aoe 6 Le Soleil de Colombie, vendredi 6 juin 1980 -Bilans, billions, bilinguisme André de Leyssac Grace a des traditions bien ancrées, nos politiciens éprouvent tous le besoin d’évaluer les choses en dollars. A Vinstar des prestidigitateurs, ils peuvent vous sortir de leur. répertoire les données numériques les plus éblouissantes. lis vous diront, par exemple, que la Commission Royale sur le Bilinguisme et le Biculturalisme [en abrégé; b&B] a commencé a fonctionner en 1964 en coaitant exactement $1 750 528 - une bagatelle! Cela n’est rien si l'on considére que la Commission B&B allait étre supplantée en 1970 par la Commission des Langues Officielles, qui nous cofite plus de trois millions de dollars par an. Mais ce qui fit écarquiller les yeux des contribuables de VOuest, ce fut évidemment la mise en oeuvre en 1970 d’un nouveau programme de bilin- guisme dont les dépenses allaient battre tous les records établis précédem- ment, sil’on en juge par cette rubrique: ' Programme de Dévelop- pement du Bilinguisme: $53 352 080. Et pourtant, ce n’était encore qu'un début. On se rendait vaguement compte a cette époque que ces dépenses extraordinaires avaient tout simplement pour but de doter la fonction publique d'un personnel bi- lingue, mais on se demandait ou tout cela allait ‘mener. Il semblait que les fonctionnai- res monolingues devaient étre les victimes toutes dési- gnées de la politique fédéra- le. Ainsi critiques et com- mentaires allaient bon train. L’exemple le plus dramati- que qu'il me fut donné d’entendre vint d'un direc- teur de département de francais d'origine germani- _queison origine mérite d’étre mentionnée en passant, car la plupart des universités de l'Ouest n’emploient pratique- ment pas de professeurs de frangais.... dont la langue tmaternelle est le francais!) I] me raconta avec force détails que son vieil ami avait été un fonctionnaire zélé jusqu’au jour ou on vint lui proposer d’apprendre le francais: il en fut si bouleversé qu’il en tomba malade et mourut Vannée suivante. Un quart de billion Des faits de ce genre - et ils sont nomb- ~ -reux - n’empéchérent nulle- ment le gouvernement de poursuivre son Programme de Développement du Bilin- guisme. De nos jours, ce soi- disant “développement” se monte a environ un quart de billion de dollars par an. Pour peu qu'on se mette a exami- ner les bilans gouvernemen- taux d’assez prés, on est stupéfié de constater qu’entre 19/1 et 1978 une seule série de programmes a été jusqu’a cofiter plus de 869 millions de dollars, plus qu’il ne fallait pour combler le déficit fédéral d'une année entiére, comme en 1968 par exemple ($794 774 669) ou en 1969 ($576 112 843). Les résultats obtenus jusqu’a présent par cet énorme bras- sage de fonds sont tout aussi ahurissants: dans les lieux publics de l'Ouest canadien, on peut toujours chercher le curieux individu qui porte- rait sur le revers de son veston cette étrange dénomi- nation: “Fonctionnaire bilin- ” gue”. Tl est trop aisé de constater de nos jours que le dévelop- pement du bilinguisme dans l'Ouest a été un échec reten- tissant. On ne saurait trop s’en étonner si l’on songe aux prétendues réformes de |’en- seignement qui ont été faites al'insu du grand public. C’est justement a partir de 1964 - l'année d’entrée en fonctions de la Commission B&B - que le francais commenga a étre éliminé graduellement des universités canadiennes d’expression anglaise. I] fallut a peine cing ans pour apporter cette “améliora- tion” aux programmes, pour que chaque sénat prenne la décision d’exclure le francais des conditions d’admission a l'Université. En 1970, l’opeé- ration était terminée. Le terrain avait. été soigneuse- ment préparé pour permet- tre au gouvernement fédéral de s’engager dans son vaste programme de “développe- ment” du bilinguisme! Multiplier par 20% Dans chaque Province de !’Ouest, Veffet produit par ces déci- sions fut des plus désastreux. Par exemple, dans une uni- versité - type de 10 000 étudiants, le nombre dinscriptions aux cours de francais tomba de facon ca- tastrophique, pour passer de 1200 a 95, ce qui donne aujourd’hui la proportion d’un pour cent. comme le francais n’était plus requis 4 l’université, on vit les ins- criptions aux cours de francais de la douziéme année scolaire péricliter de la méme facon. Sur 14000 élé- ves, le nombre d’inscriptions en francais de 12e année passa de 7500 4 200. D’aprés les statistiques, il suffit de multiplier ces derniers chif- fres par 20% pour avoir un apercu du nombre d’inscrip- tions en le année universitai- re. Méme siles chiffres sont plus éloquents que les dis- cours, il faut encore se faire une idée de l'état d’esprit qui régne dans les milieux ensei- gnants. J’ai pu m’en rendre compte récemment lors d'une réunion de professeurs de francais du niveau secondaire. L'invité d’hon- neur avait a peine proféré quelques mots que |’auditoi- re l'interrompit par une volée de mains levées : “Sorry, we don’t understand French, can you speak English?” Dans une universi- té de 13000 étudiants dont 5 sont inscrits a plein temps a des cours de frangais, le chairman du département explique la situation en ces termes: “Au dix-neuviéme siécle et jusqu’a la deuxiéme guerre mondiale, les Frangais ont eu l’impertinen- ce d’imposer le francais comme langue diplomatique. Les habitants de cette province ne veulent plus que cela se reproduise.” .Soumettre le probléme Sil en va ainsi de I’éduca- tion, on peut se permettre de semaine. La saison des visites d’Alcan commence a Kitimat. Vous avez le choix entre trois visites gratuites tous les jours de la Avant la visite de la fonderie, vous: verrez notre film, gagnant de concours “Kitimat: une nouvelle génération”. Vous le trouverez intéressant avec des renseignements sur notre communauté et les procédés de fonte d’aluminium. Vous aimerez ce film dans le confort de notre nouvel édifice d’ol, par autobus,. vous partirez pour une visite de nos chantiers de 40 minutes. Si vous étes dans les environs, cet été, venez nous voir. - Visitez la fonderie a V’heure de votre choix | fonderie: Lundi au vendredi: Les samedi printemps: ou écrivez: Alcan Smelter Tours B.P. 1800 ' Kitimat, BC V8C .2H2 Horaire des visites de la 2 juin au 30 aofit 1980: . Tous les jours, visites a: 10h45 (Réservez c'est mieux!)