A4- Rayon Jeunesse, octobre 1989 ..- Suite de la premiére page On aimerait les suivre sur les routes du vaste monde. Dans lanuit, comme une invitation au voyage, nous parvient l’odeur des chevaux et des singes acrobates. Ah! I’insouciance, la liberté, les horizons nouveaux... Partir! Quel réve... Mais rien n’est plus loin dela réalité. Aujourd’hui a cause du progres, les gitans deviennent sédentaires. Surles routes, les roulottes ont fait place aux caravanes et les nomades filent atoute allure car malgré tout, les gitans ont gardéle gout du voyage. Les origines Les gitans sont originaires de l'Inde. L’histoire nous dit que vers |’an 1000 de notre ére, il existait dans la vallée du fleuve Indus, des groupes de nomades appelés Jat, Louri et Dom. De leur métier, ils étaient musiciens et forgerons. Un jour, ils décidérent de partir vers le soleil couchant. Surles routes du monde, ils trimbalérent leurs attelages et leurs instruments de musique nes’arrétant que peu de temps ici et la. Aujourd’hui, on les rencontre sur toutes les parties du globe. Mais pourquoi quittérent-ils la vallée de l'Indus. Trois légendes du folklore gitan expliquent les raisons de leur départ. Dans lapremiére, il arriva qu'un certain roi de Perse (aujourd’hui Iran) fit un jour venir 10 000 musiciens Louri afin dedistraire les gens deson pays qui s‘ennuyaient un peu. Les magnifiques cavaliers arrivérent et se mirent ajouer du luth (ancétre dela guitare), ce qui enchanta tout le monde, mais le roi de Perse voulut faire de ces Louri des cultivateurs. II leur donnadonc boeufs et semences. Hélas les joyeux musiciens mangérent et les boeufs et les graines et firent ensuitelaféte. On dit quele roi, furieux, les chassade son royaume et c’est ainsi queles Louri commencérent leur longue marche autour du monde. Ladeuxiéme légende raconte qu'il y eut en Inde une grande bataille entreles Jats et un sultan del’Afghanistan. Le sultan, qui possédait une armée de cavaliers juchés sur des éléphants, remporta naturellement la victoire. Les pauvres Jats furent faits prisonniers ; ce qui les humilia beaucoup. Commeils étaient trés fiers lorsqu’ils retrouvérent laliberté, ils ne rentrérent pas chez eux mais partirent ala recherche d’un autre pays pour y vivre. C’est ainsi qu’ils devinrent les premiers «globe trotter». Latroisiéme légende repose sur des faits historiques. En 1225, le grand chef des Mongols, Gensis Khan fait de fréquentes razzias en Inde. Durant laterrible bataillede Samarkand (aujourd'hui villede l"URSS appelée Ouzbékistan), Ogotai, fils de Gensis Khan, fait des milliers deprisonniers qu'il raméne avec lui lorsqu’il remonte vers la Hongrie. Plus tard, ces prisonniers seront d'ailleurs libérés. Parmi ceux-ci devaient se trouver des Louri puisque en Hongrie, on les appelales Tziganes. Orlenom Tzigane vient du mot Tchegan qui en langage mongol veut dire «marteau» et les Louri étaient d’excellentsforgeronsqu’on . devait remarquer aleur «port du marteau». Au cours del’histoire, il'est difficile de suivre | itinéraire parcouru par les Tziganes. Mais en 1400, on les trouve a Bizance, puis en Gréce, oon les appelle «Egyptiens», Egyptans, puis «Gitans» et «Gipsies». Toujours en Gréce, on leurdonnelenom de Astiganos dont dérive Tziganes. Décidément, ils ne manquent pas denoms! C’est en 1419qu’on rencontre les premiers Tziganes en France ou ils disent étre «Pélerins». Ils sillonnent lepays en présentant aux Chrétiens des lettres demandant ala population de leur venir en aide. Ces lettres portent signatures du Pape et de Sigismond, roi de Bohéme. Voiladoncles Tziganes devenus «Bohémiens». Vraies ou fausses, ces lettres deviennent alors pourles gitans de précieux «passeports». > & 2 “4 bent wien tie if Craver futures } ‘ ’ ' f: ‘ _ tucux pleins ie Bonide Pures 4 if Un peuple persécuté Depuis toujours, les gitans sont opprimés. Dés qu’ils arrivent dans une villeou un village, les gens se méfient. Parce que leur facon de vivre est différente de landtre et qu'il nous est difficile d’accepter leur mentalité, on les traite avec beaucoup d’injustice. Leur chapardage de poules et de lapins souléve lacolére des villageois qui les expulsent. Au 18iémesiécle, on les arréte et on les envoie aux galéres, ramer surles bateaux du roi Louis XV. En Roumanieils sont pris comme esclaves, en Allemagne et en Bohéme ils ne peuvent se déplacer sans autorisation. En Espagne regne, acertaines époques, un sentiment anti- gitan trés fort et l’on vajusqu’a mettre amort les gitans quel’on attrape loin des frontiéres qui leur sont assignés. Il en est ainsi tout au long del’histoire. Ils sont continuellement chassés, persécutés et méme assassinés. Cependant en Pologneet en Russie, il semble qu’on les accepte davantage mémes’ils ne sont pas toujours bien traités. Rejetés, opprimés et toujours en exil, tel est leur sort. Parfois lapersécution des gitans devient systématique, comme durant laderniére guerre ou des milliers degitans ont péri dans les chambres 4 gaz des camps de concentration nazis. Mille et un métiers On dit queles gitans sont paresseux. Mais rien n’est plus faux. Regardez-les vivre. lls sont toujours occupés a quelques travaux. II est vrai cependant qu’ils aiment les voyages et leurliberté plus que tout. C’est pourquoi on les voit faire toutes sortes de métiers, mais toujours ceux qui leur permettent de voyager. En France, ils sont étameurs, vanniers, rempailleurs de chaises, acrobates, dompteurs, clowns, etc. En Hongrieot ils sont plus établis, il n'est pas rare de rencontrer des Tziganes, docteurs, avocats, hommes d'affaires et naturellement musiciens. Que serait doncla Hongriesans lamusique Tzigane? Les gitans de Pologne et de Russie sont les meilleurs maréchaux-ferrants au monde. Malgré tous leurs divers métiers, ils ont parfois du mal a trouver du travail, alors on les voit devenir «gens de cirque», maitres d’armes, marchands-ambulants et méme