Simon comparaft devant le Chef de Police. Celui-ci1’in- terroge gentiment, comme un pére le ferait avec un fils rebelle. [1 lui offre une biére. ‘‘Sans mousse’’ dit Simon, ne craignant pas de montrer des idiosyndrasies. Lorsque le policier. tutoie Simon, ce dernier le corrige. _ L’apogée humoristique du film est la nouvelle évasion de Simon, aprés cinq ans d’emprisonnement. L’occasion en est le ma- riage d’un co-détenu ita- lien. Simon est le témoin et on le place A cdté du directeur de la prison. Le maire est 14, tout enrubanné de tricolore. Tout le monde est souriant, détendu, la gar- de baissée. Subitement, ‘‘le Suisse’’ saisit le bouquet de la mariée od est caché un revolver, le braque sur le directeur de la prison et le prenant comme otage, réalise une évasion-éclair, accompagné par les faux- mariés. Plus tard, dans la voiture, la comédie tourne Aa la farce. On pose le voile de la mariée sur la téte du malheureux directeur, pour l’abandonner ensuite en pleine campagne, son bou- quet 4 la main. Finalement, un Simon moustachu s’envole vers 1’Amérique du Nord et la li- berté. Il fait de l’oeil 4 une religieuse dans l’avion, et hypnotisée, elle retourne le compliment. Ce film ne cherche qu’& plaire A la majorité et y réussit certainement, car Simon incarne 4 la perfec- tion l’esprit de débrouillar- dise, qualité trés appréciée par les Francais. Le ciel du lit ‘Colette qui était déja trés agée, quand elle adapta cette piéce pour le théatre fran- cais et qui fut dans sa jeu- nesse une force de lanature, y a certainement pensé. La piéce se termine par. le méme geste, avec lequel elle a commencé. Quand le rideau se léve, Michel en- tre dans la chambre nup- tiale en portant Agnés dans ses bras. A la fin, quand la vieille femme s’accro- che A une colonne de son lit, comme si elle voulait s’accrocher A sa jeunesse, Michel, quoique vieux et fai- ble, la prend une fois encore dans ses bras et c’est ainsi qu’ils quittent leur lit, leur maison et leur vie. Les deux acteurs, Jean- Claude Brialy et Caroline Cellier, jouent 4 la perfec- tion. Quoique trés jeunes, ils interprétent leurs ro6- les avec une telle maftrise, qu’on oublie facilement qu’ ils vieillissent devant nos yeux. Leur évolution, qui dure cinquante ans et que nous suivons en deux heu- res, paraft tout A fait na- turelle. A la sortie du thé- atre, nous étions tout éton- nés de nous retrouver tels que nous y étions entrés, il y a cinquante ans. La mise en scéne de Jac- ques Charon est excellente et les décors et costumes d’ André Levasseur char- mants. Toute la production se déroule sans accroc, A la perfection, dans ce beau cadre qu’est le théatre du Palais Royal. C’est une des plus vieilles salles de Paris. Erigée sur les ordres du Duc d’Orléans dans son Palais Royal en 1784, ce théatre fut natio- nalisé aprés la révolution et fut successivement le “Théatre du Péristyle’’, ‘de la Montagne’’, le ‘*‘Ca- fé de la Paix’’, etc. On pouvait y voir la comédie, 1’Opéra, le Drame et méme des chiens savants. Pendant la période révolu- | tionnaire et le premier em- ‘pire, les jardins du Palais Royal furent le Lunapark et le Montmartre de leur temps. Pire, un lieu d’amu- sement et de débauche popu- laire et A bon marché. Avec les jardins et les batiments, le théatre déclinait. Il fut reconstruit en 1831 et a été ouvert depuis. Les direc- tions successives ont main- tenu une tradition d’un the- atre spirituel, gai et pari- sien. Parmiles grandes cré- ations, plus récentes, on peut citer : ‘‘La Vie Parisienne’’ d’Offenbach ; ‘Gigi’? de Co- lette, ‘‘La dame de chez Maxime’? de Georges Feydeau, avec Zizi Jean- maire, qui resta a laffi- che pendant 500 représenta- tions (pauvre Zizi) et ‘‘ Jean de la Lune’? de Marcel Achard ( 300 représenta- tions). M. Jean-Michel Rouzier, qui dirige le théatre depuis 1965, ne se contente pas seu- lement d’y faire faire du théatre. Il veut donner 4 cette salle vénérable et charmante l’atmosphére qui lui est due. Avec le concours de person- nages de la littérature et du theatre, Rouzier organisa ‘*Les rencontres du Palais Royal’’, qui évoquérent les grandes heures desplendeur historique et littéraire de ce quartier. Le théatre se trouve dans les Galeries du Palais Ro- yal, en face du célébre res- taurant Vefour, entre la Rue Montpensier et les jardins. C’est en effet un endroit a a vu évoluer une gran- le partie de I’histoire de la France. Ce palais, cons- truit en 1632 par Richelieu, fut, aprés sa mort, pendant un moment la résidence de Louis XIV et puis celle du Duc d’Orléans, régent pen- dant la minorité de Louis XV. C’est lui qui a recons- truit le palais tel qu’on 1’ admire aujourd’hui, A sa présente splendeur. C’est 1a que résidait aussi le petit- fils du Régent, le duc d’Or- léans, nommé pour ses opi- nions républicaines, Phi- lippe Egalité. Cet homme se distinguait peu, sauf pour avoir ouvert ses jardins au public, construit le théatre et voté la mort de son cou- sin Louis XVI. Les jardins devinrent le centre de