Loisirs 13 Souper tardif. André et _ Marithé me convainquent facile- ment de la «nécessité» de leur donner, 4 eux aussi, des legons d’anglais. Pourquoi pas quanrante- cing minutes dés ce soir? Je mets d’abord leurs connaissances a P’épreuve... Et c’est parti. Qui m’aurait dit, quand je me suis expatrié 4 Vancouver (1980) pour me «bilinguiser», que, cing ans plus tard, je me retrouverais a 1’autre bout du monde en train de donner des legons d’anglais a des petits Indiens et a des... Québécois? Il faut décidément s’attendre a tout dans la vie. Délicieuse fraicheur du crépuscule. Agréable silence. J’y pense! Personne n’a fait cas, au- jourd’ hui, du poisson d’ avril. Tant mieux. Marithé parle spiritisme, une de ses passions, puis partage ses premiéres impressions. «C’est effrayant comme ces enfants-la sont spontanés et affectueux!», conclue- t-elle. Nous terminons la soirée devant un téléviseur noir et blanc: spectacle de ballet aux propriétés doucement soporiphiques. Baille- ments incontrélables. «Bonne nuit.» Le lendemain matin, je me rends a Bangalore avec André et Marguerite, une religieuse indienne qui parle bien le frangais, pour al- _ler circuler dans des bas quartiers. _Tentons de décrire bri¢vement ce ‘qui s’offre 4 la vue. En nous diri- ~~. geant vers une premiére ruelle de terre battue digne de Calcutta, nous nous arrétons prés d’un étang fan- geux, nauséabond, pour sortir un chiot qui s’y débat désespérément. Ilsymbolise, 4 mes yeux, ces popu- lations démunies, incapables de s’arracher par elles-mémes 4 leur misére. L’habitation qui me parait la plus convenable n’en est pas moins une cabane au toit de paille. Nombreux petits va-nu-pieds en- joués. Les plus jeunes sont nus comme des vers ou ne portent que des culottes courtes. Vétements étendus au soleil, n’importe oi. _ Des tas de déchets attirent chévres Voyages Repos et benevolat et chiens efflanqués. Une jeune mére permet a soeur Marguerite de nous faire entrer dans son taudis. Une seule piéce, sans fenétre. Plancher de terre battue, linge empilé sur une corde, poéle... naturel, vieux fanal rouillé, balai en feuilles de palmier séchées, tablettes (accro- chées avec de la corde aux murs tressés) chargées de menus objets disparates. La «maitresse de mai- son» parait on ne peut plus honorée de notre visite. Je songe une fois de plus a la notion, combien relative, de bonheur. En sortant, nous rassemblons des gamins pour les besoins de quelques photos. Appareil en place, je prends mon temps. «Fais ga vite, me crie André, la foule grossit a vue d’oeil!» On s’approche, en effet, comme des mouches autour d’un gateau glacé. Clic! Je recule pour «encadrer» encore plus de détails. Clic! C’est maintenant a mon tour d’entrer dans la photo. La religieuse me dépose dans les bras un joli poupon a la peau brun clair, tout somnolent. Clic! (André m’appren- dra, lorsque je le reverrai au Qué- bec, que ce bébé est mort quelques semaines plus tard. Mourir sans avoir vécu: mystére insondable.) «Vous ne verrez pas ces photos», lance soeur Marguerite. «Ca ne fait rien, réplique un adolescent, vous aurez des souvenirs de nous». Nous circulons devant d’au- tres rangées d’habitations grossié- rement construites. Pas un son de radio. Pas une antenne de télévi- sion. Aucun gadget. Aucune «né- cessité» artificielle. Je léve les yeux d’unamas de pots de verre malpro- pres vers des palmes gracieuses se détachant du ciel au bleu intense. Des «villageois» nous observent, l’air intrigué. Nous sommes loin des rues de banlieues nord-améri- caines. Remontons