L'UNION FAIT LA FORCE OCC) Tout groupe humain qui veut exercer une influence dans son milieu, et par ce fait, se faire respecter doit se donner les outils pour y arriver. Quand on pense au peuple francais du Canada on sait que le nombre lui a_ permis de survivre alors que, jusqu'a il y a un quart de siécle en tout cas, l'économie = Lui échappait. Ce peuple s'était multiplié & un rythme vertigineux pour lui permettre de tenir son bout dans la défense de sa langue et de ses droits. (Malheureusement, le taux des naissances au Québec décline si bien que selon certains experts en démographie, si ce processus de dénatalité néfaste amorcé il y a une trentaine d'années n'est pas bientét inversé, dans une génération le sort des Canadiens francais sera scellé. Mais, pour citer Jean-Marc Léger, "je conserve un optimisme tragique".) Il est évident que pour les francophones de Victoria le poids du nombre ne _ pésera jamais en notre faveur. Trois milles que nous comptons et éparpillés a travers la mer anglophone de la ville nous sommes une quantité négligeable. Il y a néanmoins” un autre facteur 4 considérer: c'est l'économie. Or, dans ce domaine, tout nous est possible si nous avons la volonté d'unir nos capitaux. C'est la que l'union peut faire notre force. A la fin du siécle dernier, un traducteur du Journal des débats d'Ottawa, un inconnu, se pencha sur le sort de ses compatriotes devenus victimes de pratiques bancaires scandaleuses et qui restaient sans défense contre ces institutions financiéres usuraires. Ce fonctionnaire, Alphonse Desjardins de Lévis, étudia les réalisations européennes de la formule coopérative de Rochdale. Par la suite il décida de grouper chez lui des concitoyens pour leur parler’ de coopération. Il s'agissait de mettre leurs économies si modestes fussent-elles en commun afin de s'entraider le cas échéant. Ce fut le commencement de la premiére Caisse populaire le 9 décembre 1900. Le premier dépot ---dix cennes--- fut fait et on en cunserve encore le resu a le Caisse Populaire de !évis. De quoi parle-t-on Le mouvement coopératif Desjardins s'est développé et répandu @ travers le Québec; soixante-cing ans aprés la premiére réunion des petites gens de Lévis les coopérateurs mirent sur pied une compagnie d'assurance-vie (L'Assu- rance vie Desjardins) dont les chiffres d'affaires aujourd'hui sont dans les milliards de dollars. La montée en fléche de cette entreprise financiére québécoise lui permet de se mesurer’ favorablement aux entreprises semblables en Amérique du Nord. Sur sept cents compagnies d'assurance-vie au Canada et aux Etats-Unis, l'Assurance-Vie Desjar- dins se range parmi les soixante-quinze plus importantes. C'est l'histoire d'un succés fabuleux et qui constitue la preuve qu'il n'y a pas de Limite pour les gens qui veulent unir leurs capitaux. Les francophones de Victoria se sont surpris eux-mémes en février cette année quand, en l'espace de deux semaines, ils ont recueilli parmi un petit groupe d'hommes et femmes la somme de 74,000.00$ qu'ils ont investie dans Les Librairies Colombiennes. Cette initiative de mise en commun de nos ressources financiéres ne doit pas s'‘arréter la! Au lieu de placer notre argent dans les bangues qui s'en servent pour exercer leur influence économique sur nous, essayons d'investir notre argent en commun afin de le mettre a notre service. L'expérience Desjardins en 1900 nous montre que méme avec notre petit nombre et nos ressources modestes nous sommes capables de réalisations énormes dans le domaine économique, réalisations qui, dans l'avenir, nous donnerons des leviers de commande. Nous, Canadiens francais, avons été habitués & mettre notre argent dans d'immenses trous noirs ... et cet argent ne nous revient jamais! Sans cette force économique qui ne demande que notre volonté de réunir et d'unir nos capitaux nous resterons a jamais des porteurs d'eau et des scieurs de bois. Nous méritons mieux que cela! Notre expérience en février nous a démontré qu'ensemble nous pouvons ... si seulement nous voulons. Gérald Moreau, Ph.D. OOOO Ooo