- Des visites de groupes peuvent étre organisées en téléphonant 24 heures avant a: (604) 632-3111 poste 259 En automne, en hiver et au ‘Visites pendant les saisons d’automne, d’hiver et de printemps peuvent se ~ faire les mardi et jeudi aprés-midi seulement, sur rendez-vous en - téléphonant a (604) 632-3111 poste 259 12h45 13h30 Alcan Smelters and Chemicals Ltd : i i Mh, "ALCAN * Le bilinguisme a la poste centrale de Vancouver... une facade _ pour contenter les francophones. douter de la sagesse fédérale sur ce point. Serait-il au-dela de la raison de questionner si les montants exorbitants destinés au Programme de Développement du Bilinguis- me, avec ses conséquences éducatrices, furent attribués sans tenir compte du proble- me de l’enseignement au ' Canada, sans évaluer non plus les effets désastreux produits par certaines mesu- res peu connues du public, comme !’élimination du fran- cais a l'Université ou au niveau secondaire - ou faut-il assumer que les responsab- les du Programme n’étaient pas au courant de ces faits? Il m’arriva de soumettre.ce probléme a un ancien collégue devenu membre d’Assemblée Législative, et bien connu dans les milieux politiques des Prairies com- me étant le seul a représen- ter le parti d’Ottawa dans Youest. Il me promit de faire tout ce qu’il pourrait a ce sujet. Entre-temps, il se vit . confier un portefeuille de ministre fédéral, quine lui était pas trop familier, et je n’entendis plus parler de lui. Hors de juridiction A.Ottawa, quelques grands manitous recurent égale- ment mes missives, mais n’eurent pas le temps d’y répondre. Le Commissaire des langues officielles fut le seul 4 donner signe de vie. Il _ répondit bien amon courr._., mais s'excusa de ne pouvoir y donner suite. Cette affaire sortait de sa juridiction! Peut-étre serait-il temps d’examiner la crise de ]’édu- cation qui semble avoir été ignorée par Ottawa. Ily a quelques années, alors que jétais président d’une association culturelle 4 Cal- gary, javais soumis~ au gouvernement une modeste recommandation visant a la formation de fonctionnaires bilingues. Je suggérais, entre autres, que dans un pays bilingue, fes candidats aux postes administratifs de la fonction publique et aux rangs d’officier des forces armées devaient passer leurs examens d’entrée a I’Univer- ité dans l'une des deux langues du Canada ne corres- pondant pas a la langue maternelle des postulants. - Au lieu d’envisager des mesures cofiteuses suscepti- bles de se chiffrer en billions de dollars (était-ce déja une prémonition?), je concluais qu'une réforme de !enseig- nement s’imposait, si l’on ne voulait interdire l’accés des emplois non subalternes de la fonction publique aux étu- diants ne possédant pas les qualifications requises. Le probléme qui existait hier se pose aujourd’hui avec d’autant plus d’acuité que Venseignement du frangais - et des autres disciplines - est tombé a un niveau plus bas qu'il ne I’était ily a un quart de siécle. Mais, pour critique que soit la situationnn, celle- ci peut encore étre rectifiée si l’on veut se fixer des buts précis. [l_est urgent en premier lieu de rétablir le francais dans les écoles aia secondaires et dans les uni- versités de l’ouest, tout en ‘ procédant a un remaniement profond des départements de _ francais, qui souffrent de marasme, d’incompétence et de préjugés. Une haute mission : Aprés les tris- tes expériences que nous avons vécues au cours des derniéres années, il devient de plus en plus évident que — l'enseignement se pose com- me une question d’intérét national. A longue échéance, l'instauration d’un systéme d’éducation nationale parviendrait enfin a synchro- niser l’enseignement et a le | rendre digne de sa haute mi ssion a remplir. Cela permettrait également d’éviter des fiascos gigantes- ques comme le projet d’ins- tillation d’un modicum de bilinguisme dans la fonction _ publique, au prix astronomi- que que nous payons aujourd’hui. Comme le dirait Confucius, ce n’est pas avec des fonds, mais avec des idées, qu'on entreprend des réformes. quale ein ~ Collége Mathieu Arne Fi . Gravelbourg, Sas k PSR Cette institution, fondée en 1918, poursuit un idéal de discipline chrétienne, de formation intellectuelle [80% en francais] et de santé physique dans une ambiance de confiance mutuelle. Ca vous intéresse? Directeur général COLLEGE MATHIEU Gravelbourg, Sask. _ SOH 1X0 Tél: (306]648-3105 Le Collége Mathieu offre des résidences pour garcons et filles et accueille les étudiants de la 8e a la 12e année. ~ Renseignez-vous en vous adressant au: A Sy ey Ki f a | na AN. ( i ? Vg ee sligt, Seay oat Se 28 a wy ae ech RAT ila Se pees off Shab Caters cane dit ECR bia: eidieeds ieee: aie Se