en rickshaw. Cent virages a gauche, a droite. Le parlement, la-bas. Avant d’arriver a la résidence des Sainte-Croix sur Saint Mark’s Road, nous passons par l’église Saint-Patrick saluer... le Saint-Sacrement (que de sainte- té!). Bangalore - cinquiéme ville du pays - me parait moins inhu- maine que les autres villes visitées. Ajoutons ici quelques lignes sur cette agglomération de deux mil- lions et demi d’habitants, capitale de 1’état du Karnataka. Son centre de recherches nucléaires et son Institut des Sciences (créé grace aux libéralités de la richissime famille Tata et des Parsis de Bom- bay, dont un prix Nobel - 1930) occupent une place émi- chaud.» «T’as jamais tété le sein de ta mére?» s’exclame le mission- naire, provoquant chez la bonne soeur un air embarrassé. Plus tard, en quittant le couvent, je remercie a nouveau la religieuse, oubliant toutefois de me tourner d’abord la langue sept fois: «Merci pour votre lait, ma soeur. Il était presque aussi bon que celui de ma mére!» Les au revoir se mélent aux éclats de rire. «Brother» et autant de bélements affectueux. Marithé nous a con- cocté une délicieuse poule au pot. S’ajoute aux «soupeurs» un scho- lastique venu de Madras, un autre «Brother Smile», bon comme du bon pain. La journée se termine avec mes deux étudiants adultes, que je replonge jusqu’au cou dans un bain d’anglais. nente dans la vie intellec- tuelle de l’ Inde. Mais Ban- galore est avant tout indus- trielle: appareils militaires, soieries, ivoires et bois sculptés... C’est le centre de l’industrie aéronautique indienne. Concentration urbaine aérée, entrecoupée de parcs et de jardins, Bangalore est aussi deve- nue une plaque tournante du tourisme. Retour a Whitefield, entassés de nouveau comme des sardines dans un vieil autobus. Aprés la sieste obligatoire, le «campus» reprend sa vie ardente sous le soleil cuisant. Autres le- cons d’anglais (what? who? when? where? why?) et de chant. Gesticulation, répé- tition. Patience, patience. Jean-Paul me de- mande ensuite de bien vouloir l’accompagner a Bangalore ot il doit ren- contrer une religieuse pour tenter de régler un cas probléme. (Je lui donne avec plaisir ma montre de rechange - qu’un douanier algérien a un jour convoi- tée - pour remplacer celle qu’ il vient de perdre.) Sur les lieux, lareligieuse nous offre des goyaves, puis une tasse de lait chaud sucré. «C’est sans doute la pre- miére fois, lui dis-je, que Suite 6 - 440 Main, Vancouver, BC, V6A 2T4 Tél.: (604) 685-2235 Fax: (604) 685-2236 cole Beaulieu, ctc Agente de voyage Gunn's Travel Ltd. Gs) Ni Revenu au bercail, nos bre- Jean-Claude Boyer bis nous accueillent avec cent Pearse gare Interglobe Travel Tél.: 439-0080 2128 Kingsway Vancouver V6N 2T8 Téléc: 439-0822 + 112$ (Taxe, surcharge carburant et TPS) Ries*; MONTREAL a partir de 3 59 $ auer-nerour D4O $ ALLER SIMPLE uest.. + 20§ (Taxe, surcharge carburant et TPS) 2 vols directs par semaine le LUNDI & le JEUDI MINIMUM SEJOUR: 3 JOURS MAXIMUM SEJOUR: 6 SEMAINES i] HORAIRES: || Dép. Vanc. 10h50, | Arr. Mont. 18h40 Dép. Mont. 6h40 Arr. 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Qui vit d'un revenu an- nuel, VII. Troupes de chiens de chasse. - Roi de Juda. VIII. Largeur d'étoffe. - Ecri- vain espagnol (1882-1954). IX. Condiment. - Elle méne les anes. X. Chevilles. - Adverbe. Grille 27 Te eA 2 Ae ae KX .X MIE DIT IC LAE INIT AEITIAILIEIR PIE\U 3IMIZTINIEIS PIAITIE 410 |R MBBS JAIL UIT SIR JE RIA|RIE MA 6|I EIR IMO 71S |A A\I |B 8|A 1M R TI 9\V 1A E E 107 |S 5 Vendredi 8 février 1991