JEAN-MARIE LEJACQ, O.MLI. Le pére Jean-Marie LeJacq, o.m.i., est une figure presque légen- daire dont les Indiens du nord de la Colombie Britannique se souviennent encore. I] exerga son ministére a Fort Rupert (1863- 1866), Williams Lake (1868-1873), Stuart Lake (1873-1880), Kamloops (1880-1890) et finalement Williams Lake (1890-1898). Explorateur sans peur, voyageur infatigable, brillant linguiste, on se souvient surtout de sa bonté et de sa gentillesse envers les Indiens. Dans une lettre de Fort Rupert en 1866 le pére LeJacq dit: “Je suis un vrai sauvage dans l’ame.”! Le pére LeJacq était un saint homme d'un zéle et courage extraordinaire, il voyageait 4 pied dans tout le nord de la Colombie Britannique se contentant d’un seul repas par jour, partout préchant, soignant et enseignant aux Indiens des tribus Babines, Carrier, Hotsoten et Sekani. LENFANCE DU PERE LEJACQ Jean-Marie LeJacq est né a Roscoff en Bretagne, France, le 15 juin 1838. A quinze ans il commence ses études classiques au Collége St-Pol de Léon, distant de quelques milles de la maison paternelle, et devint bachelier en 1858. On raconte qu’au cours de la remise des diplémes, il a rencontré le Révérend pére M. Burfin o.m.i. qui présidait la cérémonie et aurait dit au nouveau bachelier: “Un jour vous serez avec nous, vous avez toutes les qualités pour faire un bon missionnaire.”? Jean-Marie LeJacq ne répondit pas immédiatement a ces mots prophétiques mais étudia durant deux ans au grand séminaire de Quimper. Et finalement en 1860 il entra au noviciat des Oblats a Notre-Dame de l’Osier dans le sud de la France. Il était un novice exemplaire remarquable par sa grande piété, sa gentillesse et sa simplicité. Aprés avoir fait ses voeux perpétuels il fut ordonné prétre le 15 mars 1862. LARRIVEE EN COLOMBIE BRITANNIQUE C’est cette méme année 1862 que le pere LeJacq est recruté par le pére d’Herbomez pour les missions de la Colombie Britannique. Accompagné de quatre autres volontaires les péres Julien Baudre et Florimond Gendre et les fréres convers Félix Guillet et Edward 4 McStay, un irlandais, il arriva a Esquimalt sur I'Ile de Victoria, le 22 octobre 1862, apres avoir quitté Liverpool au début de septembre. La situation en Colombie Britannique était dramatique: une épi- démie de petite vérole avait accompagné la ruée vers l’or de 1862, les Indiens n’avaient aucune résistance a cette maladie, des villages Indiens entiers furent éliminés et des tribus décimées. Les oblats devinrent médecins a plein temps et entre autre vaccinérent plus de huit milles Indiens. LA MISSION DE FORT RUPERT Le pére LeJacq prit d’abord en charge la population blanche catholique de Victoria ou il préchait en anglais. Puis il fut envoyé a Fort Rupert pour remplacer le pére Grandidier a la mission St- Michel. Le pére Grandidier dit du pére LeJacq: “Il sauta de la cathédrale de Victoria dans la hutte des sauvages, et de professeur de langues devint étudiant dans l'art culinaire.”* La mission St-Michel était l’une des plus difficiles; les Indiens y étaient, parait-il des plus dépravés et des plus cruels. Aprés la mort du pére LeJacq, le pére Thomas dit: “La commenca dans toute sa réalité sa vie de mission- naire chez ces infidéles, dont le nom seul était la terreur et l’horreur des autres indigenes de la Colombie Britannique. On les appellaient du nom générique de Jugultas. . .4 La mission de Fort Rupert ne fut jamais un succés et les oblats l’abandonnérent onze ans plus tard. C’est pendant qu’il était a la mission St-Michel que le pére LeJacq entreprit avec le pére Fouquet un voyage de 1,200 milles par canot dans les eaux alors inconnues des Iles de la Reine Charlotte. Ils canotérent d’abord vers la terre ferme, longérent la céte jusqu’a Kitimat, puis Fort Simpson et finalement traversérent en canot le périlleux détroit d’Hécate jusqu’aux Iles de la Reine Charlotte. Ce voyage lui valut la réputation d’étre un explorateur sans peur. En 1864, le pére d’Herbomez est consacré évéque et le centre des opérations des oblats déménage d’Esquimalt 4 New Westminster. Une nouvelle ére commengait pour les missionnaires qui désormais concentrérent leurs efforts vers l’intérieur de la province. Le pére LeJacq demeurera a la mission St-Michel jusqu’en 1866. Commentant l’échec de la mission il dira plus tard: “Nous leur avons enseigné a cultiver des patates; nous avons prouvé comment leurs sorciers sont