a, a a a ae tT ar — = Caan ae 1 ll st VIII, LE SOLEIL DE VANCOUVER. ZOSSSOOSTSSTE OOOO BOOS OO BOS SSS SOS SSO En matiére de campings bien situés, celui de la ville d’Avignon mérite une men- tion bien honorable. Avignon est située sur la rive orien- tale du Rhone, et son cam- ping, nommé le Pavillon Bleu en l’honneur du petit hdtel qui en fait partie, se trouve sur l’Ille de la Barthelasse au milieu du fleuve, en face de la ville. Si vous arrivez de Nfmes par la RN 100, vous prendrez la sortie 4 cent métres 4 l’ouest du pont moderne qui conduit a la ville, et suivrez une petite route sinueuse qui descend A l’fle et longe le bord du fleuve jusqu’a l’en- trée du camping. Les sites sont bien aménagés : plats, propres, et entourés de pe- tites haies qui, en marquant les limites de chaque terrain, garantissent un peu de tranquillité. Ils sont pour- vus de prises de courant (220 V.) pour l’éclairage et le chauffage de votre cara- vane, et il y a des robinets 4a eau potable 4 proximité. Le bloc sanitaire tient une situation centrale, et selon les standards un peu spar- tiates des campings euro- péens, se montre au moins suffisant. Si vous avez la chance d’arriver au Pavillon Bleu quand il y a un choix de sites, le gérant pourra vous en trouver un 4 l’om- brage d’un vieil orme, ves- tige du domaine privé d’au- trefois qu’occupe le camping moderne, avec une vue déga- gée sur le fleuve, les bou- levards extérieurs et les remparts de la vieille ville, et un peu plus loin, le clo- cher de l’ancienne cathédra- le Notre Dame des Doms, ainsi que les tours, tourel- les et murailles du magni- fique Chateau des Papes. C’était notre bonne fortune, aA ma femme et A moi de nous trouver ainsi, bienins- tallés, lorsque nous avons séjourné pendant plusieurs jours dans ce camping, vers la fin du mois de mars de l’année derniére. En des- cendant de notre aut0d-cara- vane, et en faisant face au fleuve, nous pouvions ad- mirer, A droite, le grand pont moderne qui s’éléve trés haut au-dessus de |’ Ile de la Barthelasse et des approches de la ville, et sur lequel passent non seulement les longues co- lonnes de véhicules de toutes sortes que l’on s’attend 4 voir sur une artére impor- tante, mais aussi de nom- breux piétons, y compris, de temps en temps, des files de garcons et de filles qui le traversent pour atteindre les terrains de sport éta- blis sur l1’fle. A gauche, nous avions une belle perspective sur le Vieux Pont d’ Avignon - celui qui a inspiré la célé- bre chanson - qui s’étend sur les quatre piliers qui restent, de la rive sur la- quelle la ville est située, jusque vers le milieu du fleuve. On se rappelle que le courant est si rapide que les Romains ne réussirent jamais 4 jeter un pont sur le fleuve, et que ce ne fut qu’en 1188 que St.Bénézet parvint 4 en construire un qui dura avec maints écrou- lements et réparations, jus- qu’en 1680. Entre paren- théses, les paroles de la vieille chanson devraient étre Sous le Pont d’Avignon, non pas Sur le Pont d’Avi- gnon, parce que c’était a l’?ombre du pont, protégés du soleil brOlant du Midi, que les beaux messieurs et les belles dames dansaient en rond. Sans quitter le camping, on peut jouir d’autres specta- cles. Il y a les longues péniches, peintes en cou- leurs trés variées et trés gaies, qui, en descendant le fleuve, glissent silencieu- sement et rapidement sous le pont moderne, évitant de justesse les piliers ; et qui, en le remontant, se fraient péniblement un passage, pouce A pouce, avec beau- coup de bruit et force vibra- tions de moteurs fonction- nant 4 plein régime. Il y a aussi sur la rive opposée un joli petit parc, situé entre l’un des boulevards exté- rieurs de la ville et le bord du fleuve. Ce parc, ordinai- rement paisible et peu fré- quenté, devient, le dimanche, le lieu de prédilection de toute une foule de gens. Du camping, méme avec des jumelles, il est difficile de discerner ce qui s’y passe, et c’est seulement en s’y rendant que l’on résout l’énigme. C’est untournoi de pétanque, jeu aussi popu- laire dans le midi de la France que le jeu de quilles ou le curling au Canada. C’est un jeu d’équipe qui se pratique avec des boules de fer, et qui requiert un degré élevé de