ee 12, Le Soleil de Colombie, 30 Mai 1975 Chronique du Canada Francais apne one NEC 20 OP NEOs Ne er La mode est entrain d’im- poser satyrannie au lan- gage. Unmotdevient péri- mé pour certains esprits du seul fait qu’il date de quelques années et. . .qu’il est employé par Monsieur Tout le Monde. Ce snobis- me de l’inédit finit par ren- “dre obscures lesidées les plus simples et nos pseu- do-intellectuels nous ra- ménent, aprés trois sié- cles, aux Précieuses Ridi- cules de Moliére. Jadis le Canada était peu- plé tout uniment de Cana- diens Francais, d’Aca- diens, de Franco-Manito - bains et méme de Madas- kayens. Aujourd’hui, il ne renferme plus que des Francophones et, evidem - ment, des Anglophones. Cela fait nouveau et vous donne la chatouillante sen- sation d’appartenir, nona un obscur patelin, mais 4a cet immense continent qui s’appelle la Francophonie, et qui n’est. en fait qu’un assemblage de peuples di- vers ayant en commun un francais aussi diversifie qu’eux-mémes. L’emploi abusif du terme francophone ne - tirerait guére 4 conséquence _ s’il n’était que le fruit de 1’i- gnorance, de la naiveté ou du pédantisme. Malheu- reusement, il recouvre u- ne équivoque extrémement dangereuse dans notre cas. Le terme francophone ré- fére 4 la langue. UnSaint- Pierrais, installe 4 Mont- real peut étre dit franco- phone. Il ne devient. pas ipso facto canadien-fran - c¢ais. Ce dernier vocable désigne une réalité beau- coup plus profonde que la langue, un groupe humain forme par le travail des siécles~ et auquel on ne peut accéder du_ seul fait de parler sa langue. Les Francais, les Wal- lons, les Romands, les Valdotains sont évidem - ment des« francophones, mais ils sont avant tout des Francais, des Wallons, des Romands,des_ Valds- tains et ils n’ont nulle en- vic de devenir des franco- phones tout court. Au Ca- nada, l’emploi abusif du terme francophone, favo- rise les tenants du fédeée- ralisme centralisateur, qui se refusent 4 reconnaitre l’existence en ce pays de deux nations ausens fran- gais et sociologique du terme, qui entendent, du méme souffle, niveler les particularismes régio- naux. Pour les partisans de ce fédéralisme, il n’y a qu’un Canada ‘‘from coast to coast’’ parlant deux lan- gues. ..pour ]’instant. Mais ne nous faisons pas d’illu- sions. La méconnaissance des groupes nationaux con- duit, tot ou tard, 4 la dispa- Commentaire COMMENTAIRE par Jean DUSSAULT Diffusé le 27 Mai 1975 CBUF-FM ,Vancouver Mercredi 3] mai, 3 ex- députés li béraux ont atti- ré prés de1,200 personnes dans une école du quartier cossu de Point Grey 4 Van- couver. Ces trois hom- mes-1la veulent unifier le vote de libre entreprise pour défaire les socialis- tes. - Fh bien! si ce sont des re- présentants du style des 1,200 personnes réunies mercredi il y a 8 jours, qui prennent le pouvoir, le monde ordinaire va enba- ver un coup. Voyons la soi-disant logi - que de ces nobles gens qui placent l’intérét de la pro- vince avant le leur: si nous sommes ¢élus avec une mi- norité des électeurs de no- tre circonscription, di- sent-ils, ce n’est pas gra- ve; mais si un néo-démo- crate est ainsi élu, c’est anti-démocratique. Drdle de logique! Un autre point est celui de la libre entreprise anti- socialiste: pour faire tri- ompher cette sacro-sain- te entreprise, les unifica- teurs veulent regrouper ‘tous les gens de cette ten- dance sous une seule ban- niére. A mon avis, ¢a res- semble drdlement aunmo- nopole... A noter aussi, ces bonnes gens de Point-Grey veulent défaire les socialistes pour regagner leur liberté. Mais quand quelqu’un s’est leve mercredi dernier pour denoncer la défection de McGeer, Williams et Gor- don, les huées ont volé de toute part et le juste, trés juste méme président d’as- semblée a coupé le microa