14 Education: «Enjeu Naticnal»-Volume Il, Semaine du 19 mars 1990 Provinces de I'Atlantique assay Donner le godt d’apprendre en francais par Marc Angers n milieux francophones minoritaires, les pro- grammes d’études de francais langue premiére connaissent du succés si la particu- larité d’une communauté donnée peuts’y refléter au maximum. C’est une condition indispensable 8 at- teindre. Il faut savoir créer des connotations locales al’ intérieur de ces programmes. C’est la meilleure facon pour soutenir la motivation et la fierté des enfants 4 apprendre dans la langue frangaise. Mais ce beau concept s’appli- que-t-il d’un bouta l’autre du Cana- da? Ca varie avec l’importance de la minorité et selon les ressources humaines et financiéres dont dispo- sent les ministéres provinciaux de 1’Education qui ontla juridiction de ce secteur. On constate que plus la minorité est petite, plus on utilise des programmes d’études du Qué- bec adaptés ou carrément des pro- grammes d’immersion. Comme Il’isolement et la pau- vreté des infrastructures de quel- ques provinces canadiennes les empéchent d’avoir un systéme d’éducation compatible aux aspira- tions de la minorité francophone, pour compenser, il faut encourager la concertation entre provinces. ...l’isolement et la pauvreté des infrastructures de quelques provinces canadiennes les empéchent d’avoir un systeme d’éducation compatible aux aspirations de la minorité francophone... Provinces maritimes: la concertation Pour illustrer une telle situation, voyons ce qu’ont semblé choisir les provinces maritimes a l’exception de... Terre-Neuve. C Conseil Canadien de la Coopération 450, rue Rideau, suite 201, Ottawa, Ontario, K1N 5Z4 Tél: (613) 234-5492 une puissance 4 découvrir. WA La coopération: MY , chemin Montré Il faut dire que les situations divergent d’une province 4 1’autre selon l’importance de leur popula- tion francophone. Le Nouveau- Brunswick reconnait aux franco- phones le droit de gestion de leurs institutions scolaires a partir du plus haut échelon de l’organigramme: le minist&re de l’Education lui-méme ou on retrouve la dualité linguisti- que. Sans aller aussi loin, la Nou- velle-Ecosse a au sein de son minis- tére de ’Education, un secteur pour l’éducationen frangais chargé d’éla- borer les programmes d’études. Il en allait de méme a I’Ile-du- Prince-Edouard jusqu’a ce que le gouvernement provincial, le mois dernier, accorde la gestion scolaire aux Acadiens et francophones. Chacune des provinces (a 1’ex- ception de Terre-Neuve) développe des programmes pour 1|’éducation en francais qui leur sont propres et qui tiennent compte de leur appro- che respective de l’enseignement. Une constante demeure cependant: les programmes se comparentaceux du Québec pour une raison écono- mique bien simple «les provinces de l’Atlantique trouvent la trés grande majorité de leur matériel pé- dagogique au Québec», estime Jean- Guy Robichaud, directeur du Cen- tre provincial des ressources péda- gogiques (CPRP) en Nouvelle- Ecosse. Ces provinces reconnaissent Vimportance de développer des programmes avec une composante historique et culturelle propre a la région del’ Atlantique (dans les pro- grammes de sciences humaines et de langues, par exemple). Le CPRP a d’ailleurs été créé dans le but de développer du matériel d’appuiafin de renforcer cet aspect. La méme philosophie est appliquée a I’ile- du-Prince-Edouard qui, du moins jusqu’a maintenant, a un peu moins de ressources a sa disposition. Mais on a vite réalisé qu’aucune de ces provinces n’a la capacité, individuellement, de créer une telle programmation. C’est 1a qu’on a senti la nécessité de se concerter en formant la Fondation d’éducation > des provinces maritimes (FEPM). Cette organisation, ol sont repré- sentés les trois gouvernements, en- courage la collaboration sur cer- tains projets de programmes d’étu- des de francais langue premiére communs. Terre-Neuve ne fait pas partie de cette Fondation mais a quand méme participé a certaines discussions. ‘La seule voie a suivre