thie ae 0 oe Le Soleil de Colombie, vendredi 4 mai 1979 De l’Ayatollah 4 Abraham Lincoln? Par Keith SPICER. MONTREAL. On ne risque guére de confondre Gomor- re-sur-le-Saint-Laurent avec la ville sainte de Qom. Mais depuis sa victoire éclatante dans Argenteuil (agrémen- tée d’un triomphe inespéré dans Jean Talon), Claude Ryan doit se réjouir a l'idée que ses adversaires péquis- tes ne peuvent plus le traiter d’“‘ayatollah” —— le chef- oracle qui inspire ses parti- sans a partir d’un siége en dehors de la capitale. Désormais le siége de M. Ryan est a 1|’Assemblée Nationale. Et si les carica- turistes lui donnent une petite chance, l’ancien direc- teur du Devoir a une belle occasion de convaincre le public que son visage angu- laire et son regard droit n'’évoquent pas un ayatollah mais plutét un Abraham Par quelle magie M. Ryan peut-il imposer cette image plus méritée? Par la poursui- te de sa mission comme chef des libéraux (et officieuse- ment des fédéralistes) du Québec suivant des qualités lincolniennes de fermeté, de vision et de générosité. Ces qualités —— que M. Ryan posséde dans un dosa- ge variable mais évident —— doivent briller dans trois forums: celui de la campagne référendaire, ce- lui de l’'Assemblée Nationa- le, et celui des relations avec le reste du Canada. C'est le 22 mai seulement ah! mon pro- gramme faveri f Les promesses5 e/ecforales o 4 SACPERY. oF >, xe Js a] oe, io irs ir, s3 , que nous saurons si les efforts conjugués de péquis- es et de créditistes réussi- ront a saper la forteresse québécoise de Pierre Trudeau suffisamment pour hisser un Joe Clark plus mal- léable au pouvoir. Ce qui est sfir, d’ores et déja, c'est que la campagne du PQ démar- rera effectivement le 23 mai. Qu’on se rassure. En aban- donnant le silence référen- daire qui vise 4 couler Tru- deau, les péquistes ne dé- chaineront pas leur franchi- se au point d’appeler |’indé- pendance par son nom. Mais du jour au lendemain ils vont mettre bruyamment le pa- quet pour solliciter un man- dat anodin les autorisant a tenter d’obtenir la “souve- raineté-association”. Avec une lenteur discréte mais méticuleuse, M. Ryan met en place depuis un an un nouveau parti libéral. Celui- ci est capable de croiser le fer avec la machine a pro- pagande que le PQ tient en alerte pour quadriller, rue par rue, tout le Québec. I a doublé l’effectif des mili- tants, réorganisé les struc- tures au centre, récolté plus. de deux millions de dollars en petits dons, et établi une relation personnelle avec les associations de comté a tra- vers le Québec: Ce travail d’‘intendance” est valable, méme crucial. Mais ce qui demeure la plus belle réalisation de M. Ryan c'est sa défense et illustra- tion du Canada. Dans son manifeste “Choisir le Québec et le Canada” M. Ryan a plaidé le dossier canadien d'une facon positive que d'autres chefs fédéralistes québécois n’ont jamais osé, ou su, définir. Parce que M. Ryan offre cette vision rivale plutét qu'une attaque stérile sur le “séparatisme”, il peut mener aujourd’hui sa campagne ré- férendaire avec une dignité qui honore et la cause cana- 3 dienne et l’option péquiste. Sans doute M. Ryan sera- t-il obligé d’exiger que les péquistes cessent de camou- fler leur objectif sécession- niste de verbalisme a la Valium. Mais en s’en tenant a ses idéaux raisonnés, il réussira peut-€tre 4 convain- cre les Québécois que si l'indépendance n’est pas un cauchemar, elle procéde d’un réve spirituellement _ infé- ieur et moins libérateur qu'un Canada a deux réin- venté. En prenant sa place com- me chef de l’opposition a l’Assemblée Nationale, M. Ryan a une deuxiéme chan- ce de jouer les Lincoln. Le parlement a Québec se pré- sente a la fois comme un club de copains et comme une patinoire a hockey ot tous les coups sont permis. Ses débats étant diffusés dans tous les foyers, M. Ryan, s'il veut garder son air de pre- mier ministre de rechan- ge, devra éviter et les peti- tes complicités de Club et les bagarres de caserne. Pour garder l’espoir et le mouvement de son cété, il fera bien d’assortir ses criti- ques nécessaires de pro- grammes constructifs: ses propres méditations depuis des années, ainsi que les travaux impressionnants de son “brains-trust”, lui four- nissent déja des réponses parfois fort détaillées sur un vaste ensemble de proble- mes. : En somme, afin de se présenter comme le rempla- cant crédible de M. Léves- que, dont le régime (a part ses manipulations référen- daires) a bien gouverné le Québec, il faudra que M. Ryan parle comme un bitis- seur supérieur et non pas comme un expert en démo- lition. Le troisiéme secteur ou M. Ryan doit porter son regard c'est celui du Canada hors Québec. Cette semaine méme, les ministres péquistes mettent 4 profit un sondage incom- plet et deux politiciens sans nom pour faire croire aux Québécois que le “Canada anglais” briile secrétement d’envie de “négocier la sou- veraineté-association”’. ‘La vérité n’est pas tout a fait cela. Un sondage sans choix réel et deux politi- ciens anonymes (s’agit-il de William Davis de l'Ontario ou de l’ancien maire de Moncton, Len Jones?) peu- vent bien laisser l’impres- sion que le “Canada anglais”,. aprés un divorce, serait ravi de maintenir un compte bancaire en commun avec une République du Québec péquiste; cela ne prouve qu'une chose: que les efforts systématiques du PQ pour faire passer la sécession pour un rafistolage mineur du fédéralisme actuel ont réussi, pour l’instant, 4a tromper quelques-uns. Comme partie méme de sa stratégie référendaire et parlementaire, M. Ryan de- vra agir de concert avec les autres chefs provinciaux pour mettre en relief l’op- tion canadienne. Ensemble, ces leaders doivent démon- trer que la liberté et la sécurité les plus larges des Québécois en tant qu’indivi- dus peuvent se facgonner dans une relation de dignité dans l’égalité a la Pepin- Robarts au sein du Canada. M. Lévesque préconise la “souveraineté politique as- sortie d’une association éco- nomique”. Qu’est-ce qui em- pécherait M. Ryan de bapti- ser sa formule 4 lui souve- raineté morale assortie d'une association politique? Voila un peu diironie a la Lincoln. Elections Act Provincial AVIS AUX ELECTEURS PROVINCIAUX LE JOUR DES ~ ELECTIONS GENERALES EN COLOMBIE- ~ BRITANNIQUE _ EST LE JEUDI 10 MAI Si vous étes inscrit, vous recevrez une carte par la poste vous indiquant ou voter. e Les bureaux de vote seront ouverts de 8h00 a 20h00, heure avancée du Pacifique. e S.V.P. apportez votre carte officielle “Where to Vote”. ELECTIONS '79 COLOMBIE-BRITANNIQUE. K.L. Morton, Directeur Général des Eléctions, 2735 rue Cambie, Vancouver, C.B. Province of British Columbia — —_— a fm