| Une réponse dun probléme: Le Soleil de Colombie, vendredi 25 avril 1980 La Coopérative d’ habitation Demers (1 975) Quartier St-Sacrement Vancouver Cette coopérative de 28logements a cing ans a peine. Elle se révéle un franc succés. C’est le magnifique résultat de plus _ de deux ans de préparation, d’efforts, de dévouement et ‘surtout de coopération d’un petit groupe d’une dizaine de francophones qui ont voulu au départ apporter leur part de solution au probléme crucial du logement pour la communauté francaise 4 Vancouver. C’est la preuve que la volonté et le sens de la coopération peuvent faire beaucoup pour les nétres. Car c’était un défi de taille que de construire _ une coopérative d’habitation francophone dans un milieu aussi anglicisé que Vancouver. Les premiéres recherches commencent en 1973 avec quelques paroissiens et les Péres St-Sacrement, [le pére x-maison Demers Meek]. Puis en mars 1974, se forme le Comité fondateur qui ° recoit son incorportation provinciale: il se compose comme . suit: P. Lafleur, G. Mathieu, H. Beauregard, R. Paquette, - Denis Tremblay, A. Lefebvre, L. Moreau et R. Godard, s.s.s. Pour marquer leur identité francophone, ils choisissent le nom de “Demers”[nom du ler évéque francophone du diocése de Victoria]. Aprés|’établissement du plan d’action ce sont les démarches auprés de la “Centrale d’hypothéques et de logements” pour assurer les fonds nécessaires au projet; puis c’est l’achat du terrain appartenant aux Péres du Sacrement. Avecl’appui del’organisme provincial “United Housing fondation” le comité fondateur travaille 4 l’élaboration des plans réalisés par l’architecte Jones. Au début de juin 1975, l'entrepreneur général, G.D. Shaw commence les travaux de construction qui se terminent a la fin de janvier 1976. Et le 2 février, les premiers occupants coopérateurs prennent possession des 28 logements. Peu aprés ils se donnent leur propre comité d’administration. La Coopérative Demers est réalisée. Le nom de “La Bruyére”, a Ventrée de I’édifice, est simplement la traduction de Heather qui indique la localisation et la présence francophone. A lintérieur de cet édifice confortable, la coopération fonctionne a plusieurs niveaux. Déja au moment de _Vapplication, le futur coopérateur doit répondre aux exigences d’entraide que demande une coopérative. Il devra déposer ses parts sociales et accepter le prix coopératif du logement, selon ses revenus, car le nouveau coopérateur devient co-propriétaire de I'édifice. Puis pour diminuer les frais d’administration, il doit étre prét 4 prendre de petites responsabilités concernant l’entretien et la participation aux quelques assemblées générales annuelles, qui se tiennent réguliérement en frangais. Le climat et l’esprit familial qui y régnent rend la vie agréable. Les logements sont occupés par des gens de 4 Les stages du C.C.C.B. Le programme du C.C.C.B. consiste a promouvoir la formule coopérative, mais, il consiste aussi a préparer des animateurs quipourronten parler avec connaissan- ce de cause. C’est pourquoi le C.C.C.B. organise des sessions de fin de semaine. La premiére a eu lieu en janvier 1979, a Maillardville. Elle a réuni quelque vingt participants qui ont étudié, durant prés de trois jours, les divers éléments qui distinguent la coopération d'autres méthodes de faire des affaires. Deux autres sessions étaient organisées. La premiére en décembre dernier et la deuxiéme 4 la fin de janvier 1980: Grace au Conseil Canadien de la Coopération, les stagiaires ont pu profiter des connaissances trés étendues en coopération de conférenciers tels que Claude Beauchamp, professeur de sociologie a l’Univer- sité Laval, Québec, et Louis Ladouceur, responsable de la division Formation des Coopératives, au Ministére des Consommateurs, Coopératives et Institutions financiéres, Service des Associations Coopératives, Gouvernement du Québec. Encore une fois, des participants venant de diverses régions de la province ont pris un bain." de coopération a deux reprises. Ils ont appris qu’il y a plus, en coopération, qu'une simple affaire de soys et ae dollars. Ces sous et ces dollars doivent étre au service de la communauté. Ils ne doivent pas étre une fin mais un moyen. Ils ne visent pas le profit mais une méthode. efficace de distribution de biens et de services parmi les Membres. ‘ Lors de la premiére des deux derniéres sessions, c'est Vhistoire des coopératives qui a été étudiée. Le professeur Beauchamp était l’homme tout choisi pour animer cette étude puisqu'il s’est particuli¢rement inntéresséa histoire des coopératives, particuliére- ment celles du Québec, et qu’ila écrit une thése et d’autres ouvrages sur le