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L’Archede Noé

Ce soir au coin du feu, Charlot petit lutin

a mis bien gentiment son premier bas de laine

Et le bon vieux Noél retenant son haleine

Sans bruit, vient de combler son désir enfantin.
La flamme qui scintille éclaire la chambrette

Oi sur |’épais tapis, des animaux en bois

Vont et viennent joyeux, parlant tous 4 la fois.
Mais voila que minuit sonne 4 la pendulette

Et le jeune enfant dort d’un paisible sommeil,
Révant aux anges blonds qui guettent son réveil.
Un singe dans un coin, saute, grimace et joue
Une brebis rumine, un dindon fait la roue.
Soudain, l’un d’eux s’écrie: Amis qu’allons-nous faire?
Ce n’est point folichon, il faudrait se distraire!

Se distraire dit l’oie, ah! qu’il en soit ainsi

Faisons de la musique et papotons aussi.

Bien mieux, répond la pie a l’oiseau sympathique
Je vais vous raconter une histoire biblique,

Car j'ai lu puis relu sans exagération

Les livres imprimés depuis la création.

“Vous savez qu’en |’Eden, il se trouvait un homme,
Trois fleuves, l’Eternel, Lucifer, une pomme....
Tope 1a! ma pécore, interrompt le serpent,

Tout a ce beau récit, vous omettrez peut-étre

De mentionner pour moi, l’astucieux ancétre

Qui sut si bien tenter, la Mére des Vivants.”

“Et le mien? fit le lion d’une voix emphatique,
Ne fut-il point le roi des jungles de ]’Afrique?
Sire, dit un vieux rat, je vous donne raison

Car l'un de mes aieux, le tira de prison.

Que votre majesté consulte La Fontaine,

Pour avoir sur ce point, une preuve certaine.”

Le fauve mécontent rugit mais ne dit mot.

Ce pédant animal, le prend-t-il pour un sot?
Déja, la pie hésite; instinctive, elle juge

Qu’il vaut mieux sur le champ remonter au déluge.
“Je vous dirai plutét, amis et chers oiseaux

Que I’amour existait entre les animaux.”

En ce temps 1a, déclare une savante autruche,

Ils allaient deux par deux sur le Mont Ararat.”
“Et c’est encore ainsi, réplique la perruche
Voyez: l’ourse a son ours, la rate suit son rat.
Seulement aujourd'hui, la vertu se déguise,

On se fiche de tout, chacun vit 4 sa guise.

Aux humains exigeants, imbéciles et jaloux

Et depuis bien longtemps, ce destin est le nétre.”
Un dogue qui voulait se montrer bon apétre,
Déplora tristement: “La vie est un malheur,
Tout n’est pas rose, allez! Vous le verrez ma soeur,
Des étres comme nous, intelligents et braves

Ne seront plus demain que malheureux esclaves.”

L’aube venait de naftre au bord de l’horizon.
Sous le couvert soyeux de son bel édredon,
Petit Charles s’éveille; et dans l’ombre grisatre
Il agite les bras en frémissant d’émoi.
“Maman, je t’en conjure, 6 vite donne-moi
Cette arche de Noé que tu vois prés de 1’atrel”

Guy Nemer
(de l’Académie des Poétes Classiques de France)

SGRARGBAROLZAVRSLAROLZARS!

SRAROLARARARALARGLAROELAR

Dessins

d’éléves
de la troisiéme
a la septiéme
année

~ del’école
Anne Hébert

de Vancouver

—_=>.

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Poéme

Les noéls de mon enfance

Au temps de mon enfance, a Mont-Laurier,

Les Noéls ressemblaient 4 des grands feux de joie
Qui réchauffaient décembre

Et notre pauvreté.

Le sapin revétait ses plus beaux atours,
Remplissait d’étoiles nos yeux émerveillés.

A son pied, un Jésus candide

S’étonnait de se voir bien plus gros que le boeuf.

La messe de minuit, les cloches et les cantiques
Enivraient de réves nos petites tétes somnolentes.
Le matin, au réveil, c’était l’enchantement:

Des chemises neuves, des souliers neufs,

Et méme des patins!

Pendant que nous dormions,

Le Pére Noél avait mis dans chaque assiette

Une pomme, une orange,

Deux beignes et quelques bonbons clairs.

Notre bonheur rendait notre mére toute heureuse.

Le soir venu, mon pére accompagnait a l’accordéon
Chansons et danses traditionnelles;

Le “reel du pendu” et les plus boute-en-train
Soulevaient le toit, emportaient la maison.

Au temps de mon enfance, 4 Mont-Laurier,
Les Noéls attisaient la foi et l’amour,
Ravivaient nos joies simples de pauvres.

Je vibrais d’allégresse avec le monde entier.

Jean-Claude Boyer
Vancouver, décembre 1985

PRICVAGOVAGENTRIBYAIE

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