PUBLIE PAR Téléphone: 879-6924 LES HEBDOS REGIONAUX DE COLOMBIE j LE MINI-QUOTIDIEN DE LANGUE FRANCAISE DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE Directeur: André Piolat Rédacteur: Jean-Claude Arluison Secrétaire: Lyne Paradis Mise-en-page: Richard Lussier KEKE LE SOLEIL DE COLOMBIE LTEE, 3213, rue Cambie, Vancouver, C.B., V5Z 2W3 Courrier de deuxiéme classe sous le numéro d’enregistrement 0046 iF Association de la Presse francophone Hors-Québec Pensez aux petits Réveurs Le Canada est une nation qui défie toute logique. Habituellement, les na- tions existent en raison de -Caractéristiques communes, géographiques et raciales, par exemple. Ausein des nations, des états existent pour les mémes raisons — sauf au Ca- nada ot des délimitations _ politiques fixées parle hasard se sont imposées, apparem- ~ ment contre toute logique. En Ontario par exemple, vaste province habitée par plus du tiers de la population du Canada, avec d’immenses agglomérations et de petits villages isolés, le sud dépend de l'industrie et le nord des ressources naturelles. Le Qué bec présente a peu pres le méme tableau. Par contraste, la Nouvel- le-Ecosse a une population globale inférieure 4 celle de Toronto. Le Nouveau- Brunswick et I’Ile du Prince- Edouard lui. ressemblent par la nature de leurs problémes. Le Manitoba, la Saskatche- wan et l’Alberta ont, eux aus- si, beaucoup de traits com- muns. Cette répartition inégale du pouvoir, de la richesse et de la population a conduit certains a étudier la question des délimitations provin- ciales dans son ensemble. Une solution consisterait 4 réunir les provinces les plus faibles pour former des régions élar- gies. Le Canada comprendrait ainsi cing provinces seule- ment, a savoir la région de TPAtlantique, les Prairies, le ‘Québec, l’Ontario et la Co- lombie-Britannique. Pourrait-on résoudre ainsi les problémes’ politiques du Canada? Il est impossible de le dire tant que n’aura pas été établi le bilan complet des avantages et des inconvé- nients d’une telle entreprise. L’idée est encore trop neuve. Toujours. est-il que certains aspects négatifs apparaissent immédiatement. Les Terreneuviens, sans doute pour de bonnes raisons, ne se sentent pas solidaires des provinces maritimes. L’Alberta, pour sa part, jouit pour l’instant d’une sé- curité financiére fondée sur ses réserves pétroliéres et sem- ble disposée a faire cavalier seul. Le systéme du gouverne- ment régional (selon lequel ‘des villes mitoyennes sont re- groupées pour former une municipalité élargie), n’a pas donné de bons résultats en Ontario, car les populations fusionnées se plaignent d’avoir perdu leur indépen- dance et leur identité. Et c’est justement ce genre de réactions qui pourrait ren- dre impossible lunification de plusieurs provinces. : Pourtant, les nouvelles provinces ainsi. formées n’en deviendraient que plus fortes. Elles ne seraient plus des “‘pa- rents pauvres’’ et pourraient opposer une résistance plus vigoureuse aux pressions po- litiques exercées par le Qué- bec et l’Ontario. Mais le principal avantage de cette redistribution serait peut-étre qu’en combinant leurs ressources, les petites provinces pourraient faire des économies, réduire leur fardeau fiscal et rendre les industries locales plus com- pétitives. Ce n’est peut-étre 14 qu’un vain réve. Mais n’est-ce pas par un réve que toutes les grandes réalisations —comme les échecs — ont commencé? Compte tenu de la dété- rioration de notre situation politique, pouvons-nous nous permettre de négliger le moindre réve dans notre quéte de solutions? “Pensez aux petits” est un message adressé sous forme d'éditorial par ia Fédération canadienne de EDITORIAL Ce sont toujours les mémes... Les francophones qui luttent, a l’'extérieur du Québec, pour la défense des'droits des minorités francophones, ceux qui s’engagent a fond, au sein de divers organismes et associations, ont souvent l’impression de ne pas étre appuyés par les populations dont l'avenir leur tient tant 4 coeur. Ils ont parfois le sentiment d’étre des officiers qui, montant a l’assaut, se retournent pour encourager leurs hommes, et s’apercoivent alors, avec stupéfaction, qu’ils n’ont pas été suivis. C’est le fameux: “Ce sont toujours les mémes qui font tout”. Cette question a été amenée lors du Forum National des Francophones Hors-Quéhbec, qui s’est tenu 4 Ottawa au début du mois, au cours de l’atelier de développement communautaire. M. Roland Marcoux, conseiller en organisation et développement communautaire au Manitoba, a répondu que c’était la une situation normale. Il n’y a normalement que 2% d’une communauté qui exercent la direction, le “leadership”, 8% suivent leur exemple et participent d’une maniére appréciable a la vie de la communauté, tandis que 90% sont inactifs, mais ne représentent pas moins un marché potentiel. En Colombie-Britannique oi vivent plus de 100,000 francophones, cela représente donc 2 000 personnes “‘a la direction”, c’est-a-dire membres de comités ou sinon, trés actifs dansla francophonie; 8 000 autres personnes qui participent fidélement a la vie des communautés, et 90 000 personnes qui ne semblent pas se soucier le moins du monde de Yavenir des Franco-Colombiens. L’insuffisance de la participation est un probléme pour bien des organismes et des associations francophones: “...la participation des _ francophones est loin d’étre ce qu’elle devrait étre. [...]” peut-on lire dans le rapport annuel rédigé par Mme Jeanne Baillaut, directrice du Centre Culturel Colombien. Quelles mesures devrait-on prendre pour favoriser