Deux importants projets résul- tent de cette concertation: création d’un programme d’études complet ...Un énorme fossé sépare Terre- Neuve des trois autres provinces maritimes. D’abord parce qu’elle n’a pas encore reconnu le droit a V’instruction en francais dans Sa loi scolaire... des Maritimes pour la 9i¢me année et mise sur pied d’une-vidéothéque francaise accessible a toutes les ins- titutions qui offrent une instruction en francais dans les Maritimes. Pour M. Robichaud, laconcerta- tion est la seule voie d’avenir a suivre. Déja, il a remarqué une augmentation dans les inscriptions et la fréquentation des institutions scolaires francophones dans les provinces de 1|’Atlantique. Mais, selon lui, le succés viendra lorsque les Francophones aurontle contréle complet de leur systeme d’éduca- tion. Ainsi, le cran d’avance que posséde le Nouveau-Brunswick permet aux francophones de cette province de travailler directement au développement de la politique curriculaire du ministére de l’Edu- cation. «Présentement, explique-t-il, la Nouvelle-Ecosseet]’fle-du-Prince- Edouard ont chacun leur propre philosophie de 1’enseignement. C’est donc plus difficile de déve- lopper du matériel pédagogique de base si les politiques curriculaires ne sont pas les mémes». La situation de I’fle-du-Prince- Edouard est en évolution, mais en Nouvelle-Ecosse on n’admet que l’existence d’un conseil scolaire francophone, Clare-Argyle. «Ce qui fait qu’on doit encore justifier, expliquer et faire approuver nos pro- grammations par des administra- tions anglophones pas nécessaire- meni aptes 4 comprendre nos be- soins» dit M. Robichaud. . Terre-Neuve: encore isolé Un énorme fossé sépare Terre- Neuve des trois autres provinces maritimes. D’abord parce qu’elle n’a pas encore reconnu le droit a l’instruction en frangais dans sa loi scolaire. Aussi parce qu’elle n’a pas, 4 proprement parler, de politi- ques curriculaires pour les program- mes d’ études de frangais langue pre- miére. «C’est encore un privilége de recevoir une instruction en fran- cais 4 Terre-Neuve» indique Jean- Guy Labbé, directeur adjoint au Labrador City Colegiate. M. Labbé est aussi responsable de la section francaise de cette institution. Un seul document d’étude a été réalisé (le «proposal for a French Curriculum for Newfoundland Schools»). Il a d’ailleurs recu un accueil plutét mitigé de la Fédéra- tion des parents francophones de Terre-Neuve et du Labrador (FPFTNL). «Cette étude est déce- vante car elle fait preuve d’une incompréhension du probléme de V’assimilation des Francophones et d’ autre part d’ un manque de rigueur difficilement acceptable pour pal- lier & cette situation» soutient la FPFTNL, dans une lettre écrite au ministre de l’Education, Philip J. Warren. A la veille-d’un procts (prévu pour avril) sur le droit a une éducation en frangais a St-Jean, le gouvernement révise ses positions. Il s’engage 4 développer les cadres d’un nouveau programme de fran- cais langue premiére qui sera dé- voilé avant ce procés. A Terre-Neuve, il n’existe pas de commissions scolaires franco- phones. Seulement une école fran- caise (a La Grand’Terre) et des sections frangaises 4 Labrador City et Cap St-Georges. A Labrador City par exemple, on a emprunté carrément le pro- gramme et le systéme d’évaluation du Québec. «Ca marche bien» dit M. Labbé. «Surtout parce qu’on dessert une population qui provient du Québec et qui retournera au Québec». Maigré le succés du programme a Labrador City, il souhaite que le gouvernement de Terre-Neuve ins- crive dans sa loi scolaire le droit 4 une éducation en frangais et éven- tuellement, qu’il crée sa propre po- litique curriculaire. «On y adhére- rait étape par étape car on est cons- cient de la limite des ressources de la province», ajoute-t-il. Effective- ment les ressources ne sont pas trés riches. Jusqu’al’an passé, une seule personne travaillait 4 1’élaboration des programmes d’études. Présen- tement, le poste est vacant. @ Marc Angers est rédacteur en chefdujournal Le Gaboteur,aTerre