Malraux avait un rival: Tintin INFORMATIONS INTERNATIONALES par Marcel: ADAM correspondant de LA PRESSE PARIS — L’écrivain André Mal raux, le fidéle compagnon des bons et des mauvais jours du général De- Gaulle, dont la fidélité et lamitié lui ont valu de se fairé qualifier par le général de “génial ami” et de plus grand écrivain francais vivant (ce dont. était. aussi .convaincu Mauriac), publiera bientét le second tome de ses “anti-mémoires” intitulé “Les chénes qu’on abat...” Hier, pour marquer le début de la profonde rénovation du journal et pré- senter le premier cahier littéraire hebdomadaire — qui remplacera le magazine Le Figaro Littéraire, qui se’ vendait, séparément — le Figaro a présenté, en exclusivité mondiale, le dernier entretien du général deGaulle avec André Malraux, extrait de ses ‘prochaines’ anti-mémoires, de méme ‘que la préface entiére de ce livre. Dans cet article, celui que le Figaro lappelle “Pinterlocuteur no 1. — pour me pas dire le seul — du général” ‘rapporte des propos de DeGaulle sur la politique en général et l’état actuel (c’était en décembre 1969) de la France, mais aussi des échanges sur le sens de la vie et dela mort. -' “Ce que dit-le général DeGaulle le peint écrit Malraux; et quelquefois, dans un domaine assez secret... Il n’est pas seulement celui de l'His- itoire.” A son interlocuteur il confie que ‘‘ce qui se passe maintenant, ca ne me concerne pas. Ce n’est pas ce que moi, j’ai voulu. C’est autre chose.” “Quand je suis parti, dit-il, lage a peut-€tre joué son role. C’est ‘possible. Mais, vous comprenez, j’avais un con- trat avec la France. Ca pouvait aller bien ou mal, elle était avec moi” ...pour ajouter plus loin: “Le contrat a été rompu. Alors, ce ‘n’est plus la peine...” Les francais n‘ont plus — d‘ambition nationale DeGaulle déplore que les Francais n’aient plus “d’ambition nationale’’, et ne veuillent plus- rien faire pour la France”, pour souligner que “méme les Anglais n’ont plus d’ambition na- tionale”’. Contrairement 4 ce que pensent ‘beaucoup d’observateurs, deGaulle fait remonter a plus loin que les troubles de mai 1968 la rupture du “contrat” avec la France; méme avant sa diffi- cile élection de 1965 car, dit-il, “‘c’est pour ca que j’ai pris Pompidou” en 1962. Il ne précise pas davantage. Mais au sujet de mai 68, deGaulle dit’ que tout lui échappait: “Je n’avais plus de prise sur mon propre gouver- nement”. En votant contre lui en avril 1969 — date de sa démission — la France n’a pas écarté la régionali- sation ni la réforme du Sénat, “elle a écarté ce que symbolisait la participa- tion”. Pourquoi a-t-il démissionné sur une question aussi secondaire que les ict gions? ‘“‘A cause de |’absurdité’, pond. 3 Aprés- avoir peint un sombre tableau de l'avenir de la France, deGaulle prédit qu’elle va se ruer de nouveau vers le oot oe “La gran- deur? C’est fini... Le pays a choisi le cancer. Qu’y pouvais-je faire?” Ailleurs, Malraux dit a deGaulle: —Votre prédécesseur, en France,...ce n’est aucun politique, pas méme Clémenceaux: c’est Victor Hugo. —Au fond, répond le général, mon seul rival international, c’est Tintin! Nous sommes les petits qui ne se lais- sent pas avoir par les grands. On ne a apercoit pas a cause de ma taille. VIOLENCE a Belfast BELFAST, Irlande du Nord ‘ Aprés deux semaines de calme fra- gile, la. violence a retrouvé ses droits a Belfast. Le week-end a commencé dans le sang: deux policiers ont été tués, cing autres blessés, dont un griévement, et deux terroristes ont sans doute été abatéus. Ainsi les sraintes: que l’on exprimait hier aprés des affrontements entre catholiques et protestants devant un tribunal ot étaient jugés des partisans de IRA, se sont