l’activité révolu- tionnaire. Les Parisiens yj venaient aux nouvelles, yi godtaient au plaisir d’écou- ter les discours enflam- més de Desmoulins et d’ autres tribuns, héros de 1 révolution. Ils appréciaien également les plaisirs qu ils trouvaient auprés de filles de petite vertu qui exercaient leur métier dans les jardins, s’il faisait beau et sous les arcades, quand il pleuvait. Aujourd’hui, le Palais Royal, qui au temps de Ri- chelieu s’appelait Palais Cardinal, ne comprend pas seulement des apparte- ments, dont celui de Co- lette, pas seulement le res- taurant Vefour et le Théatre, mais aussi un autre théatre dans lequel se joue le des- tin de la France : le Conseil d’Etat qui siége dans lapar- tie sud du Palais pendant que les enfants jouent dans les jardins, que les acteurs jouent au Théatre et que le Tout Paris joue chez Vefour za drame quotidien de l’en- nui. at By ene Isabelle |] par Jacques Baillaut Les fles sont revenues a l’horizon et sur la mer dan- sent des voiles multicolores. L’air est immobile, présage d’un jour brdlant. Dans l’herbe, les gouttes’ de ro- sée s’éteignent une a une. Au parc Stanley, le théatre en plein air semble désert. Il y a pourtant au premier rang quelques resquilleurs, habitants de la forét, qui re- gardent la rampe od 1l’écu- reuil et la belette font des pirouettes alors que, tout prés de 184, les ours po- laires en colére hochent la téte, mécontents ; ils trou- vent qu’il fait trop chaud. Glaces frafches, fruits do- rés, saucisses juteuses que 1’0n mange avec les doigts. Isabelle, tout Al’heure, s’en ira sur un grand bateau blanc. Gracieuse, son béret de marin incliné sur la téte, elle jouera au corsaire jus- qu’au bout du jour, a l’heure od 1’étoile s’allume au fir- mament, od la ville s’assou- pit dans la douceur du soir. L’enfant s’endort, soudair devenu sage. Deux amants attardés, étendus sur la pla- ge, €changent des serments, tandis qu’au jardin mainte- nant immobile, on danse 1 menuet en habit d’apparat. ISABELLE peut étre enten- due 4 1l’emission ‘‘Du vent dans les voiles’’ présentée par Serge Arsenault du lund au vendredi 4 7 h, sur les ondes de CBUF-FM, 97.7 Vancouver et le dimanche 4 8 h 33 au réseau national. Pas de trahison PARIS par Jacqueline Claude) — On peut affirmer san: crainte de tomber dans la vul- garité que, chez Chanel, on at- tendait le nouveau. modeliste Gaston Berthelot ‘‘au_tour- nant’. Les chroniqueurs de mode affttaient leurs stylos. Succéder a4 la grande Made- moiselle semblait en effet plus que témeéraire. impen- sable. : Gaston Berthelot a réussicet- . te gageure de faire du Cha- nel comme elle seule sem- blait capable de le faire tout en Jui donnant un petit coup de jeu nesse qui permet d'augurer beaucoup de!’ avenir. La collection était 4 peine terminée que, déja, les plus fidéles clientes prenaient ren- dez-vous avec les vendeuses de crainte de n’étre pas a la rentrée servies a temps. Chez Chanel, apparemment rien n’est changé et pourtant tout est neuf. Les tweeds sont, s'il était possible, encore plus raffinés, plus travaillés, tissés parfois de dessins cubistes dans de sobres harmonies aux tonalités chaudes et douces a. la fois, les épaules sont lége- rement élargies mais rondes, ° les chaussures ont évolué, pour le matin du moins, en mocas- sins a talon hauts, le chapeau chapelier a détréné le cano- — tier, les vestes pour la plu- part sans col s’égaient d'une cravate nouée ou d’uné régate du méme tissu que la blouse. les vestes sont longues et fines, les jupes plates a grou- pes de plis repassés ou non. Gaston Berthelot n’a pas oté a l'art sa noble nudité. Il a respecté l'unité de style.ché- re a Chanel mais il a ajouté une foule de petits détails im- perceptibles et gui urtant s'imposent sans alourdir la li- me: il a sacrifié 4 la mode u petit gilet de débardeur au crochet porté sur le chemi- sier. Il a rehaussé de four- rure la plupart des modéles (cra vate de vison, régate de pan- thére), il a cassé au fer les lés d'une jupe plate pour don- ner une impression de lis, mais surtout il a donné une grande importance 4 la robe. Toujours dans le style de la maison, les robes sont en cré- pe de laine ou de soie, en tweed léger, en lamé pour le soir. Elles sont 4 corsage blousant noué d'un biais au col, jupe plate animée d’un groupe | de plis qui dansent a la mar- che, manches longues et fines. Des capes de mousseline leur donnent des ailes pour le soir. Pas de robes de grand soir, ce serait contraire a _l'esprit de la maison, mais dé ravis- sants ensembles de lamé oi la somptuosité de la doublure le dispute a la richesse du tissu. Trés applaudi, un tailleur du soir en mousseline a impres- sion peau de serpent rehaussé de fils d’or. sa Chez Féraud, on s’‘amuse beaucoup. Toutes les cou- leurs de la palette sont utilisées pour une collection qui semble sortie tout droit d'un film américain, série B: “le saloon en folie’. A preuve, ce pyjama en satin ‘é larges fleurs. pe eee ee ee LE SOLEIL, 6 AOUT 1971, IX Se EY ~~ i tial ay