l’orateur. : Drodle de libertré! Et a cdtée de ca, il y a- vait cn fin de semaine le congrés -du- parti liberal atrophie. Si David An- derson n’a pas réussi a garder ensemble ses mai- Ores SeheuiS ns lke men reste pas moins que sa position centriste risque de plaire, ct'-a ceux qui ne favorisent pas les néo- démocrates. Mais, con- sidérant quc plus de mem- bres. du Parti Liberal pré- feraient s’accouder au bar en fin de semaine 4a dis- cuter politique, ce parti n’offre guére d’aspects ré- jouissants. A défaut donc de plai- re a tout lé monde, les neo-démocrates déplaisent sdrcment moins que ne le font leurs opposants. - rition de la langue la plus faible. Au temps de la Nouvelle- France, nous nous’ distin- guions des Frangais par- ce que nous étions devenus des Canadiens et, mémesi le pays s’appelait la Nou- velle- France, ses _ hahbi- tants s’appelaient des Ca- nadiens. Avec le britannique, avec l’instal- lation dun groupement nouveau, il a_ fallu preci- ser et nous sommes deve- nus des Canadiens Fran- c¢ais, sans cesser d’¢tre ce que nous etions, d’au- thentiques Canadiens aus- si distincts des Frangais ou des Wallons que Vau- dreuil pouvait l’étre de Montcalm et les mili- ciens canadiens des sol- dats francais. Parlons de Francopho- nes lorsqu’il s’agit de la langue. Pour le reste, continuons d’utiliser le vocable canadien-fran - ¢ais ou acadien. Soyons fiers .de nous dire cana- diens-frangais, de nous ré- férer A un pays, a4 une li- gnée ancestrale, a un pas- sé, Aun présent biologi - que, 4 des richesses_ sfi- rituelles en vertu de quoi nous sommes aussi sare- ment nous-mémes que di fait de parler francais. Le Conseil de la Vie Fran Cd1se. = Violence EE TAUX DES MEUR= TRESME de VALOIS GESiheEN AUGMENTATION AU CA- NADA - OTTAWA - Les statisti - ques préliminaires de la criminalité pour 1974 dé- montrent un accroissement du taux des crimes violents par rapport 41973. (d’aprés les compte-rendus de Sta- tistique Canada). Des statistiques extraites des informations de la po- lice, il apparaft que le nombre des crimes vio- lents s’est élevé de H.8%, soit de 2,2 42,4 par 100,000 habitants, en 1972. Le nombre réel des meurtres est passé de 475 en 1973 4 530 l’année der- niére, avec le taux le plus élevé au Québec, soit 151. Quant aux viols, on enre- gistrait une diminution de 13% a 8,2% par 100,000 ha- bitants, avec un nombre global de 1,827 en 1974. Les tentatives de meurtre ont augmenté de 6,9%, les coups et blessures de 10,7%, les attentats de 4,4% et les vols de 26,9%. Le Québec a recensé 2,5 meurtres par 100,000 habi- tants alors que la Colom - bie-Britannique en comp- tait 4,2. La Colombie - Britanni - que a enregistré 100 meur- tres l’année derniére, ce qui représente un accrois- sement de 32.5% par rap- port a4 1973 00 1’on n’en to- talisait que 73. regime - Sa qualité. ep coin de la régie de la langue francaise Ous men direz tant par Louis-Paul Béguin PIF, PAF, ‘BOUM | Ejay Je suis le premier A me plaindre de l’hermétisme du frangais de certains technocrates, ce qu’ona appele l’hexagonal. I] ne faudrait pas croire, com- me certains le font, que le francais est la seule langue qui souffre des ma - ladies du modernisme, dans une société de con- sommation qui exige qu’on dise vite et n’importe com- ment ce. que Il’on désire communiquer. L’anglais, grande langue mondiale, est entrainence moment de subir les con- trecoups de l’usage immo- déré, surtout aux USA, du jargon des techniciens, ces nouveaux Dieux de notre sociéte, qui ont introduit dans la langue anglaise des mani¢res dc s’exprimer qui relévent des mathéma- tiques plutdt que de la lit- térature. Jenedéteste pas la technique audio-visuel- le. Mais quand on pense que des bandes dessinées_ ont été publiées aux Etats-U- nis sur des oeuvres’ de Shakespeare! Cette al- liance de l’image aux mots n’a pas servi les textes sublimes du grand écri- vain, mais les ont simpli- fiés et réduits au niveau d’images d’Epinal. Les textes américains sont imoréygnés aussi d’hermé- tisme et de ce que certains appellent L’habitude de'voir le mon- de avec des lunettes de ma- thematiciens fait que le langage devient un acces- soire utilisé pour solu- tionner des ‘‘problémes”’ de maths’’ et risque de tourner au non-langage par V’abus des termes emprun- tés aux sciences: interfé - rence, paramétre, norme, courbe, interpolation, etc.. etc. La langue américaine €st souvent reduite & des raccourcis qui la court- circuitent et ils’enest sui- vi un appauvrissement de Les sciences sont si compliquées de nos jours qu’elles~ne peuvent étre exprimées par le lan- gage. C’est par des for- mules mathématiaques que l’homme de science com - Munique et celia a amené ce qu’un grand philosophe américain appelle la re- traite du mot (*). George Steiner écrit sur la crise du langage (américain bien sQr). Il deplore le fait gue les connaissances moder - nes ne sont plus commu- nicables qu’avec des con- cepts empruntés aux ma- théematiques. L’historien le--non-langage.: AUTRES VRAMS! lui-méme ne fait plus de littérature, mais des sta- tistiques. Il vit dans les fiches. Il écrit dans un style aussi illisible que possible pour démontrer la qualité scientifique de son art. M. Steiner écrit que tout ce qui a rapport 4a l’homme moderne est ex-. prime maintenant en ter- mes scientifiques: il est de plus en plus question de sciences sociales, de lois de l’histoire, d’éco- nométrie (quiremplace dé- sormais 1’é@conomie). Dans le domaine de l’art, alors que la langue était capable hier encore d’exprimer et d’expliquer l’oeuvre de l’artiste, parce qu’il s’a- gissait de choses figurati- ves, donc que 1]’on ‘‘voy- ait’’, elle ne peut plus ex- pliquer l’art moderne (que l’on sent plutét que __‘|’on voit) sans avoir rccours 4 des théories scientifiques, & des formules mathéma- tiIGUes, ©€t Gela est. vrot aussi bien pour la pein - ture que pour la m 1sique moderne. Je ne parle pas de la poésie, mais c’est la méme chose. Etle nouveau roman! Le grand écrivain russe Soljnenitsyne a dé- claré que 1l’on ne pouvait donner un nom a_ toutes choses, certaines choses nous entrainant hien_au- dela des mots... Mais. tout, de meme! Les, titres. don-. nés a certaines | oeuvres modernes, certaines toi- les, certains morccaux de musique électronique ne Signifient rien. Dans _ le fond, aussi bien ne pas leur donner de titre. Le si- lence, voila ce qui nous at- tend. Intcrrompu par le ronron électronique des robots, nos futurs maf- tres,, et par le murmure mathématique des experts se recitant des tables de logarithmes en guise de communication. Ft naturellement, les Pif, Paf, Boum ct autres Vrams des bandes dessinées 4 la Barbarella, pour le conten- tement des masses repues de consommation. Pour conclure, je citerai une phrase de M. Stciner: ‘‘La reduction du langage a con- damné une grande partie de la littérature récente Ala médiocriré’’. Etau silence sans doute. Cela vaudrait mieux. Comme disait le philosophe Wittgenstein: - “Quand on ne sait com- ment s’exprimer, mieux Vault neamen) dire: (*) - dans Language’et Si- lence, New-York 1967 - BIENNE - rubé, au 16@éme Avenue - Tél: 873-5285 et 5286 - A la recherche FORMATION de la SOCIETE HISTORIQUE COLOM- Toutes les personnes intéressées par l’histoire de la Langue Francaise en Colombie- Britannique, sont priees de se mettre en rapport avec M. Pierre Bé- Centre Culturel Il serait souhaitable d’avoir un ou plusieurs repré- sentants dans toutes les régions de la Colombie. - Colombien, 795 Quest eK OE RD ESE SD RW ee eee ele et ee PO et ee ee Me ye ee). a ~~ ee pe