait un plaisir total 4 en exercer les devoirs et prérogatives, ce qui est une garantie de succés. Aux objecteurs(trices) de ce concept, il serait constructif de sooumettre cette réflexion: un ancien patron et gestionnaire de société commerciale a eu en permanence au cours de sa carriére |’expérience de négo- ciertant avec ses collaborateurs proches et associés, qu’avec ses employés, parfois avec plusieurs Organismes associa- tifs tels que des syndicats professionnel, pour résoudre des conflits du travail. Cette méme personne, qu’elle ait vécu a Montréal (Québec ou a Bordeaux (France), aura eu l'opportunité d’étre elle-méme membre d’associations, de Chambres de Commerce et d'Industrie, et par laméme d’étre exposée au contact de personnalités du monde social et politique, et ce parfois pour conduire d'importantes négo- ciations. Elle pourra de plus, évidemment, se révéler étre le «champion» nécessaire a la bonne gestion de la Maison de la Francophonie. «Les temps changent et nous ne voulons pas changer. De la vient aussi la chute des cités, parce que les républiques ne changent pas leurs institutions avec le temps», écrivait Machia- vel dés 1513 (Discorsi, IIl,1x, p. 642). N’y a-t-il pas la matiére a se demander si, bien que I’on ait une trés belle vue de |'intérieur de la Maison de la Francopho- nie, il serait peut-étre temps de faire en sorte qu’on en ait une vision un peu moins restreinte? Philippe Pradel, président de la Société d’Histoire des Franco- Colombiens, Président de la Chambre de Commerce Fran- gaise au Canada [section de Vancouver]. Heidelberg Restaurant Cuisine canadienne et européenne — Sur Place et a emporter HUGO HEIZMANN chef gérant 1164 rue Robson Vancouver, C. B. 682-1661 vous souhaite une bonne féte du Canada ag Sona Le = journal en frangais die de la Colombie-Britannique: t Président-Directeur: Jacques Baillaut ; Rédacteur en chef: Patrice Audifax Journaliste responsable de l'APF: Yves Lusignan Photocomposition: Suzanne Bélanger Coordonnateur administratif: Jacques Tang Journaliste-Coopérant: Francois Limoge Publié par le Soleil de Colombie Ltée 980 Main, Vancouver, V6A 2W3 - Avcecietion dete . APFYe. Presse franceghoxno WS ,ere-useec ® 683-7092 EE 683-6487 Fax: 683-9686 Abonnement 7 an: Canada, 20$ - Etranger, 25$. Numéro d’enregistrement: 0046 Courrier de 2éme classe pourront ne pas étre publiés. Les lettres adressées au Soleil de Colombie par ses lecteurs doivent étre lisiblement signées par leur(s) auteur(s). La rédaction se réserve le droit de corriger ou de raccourcir le texte s'il est trop long. 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