—— Le Canada au Vietnam _ViInde. -neutralité.. Il y a 17 ans ce mois-ci, le Canada acceptait A con- tre-coeur de jouer le rdle de surveillant de l’armis- tice au Vietnam. On se trompait amérement, alors, en croyant que le tra- vail ne durerait qu’un an, le temps de permettre 4l’Indo- chine coloniale frangaise de se stabiliser 4 la suite de la guerre prolongée entre les troupes frangaises et les re- belles communistes. Le manque d’enthousiasme initial du Canada était atté- nué par la pratique poli- ciére lointaine consistant 4 appuyer toute cause de paix qui semblait en valoir la peine. Rares sont ceux qui pré- voyaient qu’un désenchante- ment presque total s’ensui- vrait de ce role intermina- ble, stérile et frustant. Ra- res €galement sont ceux qui prévoyaient la participation des Etats-Unis 4 la plus longue guerre de leur his- toire méme si elle ne fut jamais officiellement décla- rée. De récentes révélations sur l’origine et la croissance de la guerre, prises dans les dossiers du ministére de la Défense des Etats-Unis et publices dans le quotidien New York Times, éclaircis- sent sensiblement le role du Canada dans la Commission de controle. La conférence de Genéve de 1954 avait apparemment mis fin Aa la lutte en éta- blissant des divisions tem- poraires entre le Nordcom- muniste et le Sud indépen- dant, en attendant un vote d’unification. BLAIR SEABORN Le Canada représentait l’Occident 4 la CIC, la Po- logne représentait 1’Est et de était l’interpréte dela M. Blair Seaborn, intermé- diaire entre Washington et Hanoi en 1964-1965. Pour les Canadiens, la principale nouvelle contenue dans les documents du Pen- tagone concernait Blair Sea- born, autrefois chef de la mission canadienne au Viet- nam, aujourd’hui haut fonc- tionnaire au ministére de la Consommation. M. Seaborn avait servi plusieurs fois d’intermédiaire entre Wash- ington et Hanoi en 1964-65, quand les Etats-Unis se sont lancés dans une intervention qui a été portée 4 plus de 500,000 hommes. M. Seaborn allait avertir ie Nord-Vietnam de la dé- termination américainea prendre toutes les mesures militaires jugées nécessai- res pour interrompre l’in- filtration armée au Sud- Vietnam. Ottawa a protesté auprés de Washington quand les infor- mations touchant Seaborn ont été rendues publiques. Les autorités s’inquiétaient sur- tout de l’aspect qu’on don- nait au rdle de M. Seaborn. Selon les Canadiens, les do- cuments du Pentagone lais- saient entendre que le Ca- nada prenait part a un plan diabolique des Etats-Unis visant 4 accroftre la présen- ce militaire au Vietnam. Depuis sa création, la CIC n’a été qu’une longue suite de frustrations pour ses membres. M. John Holmes, ex-sous- secrétaire adjoint aux Affai- res extérieures, se trouvait 4 la conférence de Genéve en 1954. Par la suite, il a dirigé les politiques cana- diennes pendant six ans au sein de la CIC avant de de- venir directeur de 1’Institut canadien des Affaires inter- | 1 | attaché 4 la CIC fournissait nationales. D’aprés lui, Ot- tawa n’aurait accepté qu’. avec répugnance son role au sein de la Commission. : D’ailleurs, invariablement, Canadiens et Polonais diver- _geaient d’opinion sur les questions importantes. L’In- de, seul membre neutre, se montrait plus souple. En 1962, la CIC avec dissi- dence polonaise, rapportait que des troupes s’étaient in- filtrées depuis le Nord-Viet- nam pour renverser le gou- vernement sud-vietnamien. En 1965, avec dissidence canadienne, la. CIC faisait état de ‘‘la situation sérieu- se’? soulevée par les bom- bardements américains au Nord-Vietnam. Le Canada n’allait pas jusqu’aA nier ces bombardements, mais les reliait aux ‘* politiques agressives’’ du Nord-Viet- nam contre le Sud. Pendant que les Etats-Unis s’armaient jusqu’aux dents, qu’ils bombardaient le Nord et que les communistes s’in- filtraient de plus en plus au Sud, le