he Moustique ! .., Pacifique consentante. C’est d’ailleurs elle-méme qui lui propose un « jeu » qui consiste a le laisser la pénétrer. Est-ce la tout ce qu’il faut percevoir ? On serait porté a croire que oui, si on se fie aux résumés qu’on en a faits, aux deux films qui en ont été inspirés, et a la fagon dont les expressions « Lolita » ou « nymphette » sont désormais utilisées par la majorité des gens. Pourtant, n’est-il pas également écrit que Lolita, l’orpheline, pleure a tous les soirs avant de s’endormir ? Humpert Humpert, qui est désormais son tuteur, ne la menace-t-il pas constamment de |’en- voyer dans un centre de redressement si elle dit quoi que ce soit concernant leur relation ? Lorsqu’il lui demande de le masturber pendant qu’il regarde les jeunes étudiantes a la sortie des classes, lorsqu’il la pénétre pendant qu’elle est faible et malade, peut-on sincérement s'imaginer que Lolita est une jeune fille sexuellement épanouie ? Lorsqu’elle rit, aprés lui avoir déclaré que leur toute premiére relation sexuelle l’a fait souffrir, ne s’agit-il pas d’un rire plus hystérique que spontané ? Mais surtout, le pédophile ne fait-il pas lui-méme son mea culpa a la fin du roman, avouant qu’il aurait da la laisser évoluer avec les enfants de son age ? Et pour ceux qui lomettraient, le narrataire possédait déja un godt trés particu- lier pour les jeunes dames. II recherchait des seins naissants dis- simulés sous des vétements malpropres. Il errait dans les jardins de jeux. Il méprisait les femmes adultes, dont la chair n’était, se- lon lui, plus assez fraiche. Cela méme qui I’a entrainé vers le lieu ou logeait Dolorés, c’était la recherche d’une autre nymphette, dont la maison avait pris feu. Et si ces éléments ne sont pas en- core assez convaincants, soulignons aussi que tout au long de son idylle, il ne cesse de répéter que sa compagne sera bientét trop vieille pour qu’il continue de ressentir une attirance envers elle. A ce point, il semble évident que Nabokov ait davantage voulu dé- tracter que promouvoir la perversion. Notons, d’ailleurs, que « dolorés », en espagnol, signifie « douleur ». Le lecteur avisé se demandera, certes, pour quel motif I’écrivain n’a-t-it simplement pas fait de Dolorés une jeune fille vierge et 16