BULLETIN D'INFORMATION DES FRANCO-COLOMBIENS JUILLET-AOUT 197 NUMEROS SEPT ET HUIT Le gouvernement N.P.D. a peur de nous donner I’école francaise C’est le “Sun” de Vancouver qui a, avant nous, utilisé un titre en ce sens, au lendemain de la décevante rencontre du 21 juin entre le ministre colombien de I’éducation, Mme Eileen Dailly, et une délégation des citoyens francophones de _ cette province, conduite par le président Therrien. Ce jour-la, dans la_ froideur d’une bibliothéque anglaise, la représentan- te du gouvernement socialiste de M. Barrett a opposé a nos délégués la méme fin de non-recevoir que le gouvernement créditiste, sept ans plus tdt. Ce qui faisait dire a Roméo Paquette, membre de la délégation a titre de plus fidéle et dévoué serviteur de la cause francophone dans cette belle province occidentale: “Mme Dailly, comme son_ prédécesseur, refuse, au nom de son gouvernement, le principe d’un deuxiéme réseau scolaire, ailéguant, selon sa concep- tion du probléme, qu’il s’agirait de ségrégation. Pour elle, comme pour son prédécesseur, un régime d’écoles “séparées” aurait pour effet de diviser la population, plut6t que de l’unir.” Le mémoire présenté par la Fédération des Franco-Colombiens dés le mois de mai insistait pourtant sur le caractére “antiségrégationniste” de notre revendication. C’est précisé- ment au nom du droit de chaque citoyen d’étre lui-méme que le document réclamait du gouvernement colombien, non point tellement (dans limmédiat, en tout cas) des écoles qui ouvriraient aussit6t, mais une décision de principe sur le bien-fondé de l’affirmation selon laquelle: “Il existe une culture nationale canadien- ne-frangaise ayant des racines sur tout le territoire du Canada et cette culture dynamique ne peut continuer a se confiner exclusivement au Québec sans mettre en danger l’unité de ce pays.” Pour les auteurs du mémoire et pour tous ceux qui l’ont endossé, ce concept se traduit simplement: “Si on veut que dans ce pays il y ait autre chose que simplement des Canadiens anglais et des Québécois, il faut que les Canadiens frangais puissent se sentir chez-eux partout. Et pour se sentir chez-eux et continuer d’étre eux-mémes, il leur faut des “outils socio-culturels”. Parmi ces outils, l'éducation, a n’en point douter, est le plus important, si l'on pense en termes de communauté véritable, de communauté enracinée, de communauté d’avenir. C’est trés joli de penser & créer des centres culturels, &@ organiser des tournées théatrales, a faire du cinéma, de la télévision, a favoriser l’implantation de bibliothéques et autres établisse- ments voués a la diffusion de la cul- ture frangaise. C’est trés joli et c’est assurément utile aux Francophones adultes qui habitent cette province ou arrivera-t-elle, viendront y habiter. Mais a quoi servirait-il de disposer de tels “cadres” si la “clientéle’ des futurs centres culturels ne parlait pas frangais, faute de l’avoir parlé a l’école. On dira, certes, comme Mme Dailly Va dit ala délégation de la F.F.C.: “La responsabilité de transmettre aux enfants la connaissance de la langue et de la culture frangaises appartient aux parents, au premier chef.” Le ministre de l'éducation s’est montré bien mal informée, ou naive, en ayant lair de croire que cela suffit, en ignorant que l’environnement puis- samment anglophone de _ cette province fait aux parents les plus dévoués, les plus responsables, une concurrence infernale, une concur- rence disproportionnée. Et quand les parents ne sont pas tous les deux Francophones? Comment la mére canadienne-frangaise, dont chacun reconnait pourtant la _ disposition particuliére a faire des miracles, dans ce_ contexte britannico-colombien, a transmettre seule a ses enfants leur héritage culturel si, comme c’est souvent le cas, le pére de famille, lui, ne parle qu’anglais a ses petits? Chacun se dira, comme se le sont dit les délégués de la Fédération a Victoria: “Comment se fait-il que Mme Dailly, une personne visiblement intelligente et dont l’option politique tend a prouver qu’elle a un sens aigu