révélées justifiées. C’est au moment oi policiers et sol- dats britanniques tentaient de disper- ser des manifestants dans le secteur d’Ardoyne, tard dans la soirée de ven- dredi, qu’une rafale de mitraillette at- teignit un groupe de policiers. Deux ~d@entre eux devaient décéder un peu plus tard 4 Vh6pital, un troisiéme est griéveraent blessé et deux autres ont été plus légérement touchés. Les ti- reurs: d’élite de l’armée ont immédia- tement ouvert le feu sur les terroris- tes. Selon un porte-parole militaire, “un homme porteur d’une mitraillette a été touché a la poitrine et emmené par des manifestants. Unautre homme: a presque certainement été touché par les balles tirées par les soldats”’. Au cours de la soirée, deux autres policiers ont été blessés, l’un a la jambe par un coup de feu, dans Glen Road, et un autre par des éclats ‘d’une bombe 4 clous placée devant un commissariat. Durant -la nuit, plu- sieurs autres bombes ont fait. explo- sion et des débuts d’incendie ont été déclenchés par des cocktails molotov. Dix-huit personnes ont été arrétées. Amorcée déja la nuit précédente par une série d’explosions, la tension avait été maintenue toute la jourriée de vendredi aprés les incidents qui s’étaient produits devant le tribunal de Belfast, ou étaient jugés quatre partisans de l’Armée républicaine ir- landaise. Quelques dizaines de protes- tantes venues agiter “L’Union Jack” furent rapidement prises a partie par des catholiques dont certaines por- taient l’uniforme de l’IRA: veste kaki, béret noir et_gourdin. En fin de mati- née, une cinquantaine de femmes avaient été arrétées. Trente-trdis* ont été inculpées et relachées mais quatre ont été maintenues en état d’arresta- tion. Le Conseil national palestinien s‘ouvre dans la:modération LE CAIRE |Le Conseil na- tional palestinien s’ ouvre bien au- jourd’hui au Caire, et non dimanche comme cela avait été annoncé. jeudi dans la capitale : égyptienne, déclarait- on hier dans les milieux palestiniens de la capitale égyptienne. Le journal “Al Ahram’ indique d’autre part que quatre points princi- paux sont inscrits a l’ordre du jour de ce Conseil: |’étude des moyens pro- pres a réaliser l’unité ‘nationale entre les différents mouvements de résis- tance, la proclamation officielle du rejet par le mouvement palestinien de ' la création d’un Etat palestinien et le ‘ choix d’une guerre populaire pour li- bérer la Palestine occupée, la réorga- nisation de l’armée de libération pales- tinienne et le projet de création d’un nouveau commandement palestinien. A la veille de Pouverture du Con- seil, les conversations -secréres entre des responsables égyptiens et des ‘membres du comité central de l’Orga- nisation de libération de la Palestine se sont engagées dans un climat de bonne volonté réciproque, estimaient hier les observateurs qui notaient qu’entre Le Caire et les leaders les moins extrémistes de la résistance pa- lestinienne, on semble avoir fait des ‘concessions... ~On souligne cepéndant dans la capi- tale égyptienne que le fait que les fe- dayin soient considérablement affaiblis en Jordanie a la suite de la guerre ci- vile, moins indépendants en Syrie de- puis la prise de pouvoir du général Hafez El Assad et pratiquement sans illusion sur le sérieux de l’appui ira- kien, a accru_ les: possibilités d’action du chef d’Etat égyptien, le président Anouar El Sadate. On estime d’ailleurs que pour les autorités égyptiennes l’enjeu était trop grand et qu’elles avaient tout a ga- gner et rien a perdre, surtout que les chances de réorganisaton du front oriental sont deverues plus aléatoires que jamais. Mais cette ouverture du gouvernement égyptien en faveur des -Palestiniens, notent