Le Moustique (Suite et fin). Cette fois la représentation se ferait dans l’apres-midi. Nous étions de retour dans notre pays, dans notre ville et, a cette occasion, le programme se promettait d’étre assez exceptionnel. Alia et moi avions acquis, au cours des mois, beaucoup d’expérience dans notre domaine. On nous avait demandé de nous surpasser et d’offrir au public de notre ville les plus nouvelles et les plus gracieuses de nos figures. Certaines étaient d’ailleurs assez difficiles et allaient nous demander une certaine concentration. Il y avait notamment cette acrobatie ou je me devais de tomber vers la foule et, au raz des tétes, dans une belle courbe, redresser au dernier instant pour remonter aussi rapidement que possible au niveau ou m’attendait Alia. Ce n’était pas simple car je flotte et ne vole pas. Il fallait donc, d’un coup, perdre toute **flottabilité’’, plonger en accumulant un maximum d’énergie cinétique afin de m’entrainer vers le haut au moment ou je rétablirais l’état de ’’flottaison’’. Ce n’était pas réellement dangereux. En fonction de mon poids, j’avais établi des graphiques qui me montraient, selon la hauteur d’ou je tombais, a quel moment il me fallait inverser le processus pour obtenir la plus belle courbe qui soit. Et je n’avais aucune crainte, j’avais prouvé de nombreuses fois que je pouvais commander a volonté cette ’’flottabilité’’. C’est donc dans la plus grande décontraction que nous nous Page 12 Volume 4 - 1° édition Janvier 2001 présentames au public. Alia était plus belle que jamais et j’étais dans le meilleur de ma forme. Comme a l’accoutumée, la foule était nombreuse et enthousiaste. Le soleil brillait dans un ciel pur ; la représentation se promettait d’étre parfaite. D’emblée nous entamames la routine, réservant les figures plus spectaculaires pour la fin. Il faut reconnaitre que pour ceux-la qui nous observaient une premiere fois, le seul fait de s’élever de terre était déja en soi un spectacle extraordinaire. Dés le début les acclamations et les applaudissements fusaient. Comme a Vhabitude, le succés était assuré. Le point d’orgue de la représentation était atteint. Nous étions Alia et moi assez haut dans le ciel quand je décidai de plonger. Les gens se demandaient souvent comment je commandais de flotter ou non. J’avais bien du mal a leur expliquer. Comme les oiseaux qui volent et ne peuvent en donner la raison, c’était pour Alia et moi-méme une simple question d’instinct. Je plongeai donc sans effort et acquis trés rapidement de la vitesse. La téte en premier, les bras tendus, j’arrivais comme une fléche sur le public. II était temps d’aborder la boucle. A quelques dizaines de metres de la foule, je reconnus soudain ce visage. Mon amie ! Le visage noyé de chagrin, les yeux dilatés par |’angoisse.