Pauvre et splendide Mexique par Roger Dufrane Au début de ce voyage, ob- servant le mouvement sur les routes, aux Etats-Unis, d la nuit, je me demandais : *“*T?Amérique dort-elle ja- mais? ’? Et maintenant, im- portuné par la lourdeur de l’air et le vol des insectes, je me pose une autre ques- tion : ‘‘Le Mexique dort-il jamais ? ’’? On pourrait en : douter. Des enfants crient. d Des jeunes gens sifflent. Un camion pétarade. Lorsque, tardivement, on s’assoupit, ce n’est pas pour longtemps. Car les coqs chantent aux petites heures. Cette fois-ci, ce qui me garde les yeux ouverts, différente. Un son gréle de guitare et de xylophone, une sérénade legére et entraf- nante, durant dans la rue. Il s’a- gissait, tard, de quelques ‘‘marim- bas’’, engagés par un galant pour jouer sous la fenétre d’une jolie fille dont c’était l’anniversaire. Comment me figurer Jalapa pour l’avenir? Le plus exact consiste 4l’imaginer comme une de ces villes décrites dans les romans du moyen- age, sur quoi se superpose une ville moderne. Ajoutons au tableau un ciel lumineux, une ceinture de volcans boi- sés et endormis, dont les cendres fertilisent la région et dont les pierres pavent les rues. Toutes les monta- gnes, ici, sont des volcans. On les reconnaft 4 leur masse en forme de cone | f tronqué, A leur sol de pierre poreuse. Et les rocs de ces montagnes, couverts d’un gachis de ci- ment et de chaux, forment | ] les murs des maisons pein- tes de vives couleurs. La ville primitive, la voici, S CL 1G | s c’est une musique |tére principale, voitures longent des trot- | toirs ot passent des Indien- nes chargées comme des mules. en ses ruelles abruptes, ses Indiens vendeurs de plantes | médicinales, ses marchands, ’oiseaux, porteurs de cages mpilées haut sur le dos. La vie du vingtiéme siécle Otoie ce monde archaique ans l’entamer. Au coin du | marché, un rebouteux répare les membres rompus. A deux as, sur un édifice tout neuf, rille la plaque de cuivre ’7un chirurgien. Sur l’ar- de belles Les riches Mexicains voya- gent en Espagne et en Ar- gentine. Leurs demeures sont des palais camouflés, dez : ‘‘Comment se fait-il, | Monsieur, que tant de men- | diants trafnent par les rues” L’éclair qui passe dans les yeux de votre interlocuteur vous donne la vague impres- sion d’avoir commis un im- pair. Et vous remettez votre hdte 4 l’aise enparlant d’au- tre chose. Pauvres Mexicains du petit peuple ! Gais ou tristes, ils espérent un changement ou se résignent. D’aucuns se montrent jaloux ; d’au- tres vous font bon visage. En somme, des déshérités comme partout. Un trait A retenir : le Mexicain, aussi Ppauvre qu’il soit, aime la vie. Et pourtant sa vie cou- doie parfois dangereusement ‘résonne une heure ai-je appris plus s concassés, re- est Aa vous | voir défendus par des grillages. A. l’intérieur de ces forte- resses, les servantes s’af- airent entre les meubles de style colonial. Ces pri- vilégiés se montrent d’une exquise politesse. ‘‘Ma casa !?? disent-ils 4 | eur hdte qui aimerait pou- les prendre au mot. | A l’heure du cognac, détendu et en confiance, vous deman- Les accidents de la route sont fréquents. Et souvent le riche s’en tire par un pot de vin. Dans ies villages retirés se dérou- THE la mort. lent des vendettas impunies. Ma surprise fut grande de | voir dans une bourgade de ; montagne un individu dont! le regard sournois nous ob- servait sous le sombrero, | et qui portait 4 la ceinture le soleil RECHERCHE UNE PUBLICISTE BILINGUE A TEMPS PARTIEL POUR PROSPECTER AUPRES DE DIVERS ORGANISMES EN VUE D’OBTENIR DES CONTRATS PUBLICITAIRES. COMMISSION ASSUREE. B Ned | — ‘Yveline ELLIS 683-7441 731-6434 VOULEZ-VOUS EPARGNER ? 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On traverse des hameaux aux toitures de palmes séches. Un cava- lier passe, fier comme Don Quichotte. Sa femme le suit, 4 pied, deux enfants sur les bras. Vera-Cruz ! Le nom sonne,| 4 la‘ fois dur et tendre, romans d’aventures, 4 des films se déroulant dans 1 fiévre des tropiques, aux séductrice. On pense A des naires des Conquistadores. Les Espagnols y débarqué- rent autrefois. Des hidal- gos y menérent une vie de chateau. Vinrent les Fran- ¢ais ; puis les Américains. Mais les souffles chauds du golfe de Campéche énervent les envahisseurs et les épui- sent. Les Espagnols se rem- barquérent, et les Améri- cains, et les Frangais, lais- sant la ville 4 ses créoles' et ses métis. Vera-Cruz ! Nous parlerons avec plus de détails de cet endroit chain article... (A suivre ) Il vous serait impossible, re a TAILORS itd. 2425 rue Hasting,est.: (pres de.la rue Nanaimo) LE SOLEIL, 14 MAI 1971, XI ! | SMe ciao Gata aaa. ee eit = - e: pe