les observateurs, n’est accompagnée d’aucun change- ment dans la position de fond de la République arabe unie. Les émissions de radio palestiniennes émettant du Caire sont toujours interdites, le chef _de la résistance M: Yasser Arafat est recu dans la capitale égyptienne beau- coup plus discrétement que dans le passé et les membres des mouve- ments extrémistes palestiniens sont toujours “‘personae non gratae”’. On reléve également le rappel hier de la thése _Seyptienne. par “Al Ahram’. Du cété égyptien, le geste le plus si- gnificatif a été le refus, sans précé- dent, d’accueillit au Caire, én 7 Compa- gnie du roi Husseain, le premier mi- nistre jordanien, M. Wesfi El Tall. En prenant ce parti, au risque méme de compromettre sérieusement leurs rela- ‘ions avec la monarchie hachémite, les dirigeants’ égyptiens, estiment les- observateurs, ont voulu gagner la con- fiance. des Palestiniens au. moment: ou ceux-ci ont commencé a discuter de l’établissement. d’un Etat palestinien et alors que leur méfiance s’était ac- crue a la suite des efforts déployés par les Egyptiens pour aboutir a un réglement politique du conflit avec (sarél, FONDS POUR PENSEIGNEMENT SUPERIEUR WASHINGTON Le président Nixon a proposé hier au Congrés de dou- bler les crédits fédéraux consacrés a Yenseignement supérieur, afin que, dit- il, ‘aucun étudiant qualifié désireux d’al- ler a luniversité, n’en soit empéché | par manque d’argent’”. Le Message envoyé au Con prévoit la création d’un nouveau systéme. d’aide fédérale aux étudiants en Age universi- taire allant de la bourse d’études au prét d’honneur, Les jeunes gens ens les’ plus deé- , munis auraient droit a des bourses, tan- dis que les jeunes gens issus de familles aisées n’auraient droit qu’éa des préts d'honneur, mais les éudiants issus de familles jouissant d’un revent moyen be- néficieraient de ces deux types d'aide a “la fois, dans une proportion qui varierait Fs les ressources'de leurs parents. partir de mie ore année bud; < ae yr Jer. juillet 1971 au 30 juin 1 par exemple, tout Sumant appartenant a une famille ayant deux enfants et un re- venu annuel ne dépassant pas $10,000. . aurait droit 4 une bourse de $1,000 et a _. un prét d’honneur allant jusqu’a $1,500. ’ Au-dessus de ce plafond de $10,000 de ‘revenu familial, les candidats a |’ensei- gnement supérieur n’auraient droit qu’a des préts d’honneur. En revanche. au-dessous d’un palier fixé & $3,000. de revenu annuel, les jeunes gens désireux d’aller & l'université auraient droit a une assistance fédérale e consistant uni- Oa eunqnomecdaereoatl ixon pro autre a créa-. tion d’une a rar de crédit qui se spécialiserait dans l’attribution de préts "honneur aux candidats a l’enseignement Supérieur et dont les fontis-Seraient ob- tenus grace au lancement d’obli we sur les marchés de capitaux priv obligations seraient garanties, outta par le gouvernement téderal. Le budget annuel de cette ‘association nationale de préts aux étudiants” (National Stu- dent Loan Association) serait, des la premiére année de son fonctionnement. ip pighed rdiry cosmo. résident envisage enfin de créer une re ondation nationale de l’enseigne- for Higher duc (National Foundation or er ation), organisme qui serait rattaché au ministére de la santé. de l'éducation et des affaires sociales. et dont le budget annuel serait de $100 millions. La fondation aurait pour mis- sion de promouvoir les réformes qui s'imposent dans: l’enseignement supé- rieur, de soutenir les établissements privés connaissant des difficultés finan- ciéres et, selon un voeu express ément ; formulé hier par M. Nixon, d’aider de ‘ facon pa les universités noires. LE SOLEIL DE VANCOUVER, 5 MARS 1971, XV.