tout en violation ou- verte des accords de Ge- néve, la pauvre commission voyait son role devenir de plus en plus inutile. _Les voyages d’inspection étaient en général impossi- bles. LA COMMISSION ; une farce Au début de cette année, le ministre des Affaires ex- térieures,M.Mitchell Sharp, a fait la lumiére sur des années de frustration, en déclarant dans une entrevue que le systéme actuel de la commission n’était qu’ une farce. BT ae RE, . M.M. Sharp, Ministre des Affaires Extérieures. L’an dernier, un ancien of- ficier qui avait servi au Viet- nam a fait la manchette des journaux en révélant que le personnel militaire canadien des renseignements 4la CIC, appareil d’espionnage mon- dial, et que les diplomates canadiens étaient au courant : de ces agissements. * Certains Canadiens au Sud- Vietnam soutiennent que des membres canadiens de la CIC photographiaient les dé- gats causés par les bombar- dements soutenus du Nord- Vietnam en mars 1965, pour le compte des services de renseignements américains. Cependant, les autorités canadiennes ont vigoureuse- ment démenti ces alléga- tions. L’étendue des connaissan- ces canadiennes des plans militaires américains au Vietnam, en dépit du refus du Canada d’y participer, est toujours confuse. M. Sharp a affirmé que le Canada n’était pas au courant des intentions des Améri- cains de bombarder le Nord- Vietnam. -Toutefois, le quotidien New York Times dit bien que le président Johnson avait dé- légué un envoyé spécial A Ottawa, en décembre 1964, pour renseigner les autori- tés canadiennes sur les plans tectes de la paix dans la di- de bombardement, tout en demandant au Canada d’ap- puyer les Etats-Unis. Un autre aspect demeure confuse On ne sait toujours pas si M. Chester Ronning, diplomate canadien 4 la re- traite et envoyé spécial de paix, agissait A l’instigation des Etats-Unis ou du Canada quand il s’est rendu 4 Hanoi en mars et en juin 1966 pour s’entretenir avec les auto- rités nord-vietnamiennes. SURVEILLANT Bien que le Canada devait étre impartial et objectif, l’impression a toujours été qu’il agissait A titre de sur- veillant pour les intéréts alliés. D’ailleurs, la Pologne faisait la m@éme chose pour le compte des communistes. Les leaders canadiens ont souvent exprimé des inquié- tudes au sujet de l’escalade militaire américaine, tout particuliérement en ce qui avait trait aux bombarde- ments du Nord-Vietnam. Ce- pendant, il ne faisait aucun doute quant 4 leurs préfé- rences. Les efforts de paix déplo- yés par le Canada ont connu le méme sort négatif que ceux de plusieurs autres pays et organisations, allant du Souverain Pontife au se- crétaire général U Thant de 1’ONU, 4 la Grande-Bre- tagne, A l’Inde et 4 1’URSS. Une allusion plutdt cyni- que dans le Livre blanc de l’an dernier sur la politi- que étrangére, signale les initiatives précédentes du Canada en soulignant qu’il était un ‘* intermédiaire utile ’’ dans les affaires mondiales. Cette assertion a été vive- ment critiquée parce qu’elle portait atteinte 4M. Pearson ou AM. Martin, deux archi- plomatie canadienne d’aprés-guerre. ba M. Chester Ronning, envoyé spécial de paix de Wash- ington ou d’Ottawa ‘ IDirecteur-Rédacteur en chef : Directeur administratif : R édacteurs : Avec la collaboration de : Gilles Aerts Jacques Baillaut Alain Clerc Brigitte Clerc Gerry Decario Roger Dufrane Le Soleil, anciennement Le Soleil de Vancouver, fondé en 1968 et L’Appel, fondé en 1965, est un-journal indépendant lpublié chaque semaine par Le Soleil de Colombie Ltee, Case Postale 8190, Bureau L, Vancouver 14, C.-R. Tél. 266-9422 - Myriam Bennett Robert Bennett Jean-Claude Arluison Daniel Montroty Edmond Girault A.A. Hards Ladislas Kardos ~ Jennifer Lulham | Carmen Primeau Jean Riou Le Soleil 266-9422 Abonnement (] Reabonnenenh O Vancouver, 14, B.C. 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