sujet. La connaissance de l'histoire est importante puisque c'est 1a le seul moyen d’expliquer l’existence de certains mouvements. Sans savoir pourquoi et 4 quel moment _ les coopératives sont nées, de méme que dans quelles circonstances, il est impossible d’en évaluer la raison d’étre actuelle. En effet, nous sommes peut-étre arrivés 4 la fin d’un cycle d’abondance, vieux de plus de vingt, ans, qui aura eu pour conséquence de faire oublier les combats qu’ont df livrer les générations précédentes. Pour la premiére fois, dans l’histoire de nos civilisations, les sociétés auront été placées dans une situation 4 sens unique. L’homme d’aujourd’hui est devenu strictement consommateur de biens et services, sans contribution 4 l’origine de ceux-ci. Tout lui arrive comme si c’était la Providence qui fabriquait et ordonnait tout. La machine semble tellement bien huilée qu’on ne doute plus de son efficacité. Ainsi, l’on ne se demande pas comment fonctionne tel ou tel commerce, a quiil appartient, si les prix sont conformes aux critéres de bénéfices justes, ou si la source tarira. Les tenants du coopératisme, eux, disent que l’homme doit avoir le contréle des services qui lui sont essentiels. Par la formule coopérative, il est la fois propriétaire et usager. ¢ La derniére session, celle de janvier, a été animée par — M. Louis Ladouceur, spécialiste du gouvernement du Québec au service des coopératives. M. Ladouceur a prété sa vaste expérience aux cétés pratiques que doivent envisager les initiateurs d’institutions coopéra- tives. La question principale qu'il a posé aux participants est la suivante : Avez-vous, avaht de vous _lancer dans la fondation d’une coopérative, @éterminé “s'il y avait ou’ non’ ‘un besoin réel as pustaires » Nous, francophones en minorité, cher¢hons des moyens de donner a notre collectivité uné certaine a Actuel maison Demers différentes catégories: célibataires, jeunes familles, person- nes fgées, etc. Le presbytére de la paroisse St-Sacrement occupe le logement prés de l’entrée. Sur le plan financier, le comité d’ administration - voit a boucler son budget, chaque année, sans difficulté majeure. Un fait avantageux a constater: devant la montée en fléche des prix des loyers dans les édifices commerciaux, notre coopérative maintient ses prix 4 peu prés stables. A notre ‘ époque actuelle ov la rareté des logements est si aigué, on devine qu'une liste d’attente s’allonge de francophones qui veulent venir vivre avec nous. Devant cette belle réalisation, on souhaite que d’autres initiatives semblables se prennent pour le bien-étre de notre communauté francophone qui nous est chére a tous. Comment former des coopératives ? autonomie collective. Nous nous rendons bien compte que les institutions identifiées 4 notre communauté nous manquent. Nous voudrions les créer. C’est bien. Mais, a moins d’offrir des avantages matériels qui ne sont pas disponibles ailleurs, serions-nous suivis, méme par des francophones qui prétendent vouloir survivre en fant que tels? Voudront-ils se déplacer pour acheter certaines denrées a leur coopérative d’alimentation s'ils peuvent acheter la méme chose, a des prix compara- bles, plus prés de chez eux? Croyons-nous que nos francophones seront préts a faire certains sacrifices au nom de la cohésion communautaire? La derniére session a donc servi a démystifier les enthousiasmes basés uniquement sur l’idéal. Les organisateurs des stages ont été quelque peu désappointés par l’absence relative des responsables déja engagés dans les institutions coopératives _ francophones existantes dans notre milieu. Parmi les dirigeants et le personnel de nos deux caisses populaires, il y aurait un potentiel de participation suffisant pour justifier des sessions qui se limiteraient a ceux qui sont déja engagés dans le mouvement. La démarche consiste donc a préparer un stage qui s'adapterait mieux a des dirigeants et membres du ‘personnel des institutions existantes. Le théme pourrait étre une réflexion sur les orientations a prendre par rapport aux conditions actuelles. Les institutions coopératives, elles-mémes se posent des questions. Elles se demandent souvent si elles respectent bien l’esprit de la coopération. Ily a chez nos institutions des roulements de personnel assez élevés. L’on a pas le temps de donner un entrafhement sérieux aux candidats. En somme, nous nous sommes dit qu'il faudrait ._peut-étre nous assurer que les institutions déja existantes n’ont pas besoin de nous, avant de nous ‘adresser a un public qui ne peut, pour le moment, qu’absorber de la théorie. Ce qui ne veut pas dire que nous allons abandonner notre mandat de former des animateurs. - eae lis