une plus grande participation. Que devrait-on offrir aux Franco-Colombiens? Mais, au fait, que veulent-ils? Il est essentiel qu’ils prennent la parole et déclarent ce dont ils ont besoin. Quant aux chefs de files — certains sont membres de comités depuis des années, parfois de plusieurs comités — ils pourraient fort bien un jour se décourager d’attendre la reléve. ser iis Jean-Claude ARLUISON l'entreprise inaépendante Injustice du systéme électoral Monsieur, Il faut souligner que la victoire du P.Q., bien que légale et constitutionnelle (et pacifique), n’est pas dé- ‘mocratique, ne serait-ce que parce que le P.Q. n’a pas une majorité absolue des voix québécoises. Enfin, M. Bennett pére a gouverné notre province pendant une vingtaine d’an- nées sans pour autant avoir jamais obtenu plus de 40% des voix populaires. Sous le systéme électoral britanni- que, majorité parlementaire ne signifie pas nécessaire- ment majorité populaire. Regardez les libéraux bri- tanniques eux-mémes: le tiers des voix populaires, représenté dans la Chambre des Communes par une dou- zaine de députés! Léon Hurvitz Vancouver Impasse Monsieur, Je le répéte encore, aprés Vavoir déja écrit dans ce journal; tant que nous n’au- rons pas d’industries dans les provinces anglophones, dans lesquelles nous pour- rons employer des Cana- diens-francais ou méme des immigrants francophones, c’est une utopie de parler de Végalité des deux langues officielles, parce que ceux qui viennent au Canada apprennent la langue dans laquelle ils peuvent travail- ler. : Antonin Bouffard, Richmond. * (Suite de la semaine derniére) Le dossier comparatif Depuis plusieurs mois, no- tre équipe de recherche travaille a ]’élaboration d’un dossier comparatif sur la situation des francophones hors Québec et des anglo- phones du Québec. Aujour- d’hui, je suis heureux d’an- noncer que ce dossier sera publié d'ici la fin du mois et démontrera clairement le fossé qui existe entre les services que posséde la com- munauté anglophone du Québec et ceux de nos communautés. II sera possi- ble de constater que la situation de la minorité offi- ‘ cielle est extrémement plus favorable au Québec qu’en la majorité des coins de pays ou nous vivons dans un état de scandale depuis des géné- rations. : Le débat “Québec-Ottawa” et nous my Dans ce contexte ot nous venons de parler de la comparaison de notre situa- tion a celle des anglo-québé- cois, je crois qu'il est temps de mettre certaines choses au.clair. On s’est étonné, sinon offusqué, de ne pas nous voir condamner les faits et ges- tes, l'intention politique ulti- me du gouvernement nou- vellement élu de M. Léves- que. L’étonnement a été le 1@ fmelorsque nous avons rencontré ce chef de gouver- nement. Pourtant, nous ne croyons pas avoir commis quelque impair que ce soit. Le gouvernement du Qué- bec n’est pas le nétre. Nous avons hos propres gouverne- _Forum national a Ottawa_ ments provinciaux et nous devons traiter avec le gou- vernement fédéral. Ca nous le savons. Mais un lien, qui ‘tient de la communauté lin- guistique et culturelle, ne peut que nous unir, québé-. cois et nous, les francopho- nes hors Québec. C’est pour- quoi il est normal que nous entretenions des relations de bonne entente, de colla- boration méme avec ce gou- vernement, comme d’ail- leurs les francophones hors Québec ont toujours tenté de le faire depuis des an- nées. Ce qui a choqué dans le respect que nous éprouvions pour la décision du peuple québécois et pour les actes de son gouvernement légiti- me, c’est que nous nous refusons a étre les pions d’un petit chantage qui pourrait _ facilement devenir odieux. Nous ne sommes pas naifs - nous savons que le chantage vient de toutes parts. Tout ce que nous disons c’est que les québécois doivent déci- der de leur avenir. Il leur appartient. Nous, les franco- phones hors Québec, nous avons aussi a tailler notre avenir. Nous ne jouissons pas de l’égalité de fait. Nous n’avons pas le nombre qui, habituellement, résoud bien des conflits politiques. _Chez nous, nous deman- dons tout simplement que notre fait, notre développe- ment et notre progres soient soutenus. Nos gouverne- ments en sont directement responsables. Nous avons réussi, gréice a cette position, a nous tailler une place dans ce débat canadien qui voulait opposer Ottawa a Québec. Nous nous sommes faits respecter pour ce que nous sommes - c’est- a-dire une entité valable, dont toutes les parties en cause devront tenir compte. Désormais, il n’est plus pos- sible de continuer ce débat qui s’est engagé sur l'avenir sans tenir compte de la présence de nos communau- tés. Cela signifie que nous devons développer nos op- tions, notre position. I] faut cesser d’étre 4 la remorque des discours des autres. Aujourd’hui et demain, nous aurons l’occasion de commencer a définir les paramétres de notre posi- tion. Permettez-nous d’avancer quelques idées... Ces idées, vous les avez retrouvées dans le texte intitulé “Vers l'égalité du partnership”, un document de travail que nous vous avons fait parve- nir il y a quelque temps. 1. Sur le plan national A. Nous, de la Fédéra- tion des Francophones. Hors Québec, exigeons donc le respect de nos droits d’asso- ciation légitime et nous nous offrons comme “partenaire” de discussions avec l'état afin d’établir pour nos conci- toyens de meilleures condi- tions de vie, 4 la grandeur de notre territoire. B. Nous visons, au plan national, a ce que l'état canadien accepte de modifier son attitude d’action lente et {Suite p.g) 2 eee ee ee A ae ER Oe ee ade)” 255 dw atic iN RRESS OE PRA ~