concentra- tion, d’entrafnement et d’adresse. Dans le parc en question, les pistes sur les- quelles ont lieu les concours sont spécialement construi- tes, et entourées de trottoirs en béton ; mais 4 vrai dire, on peut jouer sur n’importe quel terrain raisonnable- ment plat ; dans l’attirail pour le pique-nique de la famille méridionale, les poules de pétanque figurent presque au méme rang que les bouteilles de vin. | Celui qui aime taire de bonnes promenades, peut se rendre A pied au centre de la ville. Il gravit la colline afin de regagner la RN 100, franchit le pont, arrive au carrefour desboulevards extérieurs et penétre dans la ville par l’une des portes pratiquées dans les rem-_ parts. Il peut alors suivre la rue principale, passant devant beaucoup de jolies boutiques, plusieurs maga- sins A rayons, undrug-store des plus modernes, des ban- ques et d’autres bureaux, pour accéder enfin 4laplace LLILISOS Sous le pont d Avignon principale. Cette place, flan- quée d’un cdté de l’hdtel de ville et de l’autre de cafés et de boutiques, est assez vaste, mais puisqu’elle sert d’annexe A l’un des cafés d’en face, et ainsi se trouve encombrée de tables et de chaises - pour ne pas parler des convives et des serveurs portant des plateaux de ra- frafchissements - les pas- sages réservés A la circu- lation s’avérent assez étroits. Il est évident que ce café est le lieu de rendez- vous favori des jeunes gens a de la ville, car, 4 la sortie des classes, ils s’y rassem- blent en grand nombre, et conversent longuement, tout A fait préoccupés, comme les jeunes de partout au monde, les uns des autres ‘et de leurs intéréts ésoté- | riques. Au-dela de la place, plu- sieurs ruelles conduisent 4 la cathédrale des Doms, 4 l’entrée du Chateau des Papes, et au beau jardin public avoisinant. Ce parc historique a un charme exceptionnel, et puisqu’il se trouve au sommet de la col- line des Doms, on y jouit d’un panorama fantastique, englobant les sinuosités argentines du Rhone, I’Ile de la Barthelasse, les deux ponts, les boulevards exté- rieurs, et un immense pay- sage entrecroisé de chemins bordés de peupliers et jon- ché d’églises, de chateaux, et - de petites maisons blanches. Que dire du Palais des Papes dont le Palais-Vieux, construit par Benoft XII, date de 1342, et le Palais-Nou- veau, élevé pour Clément VI, fut achevé en 1352 On fait la visite sous la conduite d’un guide, et il faudrait étre tout A fait dépourvu d’imagination pour ne pas étre profondément impres- sionné par cet édifice énorme, construit plus pour la défense que pour l’agrément, aux corridors sombres, aux halls massifs, aux chambres merveilleuse- ment ornées, mais d’une froideur impitoyable. On dit que la température 4 1’in- térieur reste presque cons- tante toute l’année, et que méme durant les chaleurs d’été, on éprouve le besoin d’un manteau ou d’un chan- dail en faisant la visite. Quant A I’histoire de la vieille ville d’Avignon, ilest impossible d’y rendre jus- tice dans un article de cette sorte. Mais voici quelques petites notes qui temoignent de son étendue et de son in- térét :; colonie florissante sous les Romains ; souvent attaquée, prise, et saccagée pendant le Moyen Age ; jouit pendant les XIe et XIIe sié- cles d’une quasi indépendan- ce semblable 4 celle des villes italiennes de l’epoque ; assiégée et conquise par louis VIII en 1226 ; A par- tir de 1251, vassale des comtes de Toulouse et de Provence ; de 1309 4 1376, séjour des souverains pon- tifes, et en 1348, vendue par Jeanne, reine de Sicile, au pape Clément VI ; gou- vernée jusqu’a la révolution par des légats ou vice-lé- gats pontificaux. En juin 1790, la ville d’Avignon vota son annexion a4 la France, et un décret du gouvernement francais, enseptembre 1791, confirma ce vote. Pendant la deuxiéme guerre mon- diale, Avignon subit l’occu- pation allemande de no- vembre 1942 A aot 1944. Aujourd’hui, avec une popu- lation de plus de soixante mille habitants, centre d’in- dustrie et de tourisme, en- tourée de ses remparts des XIIe et XIVe siécles, qui subsistent dans leur majeure partie, Avignon tient un rang prééminent parmi les vieil- les cités les plus belles et les plus pittoresques du Midi. Par A.A.Hards.