VOL. 4 NO. 12 VENDREDI 23 JUILLET 1971 Enregistrement de 2éme classe 0046 PUBLIC LIBRARY JUL 261971 PERIODC2!5 Periodical ‘LE SEUL JOURNAL DE LANGUE FRANCAISE DE COLOMBIE BRITANNIQUE Nixon en Chine Aprés 22 ans de froideur diplomatique sibérienne A Vendroit des Etats-Unis, les dirigeants de la Répu- blique populaire de Chine, récemment réconciliés avec le Canada et encore sous le charme des pongistes amé- ricains, viennent de consen- tir A lever bien haut leur ri- deau de bambou pour laisser passer un géant: le président du pays le plus riche, le plus puissant et le plus presti- gieux au monde : les Etats- Unis. Cette invitation, adressée au chef de l’Exécutif améri- cain, de visiter officielle- ment la Chine continentale ‘*4 une date appropriée avant mai 1972’’ est l’aboutisse- ment d’un long et laborieux processus amorcé par M. Nixon en septembre 1968, alors qu’il parcourait le pays au cours d’une campagne électorale qui devait le por- ter A la présidence. Proclamant qu’A son avis l’instauration d’une paix du- rable dans le monde n’était pas possible sans la parti- cipation de la Chine de Mao oti vit presque le tiers de l’humanité, le candidat d’a- lors 4 la présidence s’enga- geait, s’il était élu, ‘‘a tout mettre en oeuvre pour effec- tuer un rapprochement USA- Chine’’. Depuis son accession 4 la présidence, Nixonn’a jamais raté l’occasion de réitérer le désir de son administra- tion d’en arriver 4lanorma- lisation des relations diplo- matiques sino-américaines. Les anti-américains 4 tout crin ne manqueront pas de préter au président améri- cain de ‘‘noirs desseins’’, de ‘‘fourbes intentions’’. N’est-ce pas le m@éme hom- me qui, tout en se disant partisan sincére d’un rap- prochement avec Pékin, or- donne l’invasion du Cam- bodge, retarde le retrait des troupes américaines du Vietnam et surtout persiste dans son obstruction vis-4- vis l’admission de la Chine 4 ONU? A ces voraces tenants de l’anti-américanisme, est-il nécessaire de souligner que la Chine de Mao, de larévo- lution culturelle, la Chine amie de tous les peuples opprimés, est ce méme pays qui entretient d’excellentes relations diplomatiques avec le régime Yahia Khan res- ponsable de ce qu’on appelle le génocide des Bengalis. Il n’y a pas de ‘‘purs’’ en diplomatie internationale. L’URSS n’a-t-elle pas four- ni au Nigeria les armes utilisées pour massacrer les Biafrais sécessionnistes Les trois artisans du rapprochement USA Chine L’initiative du président Nixon de solliciter une invitationen Chine populaire et I’accepta- tion des dirigeants de Pékin a provoqué une véritable clameur d’approbations enthousiastes tant A l’étranger qu’aux USA. Ci-dessus, les trois principaux protagonistes de cette piéce spectaculaire : de gauche 4 droite, le premier ministre Chou En-lai, le conseiller en Affaires étrangéres du président Nixon, M. Henry Kissinger, et M. Nixon. S’ils sont logiques avec eux-mémes, ces exégétes ‘*maoistes’’ devraient dé- noncer les dirigeants de Pé- kin qui, en invitant Nixon, en acceptant sa maintendue, viennent sans l’ombre d’un doute de faciliter sa réélec- tion au scrutin présidentiel de novembre prochain. Or, on sait que les obser- vateurs de la scéne politi- que américaine s’accor- daient 4 dire que les chan- ces du président d’étre re- porté au pouvoir étaienttrés minces. Ces observateurs sont au- jourd’hui unanimes, aprésla spectaculaire annonce de sa visite en Chine, pour décla- rer que Nixon entreprendra un deuxiéme mandat prési- dentiel. La mission secréte de Henry Kissinger C’est 4 Henry Kissinger, son conseiller personnel des Affaires étrangéres que Nixon a confié la tache dé- licate de transmettre aux di- rigeants de Pekin son désir de visiter la Chine. M. Kissinger, a-t-on ap- pris, s’est rendu dans le plus grand secret en territoire chinois. En tournée asiati- que de dix jours, l’émis- saire numéro 1 du prési- dent a file 4 l’anglaise vers Pékin depuis Islamabad od, selon les agences mondiales de presse et la Maison Blan- che, il était retenu par une légére indisposition. Trés (Suite page 3) , Une note discordante L’ambassadeur de la Chine nationaliste (Formose) aux Etats-Unis, a déclaré, vendredi dernier, au cours d’une conférence de presse 4 Washington, que son gouvernement était trés mécontent A la suite de 1’annonce que le président Nixon visitera Pékin avant mai 1972. Il a qualifié la rochaine visite du chef de la Maison Blanche chez les [communistes chinois de ‘‘marcheé de dupes’’.