i eile ee a he DONR Er fer Eternel Jeunesse par Roger Dufrane | Le cortége du ll novem- . bre s’est déroulé une fois de plus dans une atmosphére de recueillement pour les adultes et d’exubérance pour les enfants qui prennent tout pour un jeu. Ce défilé ot figurent des représentants de deux ou trois générations représente A mes yeux, non pas seule- ment le Canada et ceux qui ont défendu ses intéréts, mais une réalité plus univer- selle, celle du temps qui fuit. Vivent-ils toujours les vétérans de la guerre du Transvaal, qu’un grand et mafgre vieillard incarnait si fiérement qu’on l’applaudis- Sait au passage. anciens.combattants de 1914, les médaillés de Mons, leurs rangs s’éclaircissent. Ceux des années quarante mar- chent encore en rangs ser- rés. Mais ils grisonnent dou- cement et le poids des an- nées commence 4 leur peser. Et défilent les drapeaux et les groupes; les vieux et: les moins vieux. : ‘A quoi pensent ces hommes? A leurs camarades d’autre- fois et A leur jeunesse en- volée.. Aprés. la minute .de recueillement devant la stéle du soldat inconnu, et lamar- che émouvante le long de Hastings Street, ils retrou- veront leurs sourires. Réu- nis dans quelque hall de la ‘Canadian Legion’, ils évo- queront le bon temps, celui de toute jeunesse, qu’elle soit de guerre ou de paix. Les enfants qui commencent 4A raisonner situent la jeu- nesse de leurs parents dans un age brumeux et démodé, Pour les. lt U0 Rees an! = une _— période d’étroites convenances et de costumes sombres, alors que toute jeunesse fleurit, au soleil du coeur, dans un climat mo- derne. Moderne l’année 1900! Modernes 1925, 1950, 1970! Pour ne confronter que deux époques, celle des années folles et la ndtre, on peut prouver que la jeunesse d’ aujourd’hui n’a rien inventé qui ne fQt expérimenté entre 1920 et 1925. Que s’est-il passé dans la conscience de nos péres aprés 1918? A peu prés ce qui s’est passé aprés 1945 dans la ndtre. Démir fou d’oublier les miséres tra- versées et de mettre les bouchées doubles auxfestins de la vie. D’ot débauches de plaisirs et de revendica- tions. aussi s’adapter 4 des tech- niques nouvelles, on a cul- Et comme il fallait’ tive le goft de la vitesse | et du championnat. Les é- preuves des deux guerres mondiales ont suscité les mémes réactions: soif de plaisir, révolte contre l’in- justice. En face du Gide de 1925, immoraliste, commu- niste désabusé, se dresse un chef de file d’esprit diffé- rent, quoique de laméme fa- mille des aventuriers de 1’ intelligence, le Malraux de 1945. Et en face des amu- geurs de naguére, Francis de Miomandre, Jean Giraudoux, se campent ceux d’aujourd’ hui, Michel Déon, Marcel Aymé. Notre génération croit avoir découvert la griserie de la vitesse. Or, en 1926, Ettore Bugatti, dans sa ‘Royale’ prend ses virages 4 du 170 et file en ligne droite a prés de deux cents Km 4&4 l’heure dans la campagne .frangaise.Nous nous croyons ‘fuit naviguer en solitaire sur toutes les mers du monde. qualité que différe la généra- ‘sollicite maintenant la mas- ‘tout se ‘médiocratise’. Pour -un Jean Cocteau qui fumait -occidentales! les premiers ‘non-conform- istes’. Alain Gerbault 1’était bien avant nous. Mathémati- cien, ancien éléve del’Ecole des ponts-et-chaussées, il la civilisation et va C’est plutdt par la quantiteé des novateurs que par leur tion d’aujourd’hui. Ce qui marquait la pointe de la mo- rale, du sport, des beaux- arts, des opinions dans les années trente, illustré par des caractéres d’exception, se. On pourrait dire, enfor- geant un nouveau mot, que de la drogue, combien de fumeurs aujourd’hui! Pour une audacieuse 4 cheveux courts qui choquait Dauville par une mode excentrique, combien d’émules 4 cheveux longs dans nos modernes cités! Et pour un révolté de naguére, combien d’anar- chisfes dans les universités désintégration morale matérielle? Je ne le pense pas. La nature veille en mére vigilante. Nous som- mes des enfants quirisquons de faire exploser nos jouets. Mais les éléments nocifs et destructeurs qui nous ten- dent leurs piéges seront contrariés par l’instinct de survie. La société, tant bien que mal, comme toujours, sous le ciel bleu ou la bour- Tasque, continuera sa mar- che vers l’inconnu. L’univers court-il vers i In Vino Veritas C’est 4 Winnipeg Qu’ils ont ac-cep-té le défi C’est 4 Winnipeg A cOdté du coca-cola. Mais, diront les prudents, Ne faudrait-il pas Qu’il se réveille ' L’esprit vin-dicatif Des vieux législateurs Depuis belle lurette Il avait été bon Qu’ils de-vinassent La direction du vent l’odeur de la récolte L’odeur de la récolte. Car le premier client Qui s’est servi au Bay, (Pour oublier ses dé-boires) N'avait pas moins, dit-on De quatre-vins un ans. Le bel age Pour re-fa-ser d’étre sage! Qu’ils ont les premiers désauBayi, En distri-bu-ant la dive bouteille (Peut-Aatre bien 1’é-vin-ce-t-elle ) LE SOLEIL, 26 NOVEMBRE 1971, XIII a