ZOOM par Pierre Turgeon Un des meilleurs joueurs de scrabbble au monde est montréalais. Joél Wapnick enseigne la musique a McGill. Sa passion remonte 4a 1972 quand, a partir des jetons NIRTIOT disposés sur son chevalet, ila réussi a former sans le moindre effort le mot introit. "De simple divertissement, le scrabble devint pour moi une préoccupation de tous les instants. Et en 1983, quand j'ai gagné le championnat d'Amérique du Nord, j'en faisait des. cauchemards la nuit!" Wapnick a appris par coeur une liste de 16 000 mots de sept et de huit lettres (Le Petit Robert compte environ 50 000 mots au grand total)! "JT 'y travaille depuis 1978, a raison d'une demi-heure par jour. J'ai commencé par établir une liste des mots les plus susceptibles d'apparaitre durant une partie - et les plus payants. Maintenant, d'un premier coup d'oeil a mon chevalet, je peux savoir si J' ai un "bingo" (les sept jetons placés en un seul tour, donnant un bonus de 50 points)." Pour cet exploit mnémotechnique, M. Wapnick a mis au point une méthode’ fort complexe: il a réparti son dictionnaire mental en 200 groupes bien subdivisés. "Quand je cherche un mot que zai récemment révisé, j'y arrive instantanément. Autrement, il me faut quelques secondes de plus qu'un ordinateur." Le prodige du scrabble Inventé en 1933, en pleine crise économique, 1l'Américain Alferd Butts, scrabble (qui s' appellait alors le criss-cross) n'est apparu sous sa forme définitive qu'en 1948. Pratiqué par des millions de personnes dans le monde, il donne lieu a des tournois qui, en Amérique du Nord, peuvent rapporter jusqu'a 10 000 dollars. "Clest un jeu de pure concentration, qui ne laisse pas de place 4a l'animosité personnelle. J'ai noué de grandes amitiés avec mes adversaires, que je retrouve chaque année a New York ou Las Vegas. Nous respectons' une certaine étiquette, de fac¢gon a ne pas nuire a un effort mental considérable, qui nous' laisse épuisés a la fin de la journée. Le grand art consiste &@ ne pas se vider intellectuellement des le début. Un tournoi n'est pas un sprint, mais une course de fond."