a CARNET d'un PROMENEUR par Roger Dufrane Le Bonhomme Hiver C'était un dimanche en fin d'aprés-midi. L'envie me prit de sortir. Le ‘ciel lourd se penchait sur mon quartier et le saupoudrait de neige. Les Maisons sonunsillaient sous un éirédon blane. A l'arrét de L'autobus, un gamin raclait le trottoir A l'aide d'une planchette. Absorbé par sa be- sogne, il ne daigna pas se re- tourner. Je grimpai la colline. I1 existe, & mi-céte vers Dunbar, un buisson qui 1'été se couvre ‘de mires. Personne ne les “cueille; et chaque année j'y vais récolter ma provision. Aujourd"hui, il porte des grap- pes de neige. Je le secoue et il prend des allures fantasti- ques. Cette. bonne neige,.si ra=- re & Vancouver, donne du relief & ce qu'on ne regarde pas d'ha- bitude: les cheminées des toits et les branches défeuillées des arbustes. De la motte ot je suis per- ché, la vue embrasse la ville. Pour la contempler & mon aise, je laisse passer un vieillard. Il est coiffé d'un chapeau bos- selé et vétu d'une houppelande. Ses yeux pétillént dans un maf- gre visage encadré d'une barbe grisee . Une grisaille épatsse empri- sonne les montagnes. A mes pieds, les villas, costumées en chaumiéres, s'éparpillent sur la plaine immaculée. Ici et 14 s'allument des lumiéres, d'une chaude lueur, évoquant ‘les bonnes soirées en famil- ‘lee Je reprends ma route, en- fongant mes pas dans les em- preintes qui les préc&dent. Ce sont celles de mon bonhomme de tout & l'heure. Je l'apercois & la créte du chemin, tout noir gesticulant contre le vent du > Nord. Soudain il trébuche. Je cours et l'assiste. "Il n'y a pas de mal!" me dit-il. Et nous | ‘continuons ensemble. Le vieillard m'observe de son oeil malicieur: _ J'ai lu vos articles dang le Soleil de Vancouver, me dit- il. Je sais vos préférences pour le génie francais. Cela tient & votre origine et A votre formation. Vous avez étudié de’ bons auteurs, gonflés de leur culture, mais étroits d'esprit, car ils n'ont jamais quitté leur ? tes ou Mongols \Hote1 de famille prix raisonnables VANCOUVER 4, B.C. {a me a Le Soleil de Vancouver, page 5,le 7 Fevrier,1969 pays. A végéter dans son enclos, on finit par le croire seul fer- tile. Le monde est vaste, Mon- sieur, et infiniment divers. Sous son enveloppe bigarrée et Ses multiples visages, se décou- veant des sentiments partout sem- blables. Vous aimez la langue frangaise et sa littérature; mais il est d'autres civilisations dont vous ne soupconnez pas l'te= xistence. Toutes brillent de leur génie propre, quoiqu'on discerne dans chacune 1'image universelle de 1'&me humaine. J'ai voyagé, Monsieur, des Pays-Bas & la Verte Erin, d'al- bion & la Nouvelle Espagne. Je connais votre Canada, des rives du Saint-Laurent & celles du Fraser; et j'ai observé les isquimaux dans 1l'infini du Grand-Nord. Partout, je vous l'assure, les hommes, petits ou geands, Saxons, Francais, Ibé- : restent pareils eux-mémes. L' ignorance et la vie sédentaire font germer d'étranges préjugés. Pour s'en libérer, rien de tel que le voyage. Alors la solidarité du clocher se hausse A une soli- darité universelle. Vos gouver= nents, de 1'Empyrée ot ils se gargerisent de mots sonores, . commettent de risibles bévues. J'ai entendu un politicien de l'Est du Canada soutenir sur les ondes d'ineptes sornettes. - A quel sujet? demandai- je. - A propos de lL'origine et du parler d'une commmauté de langue francaise des environs d'ici. Surpris, je m'arrétai pour réfléchir: il s'agissait sans doute de Maillardville. Mais quel stratége en chambre /s*é= .tait avisé de dénigrer une localité qui force l'admira-— tion,pour avoir si loin du foyer d'origine gardé sa langue et ses coutumes? J'allais le demander & 1'inconnu, lorsque, regardant alentour, je fus é- tonné de me retrouver seul. Qui venais-—je de rencontrer? Le Bonhomme Hiver ou un Pére Noél attardé? Ou peut—8tre tout simplement la fantasmagorie de mon réve?f Ce n'est pas la pre- miére fois que le miroitement des neiges suscite des mivages. Quoi qu'il en fit, je me promis de suivre ces conseils provi- dentiels. Mais, connaissant mon inconstance, je les oublierai biento6te : La-bas, la ville étincelait sous la neige. En contraste a- ‘vee la grise journée, le ciel nocturne m'apparaissait clait. Je rebroussai lentement chemin. Prop. 3J -Bauché Exar Holst Metropole On parle frangais 320 ABBO ST ; ‘ cRa pe . 116s681-6154 fix eS Oe ee DIVERTISSEZ LIES PARENTS ET IES Ae MIS qui vous rendent visite,ou encore jouez VOUS-MEME AU TOURISTE, Tout cela a bon compte en vous affiliant AU CLUB DU CAPITAINE VAN- COUVER. Carte de membre, $1.50 seulement. Ces cartes sont vendues au Soleil, de Vancouver x 661 est l5eme avenue, Jelephone, 879-2814. Organise par le " GREATER VANCOUVER VISITORS ET CONVENTION BUREAU ", GIZELLA PATISSERIE SUISSE - Salon de The ‘GAteaux pour: Mariage,Anniversaire prés rue Robson © é1: 682-4818 Tél: 926-3828 René FLURI propri¢taire _La Voix des femmes presse Ottawa de reconnaitre la Chine A la suite des declarations faites recemment par des membres du gouvernement canadien au sujet de la politique etrangere du Canada, la Voix des Femmes souhaite que dorena= vant celle-ci soit congue en fonce tion des intéréts de notre pays, tel qu'exprime par les débats publics et parlementaires, QD faudrait faire preuve dans ce domaine d'objectivite et de maturite et ne pas se conten=- ter de tenir compte des conseils et des interéts des pays amis ou allies. la Voix des Femmes recommande que le Canada reconnaisse immediate- ment la Republique populaire de Chi-- ne comme etant le seul gouvernemnt legitime de toute la Chine, Pekin et Formose sont d'taccord pour admettre qu'il n'y a qu'une seule Chine; le Canada devrait donc reconnaitre que la Chine est indivisible et que son _ gouvernement est a Pekin, la Voix des Femmes est d'accord avec M, Sharp lorsqu'il declare que le Canada devrait collaborer plus e troitement avec les pays d!Amerique latine, Le Canada aurait avantage a établir des accords dtassistance et des accords commerciaux avec les peuples d'Amerique latine par l'ine termédiaire des agences des Nations= Unies,Par contre, en devenant membre Ge l'Organisation des Etats ameri— cains, le Canada se joindrait a une autre alliance militaire ou il parti- ciperait a une action conjointe ten= ‘dant trop souvent a maintenir le statu que plutét qu'a améliorer les conditions de vie des peuples concer- nés, ° LA PILULE PARIS: Apres 49 ans d'efforts de la part des organisations féminines, la vente des contraceptifs, ( y compris. la fameuse pilule ) a finalement ete approuvee par la loi, en France, Cette loi passee par 1'Assem blee Nationale, il y a unan, vient d'etre promulguée, . ane AS q yest Rey wanes 5 eon